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Bandiougou Danté, Président de la Maison de la Presse : “Cette interpellation n’est pas une sanction”

“La HAC est dans son rôle en adressant une mise en demeure à un organe de Presse. La mise en demeure donne la possibilité à l’organe de s’expliquer. Seule l’organisation de régulation peut interpeller un organe. Cette interpellation n’est pas une sanction. Elle doit permettre de convaincre. D’ailleurs, des mises en demeure sont régulièrement adressées aux organes audiovisuels. L’organe concerné a géré un cas similaire dans un passé très récent sans l’implication des réseaux sociaux. Malheureusement, aujourd’hui, tout le monde s’implique dans tout au point que le Mali est devenu le pays des spécialistes de tout. Enfin, il faut inviter la HAC à privilégier le dialogue permanent avec les médias, en initiant des sessions de renforcement de capacités.

Nous sommes à un moment particulièrement délicat, une période exceptionnelle avec de nombreux défis. Ces périodes parfois peuvent conduire à la prise de mesures qui menacent les libertés. Cependant, il faut reconnaître que les médias ont une liberté acceptable mais qui doit être renforcée et protégée tout en tenant en compte des intérêts supérieurs d’un pays menacé dans ses fondements. Le message pour la HAC , est un message de partenariat, de collaboration et l’inviter à plus de sagesse et de bon sens. Quant aux journalistes, ils doivent être professionnels en évitant la manipulation. Ils doivent être indépendants, impartiaux”.

Mise en demeure contre Djoliba TV et son journaliste Mohamed Attaher Halidou : Des professionnels du secteur se prononcent sur la ‘’hache’’ de la HAC

Suite à un Editorial datant du 30 septembre, produit par le journaliste Mohamed Attaher Halidou sur la chaîne ‘’Joliba TV News’’, la Haute Autorité de la Communication a adressé le 12 octobre une mise en demeure à Djoliba TV pour diffamation à l’endroit des autorités de la transition et de l’instance de régulation. Sur ce qu’on peut appeler cette ‘’ hache’’ de la HAC, des professionnels du secteur des medias (Thiegoum.B.Maïga, Bandiougou Danté et Ramata Diaouré) ont bien voulu nous partager leurs opinions.

Tiégoum Maïga, journaliste, un doyen de la presse malienne :

“ Si jamais, sur la base de l’article 2, la HAC parvenait à fermer Joliba FM, ce serait très grave pour la liberté de la presse et pour la liberté d’expression”

“ J’ai pris connaissance de la lettre de mise en demeure que la HAC a adressée à Joliba FM sur les réseaux sociaux, comme beaucoup d’utilisateurs de ces supports je suppose. La HAC, de manière précise, se plaint de propos diffamatoires à son égard, “d’expressions à forte connotation péjorative en parlant des actions des autorités de la Transition”, et de stigmatiser de manière virulente, le règne de la pensée unique”. Je dois dire que ces griefs ou récriminations de la HAC concernent un éditorial de Joliba TV en date du 30 septembre dernier. J’ai réécouté immédiatement l’éditorial incriminé, puis une deuxième fois, puis une troisième fois. Je n’ai pas entendu l’once d’un manquement à la déontologie et à l’éthique de notre profession. Les termes de mon confrère sont incisifs et percutants, mais c’est ce qui fait la force d’un éditorial qui n’est pas une littérature à l’eau de rose. Dans sa lettre de mise en demeure, la HAC vise l’article 2 de la LOI N°2012-019/ DU 12 MARS 2012 RELATIVE AUX SERVICES PRIVES DE COMMUNICATION AUDIOVISUELLE. Cet article dit que “l’exercice de la liberté de communication audiovisuelle est limité par : le respect de la dignité de la personne humaine, de la liberté et de la propriété d’autrui et de l’expression plurielle des courants de pensée et d’opinion ; la sauvegarde de l’ordre public, de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale. C’est sur la base de cet article que Joliba FM est convoquée devant la commission éthique et déontologie.

En attendant de voir le dénouement, je pense sincèrement qu’il y a clairement une tentative d’intimidation. Le tollé que cela a soulevé démontre suffisamment que la profession ne se laissera pas faire. Parce que si jamais, sur la base de l’article 2, la HAC parvenait à fermer Joliba FM, ce serait très grave pour la liberté de la presse et pour la liberté d’expression. J’espère que la raison prévaudra et que la convocation du lundi ne dépassera pas le simple cadre la procédure propre à la HAC pour connaître de certaines situations “.

Ramata Diaouré membre du CNT, représentante du RSF au Mali :

“Je n’ai pas trouvé qu’il y avait une faute professionnelle de la part de Mohamed Attaher Halidou”.

“ J’ai été un peu surprise et ai donc tenu à écouter attentivement l’édito du journaliste de Joliba TV. Sans préjuger de ce qui va sortir de la rencontre avec le promoteur de la télé, je n’ai pas trouvé qu’il y avait une faute professionnelle de la part de Mohamed Attaher Halidou. Je reste donc à l’écoute pour la suite. La liberté d’expression et la liberté de presse ne sont jamais totalement acquises, c’est un combat de tous les jours. Mais il est sûr que dans les périodes délicates il faut être vigilant sur leur respect, tout en respectant l’éthique et la déontologie de notre profession. J’invite les journalistes d’être vraiment professionnels et pour l’organe de régulation de mener sa mission en toute indépendance en tant qu’autorité indépendante, même rattachée à la Primature. Nous ne sommes pas des ennemis mais des partenaires “

Propos recueillis par Fatoumata Coulibaly

Source : Le Sursaut

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