Victimes de chantage, parfois d’arnaque sauvage, certains entrepreneurs maliens du BTP ne sont pas loin du gouffre. Et le doigt accusateur est pointé sur les cadres de l’Administration malienne.
Nombre d’entreprises maliennes du BTP vivent sous une éternelle pression exacerbée et constante de certains cadres du Ministère de l’habitat et de l’urbanisme. Une pression qui frise l’arnaque et le chantage.
En effet, dans l’espoir de se faire une place au soleil, des entreprises de BTP se sont créeés et pullulent comme des « criquets » au Mali. Et cela, à la faveur du vaste programme d’urbanisation et de construction sous l’ère démocratique.
Les réalités du secteur ont certes fait des heureux, mais aussi et surtout des victimes.
En effet, pour accéder à un marché public de BTP, selon notre source, l’entrepreneur est soumis aux épreuves d’un véritable parcours du combattant. Dans l’élaboration des cahiers des charges, les techniciens du département de tutelle ne tiennent pas compte de la jeunesse ni des moyens limités des entreprises nationales. Les critères draconiens ne permettent pas aux plus fragiles d’accéder à une parcelle des marchés. Ceux-ci sont généralement obligés de s’endetter lourdement auprès des banques pour remplir les conditions. Après ces acrobaties, le pauvre est obligé de mouiller la barbe de certains membres des commissions d’appels d’offres pour très souvent se voir, en suite, rejeter par la Direction Générale des Marchés Publics. « C’est connu au Mali, pour avoir un marché de BTP, il faut arroser au passage… ».
Une fois adjudicataire, l’entreprise est loin d’être au bout du tunnel. Les délais d’exécution constituent une autre arme de chantage. Sur les chantiers, des cadres du département (maître d’ouvrage) font la ronde. De savants montages sont faits pour toujours tenir l’entrepreneur sans pression. La règle est connue : « Ou tu mouilles la barbe, ou on invente un mur tordu, ou une brique mal posée ». Histoire d’échapper aux contrôleurs envahissants, l’entrepreneur est obligé encore de débourser de l’argent qu’il prélève, ou sur sa marge bénéficiaire, ou sur les fonds destinés aux matériaux. Dans l’un ou l’autre cas, c’est la qualité des travaux qui prend un coup.
Aussi, en dehors de tout ce phénomène, il y a des cadres du Département qui sont très souvent actionnaires dans certaines entreprises.
Si des mesures urgentes ne sont pas prises, les entreprises maliennes ne seront jamais performantes dans les BTP et des bricoles s’érigeront toujours sur les chantiers.
Malick Camara
Par Le 26 Mars