Dans le cadre de la rentrée scolaire 2018-2019, le ministre de l’enseignement scolaire a sillonné certains établissements scolaires de la rive gauche comme la rive droite de la capitale malienne pour constater l’effectivité de la rentrée des classes. Va-t-il passer sous silence un problème qui hante les directeurs d’école et les enseignants ? En effet, les classes, dans la plupart des établissements scolaires, sont débordées. Dans certaines classes, les élèves sont ainsi entassés comme des sardines dans une boite au grand désarroi des directeurs d’école et des enseignants qui peinent à gérer cette situation plus que débordante.
L’heure est très grave dans les établissements scolaires. Certains enseignants ne cachent pas déjà leur inquiétude qui se justifie en bien des égards. L’on est en droit de se demander ce que les autorités ont fait pour l’école malienne pendant ces cinq ans de pouvoir d’IBK, un pouvoir qui a été jalonné de faits graves de corruptions de concussions et de délinquance financière. En pensant à l’histoire de l’engrais frelaté, des tracteurs, de l’achat d’équipements militaires et voir l’école malienne dans ce piteux état, l’on est droit de s’interroger sur l’avenir du pays. Chacun ne cesse de s’interroger sur l’avenir de nos écoles. Tous le monde regarde impuissamment ce mal plus profond pour une société qui aspire à l’épanouissement, à un avenir radieux. Les statistiques et l’évolution démographique sont-elles prises en compte dans la gestion scolaire ?
Surement pas. Quel avenir pour ces milliers d’enfants de pauvres ! Personne ne peut rester insensible aux conditions de travail de ces enseignants et au sort de ces milliers d’enfants en se rendant dans ces établissements scolaires. « Nul ne peut être dans ces conditions et faire un travail à souhait. A mon entendement, les autorités ont abandonné l’école il y a très longtemps et aux parents de s’occuper de leurs enfants. Alors, dans ces conditions seuls les nantis peuvent désormais assurer un enseignement digne de ce nom à leurs enfants », explique un enseignant rencontré sur la rive gauche de Bamako.
« Les parents eux-mêmes ont emboité le pas des gouvernants. Dans ces conditions nous nous demandons si on doit s’en prendre à nous les enseignants », s’interroge-t-il. Quid des écoliers du Centre et du Nord du pays ? I.T, un enseignant de Ménaka et qui n’est pas loin de la retraite, affirme que les écoliers de ces régions sont laissés à eux-mêmes. « Je suis à Bamako depuis 2 ans. Nous avons tout abandonné. A la rentrée, après le départ des autorités pour l’ouverture, les hostilités commencent. » Il a pris l’exemple sur la visite du premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga au centre du pays l’année dernière. Selon notre interlocuteur c’est après la visite effectuée du PM à Mopti au centre que les terroristes ont demandé aux enseignants de fermer les écoles.
Car pour lui, il s’agissait de folklore, la sécurité n’etant plus une réalité dans ces endroits abandonnés à eux-mêmes. Alors tout ceux qui ont un petit moyen sont venus vers Bamako et dans certaines capitales régionales pour assurer le minimum d’éducation pour leurs enfants d’où cette pléthore insoutenable pour les enseignants dans les établissements scolaires. Pour lui, on est en droit de se demander si les autorités scolaires qui sont bien conscientes de la situation font le compte rendu fidèle à ceux-là qui doivent trouver des solutions. La seule alternative pour sauver l’école malienne, de son avis, est d’appliquer un plan d’urgence dans les capitales régionales et le District Bamako car la situation au nord et au centre est loin de prendre fin.
Fakara Faïnké
Source: Le Républicain