Annoncé le mercredi 17 février 2022 à Bruxelles par le président français, Emmanuel MACRON, le dernier détachement de la force Barkhane présente sur notre sol, précisément à Gao, a franchi la frontière vers le Niger, hier lundi 15 août 2022, après une grande manifestation de la société civile de la Cité des Askia qui avait donné un ultimatum de 72 heures pour le voir quitter le territoire national. Suite à la décision unilatérale de la France de se désengager de notre pays, le gouvernement de transition avait invité la France le 18 février à retirer ses soldats sans délai de notre pays. En réponse, Paris avait donné 4 à 6 mois pour se retirer en bon ordre et en toute sécurité. En se retirant donc ce 15 août 2022, la France honore ce délai qu’elle s’était imposée pour quitter notre pays.
Depuis cette invitation du gouvernement de transition en date du 18 février 2022 à la France de retirer ses troupes de notre territoire, cinq bases françaises ont été déjà évacuées par les français et récupérées par les forces armées maliennes (FAMa). Il s’agit des bases de Kidal (12 octobre 2021), Tessalit (13 novembre 2021, mais les français ont quitté le 15 novembre), Tombouctou (14 décembre 2021), qui ont été évacuées avant que Barkhane ne soit chassé par le gouvernement. Mais la base de Gossi a été évacuée le 19 avril 2022 et celle de Ménaka, le 13 juin 2022. L’histoire retiendra que le dernier soldat français a quitté ce lundi 15 août 2022 la base de Gao pour aller de l’autre côté de la frontière, au Niger voisin.
Dans un communiqué, publié hier lundi 15 août 2022, l’état-major des armées françaises a informé que ‘’le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger. Il provenait de la plateforme opérationnelle désert de Gao, transférée aux Forces armées maliennes depuis ce matin’’.
Le communiqué précise que conformément à la décision du président de la République française du 17 février 2022, la force Barkhane s’est réarticulée hors du Mali, en moins de six mois, et après 9 années de présence. ‘’Ce défi militaire logistique majeur a été relevé, en bon ordre et en sécurité, ainsi qu’en totale transparence et en coordination avec l’ensemble des partenaires’’, précise le communiqué.
L’état-major des armées françaises soutient que la profonde transformation de l’opération BARKHANE ne se réduit pas à la fin de sa présence sur le territoire malien. Il précise que dans une logique de co-construction, les armées françaises continuent le combat contre le terrorisme au Sahel, en coordination avec leurs partenaires africains et internationaux.
Depuis ce matin, 15 août 2022, ce redéploiement est effectif avec le départ du Mali du dernier soldat français de l’opération Barkhane. La France reste engagée au Sahel, dans le Golfe de Guinée et la région du lac Tchad avec tous les partenaires attachés à la stabilité et à la lutte contre le terrorisme.
Du côté de l’Élysée, le Président français Emanuel Macron a salué ce qu’il qualifie ‘’de réussite de cette manœuvre opérationnelle et logistique de retrait du Mali que nos armées ont conduite selon le calendrier annoncé, sans cesser leur combat contre les groupes terroristes et en augmentant de façon très importante leur contribution à la sécurisation de l’Est de l’Europe’’. Selon la présidence française, cette réarticulation a été effectuée en toute transparence avec les forces armées maliennes et avec les partenaires engagés à leurs côtés.
En effet, le retrait du dernier détachement de la force Barkhane présent sur notre sol intervient au lendemain d’une grande manifestation à Gao exigeant leur départ définitif. Dans la déclaration lue lors de cette marche, les forces vives de la cité des Askias avaient donné, à compter du dimanche 14 août 2022, un ultimatum de 72H pour le départ définitif de Barkhane.
Passer ce délai passé, les forces vives de Gao envisageaient d’interdire la circulation de toutes Forces étrangères dans la ville de Gao et sur les axes routiers : Gao-Ansongo, Gao-Bourem, Gao-Wabaria, sans préjudice de toutes autres actions nécessaires, jusqu’à l’atteinte de notre objectif.
Aussi, les autorités maliennes ont été exaltées par la population de Gao à accentuer les efforts de redéploiement de nos Forces armées et de sécurité sur l’ensemble du territoire national.
Vingt-quatre heures après avoir tapé du poing sur la table, la population de Gao vient d’avoir gain de cause. La force barkhane qui traînait les pieds depuis le mois de février vient de quitter le sol malien. La population de Gao soupçonne la force Barkhane d’être le véritable parrain des Terroristes au Mali.
Ainsi, après neuf ans de présence, avec un bilan jugé non satisfait par le gouvernement, les forces militaires françaises viennent de plier bagages. L’on se rappelle qu’après l’indépendance du Mali, le dernier soldat français avait quitté le sol malien le 5 septembre 1961, sous le régime du Président Modibo KEITA. Donc l’histoire se répète ce 15 août 2022 sous le règne du Colonel Assimi GOITA.
C’est donc, ce 5 septembre 1961, et non le 20 janvier 1961, que le dernier contingent des militaires français a quitté le sol malien. À cette occasion, une cérémonie militaire solennelle a été organisée au cours de laquelle le drapeau malien a été hissé à la place du drapeau français, à la Base 162 de Bamako, actuelle Place d’armes du Génie. C’est pour cette raison du reste que l’avenue reliant le Monument de la paix et celui de l’Indépendance sera baptisée, « Avenue du 5 septembre 1961 ».
PAR MODIBO KONE
Source : Info-Matin