Le Mali dispose désormais d’un nouveau code minier mais l’exploitation des mines du nord du pays échappent toujours au contrôle de l’Etat.
Le nouveau code minier du Mali a été promulgué en début de semaine par le président de la transition le colonel Assimi Goïta.Il devrait permettre à l’Etat malien de percevoir une part plus importante des bénéfices miniers, mais cette amélioration sur le papier se heurte au fait que les mines du nord du pays échappent au contrôle de l’Etat et sont exploitées par les groupes djihadistes.
Des avantages
L’Etat malien va désormais prendre une participation de 10% dans les projets miniers et pourra même acquérir 20% supplémentaire au cours des premières années de production commerciale.
Une participation supplémentaire de 5% pourrait même être cédée aux communautés riveraines des mines, portant les intérêts maliens dans les nouveaux projets à 35%, contre 20% précédemment.
Mais la liste des avantages ne s’arrête pas là, selon Sory Ibrahim Traoré, président du Front pour l’émergence et le renouveau du Mali.
“Ce qu’il faut noter également c’est la création d’un fonds spécial qui sera alimenté par des montants versés à travers un certain pourcentage du chiffre d’affaires. Ces fonds seront consacrés au développement local, à la mise en œuvre de certains grands travaux de développement dans la planification et la gestion desquels, il est prévu que les responsables des collectivités soient associés” explique-t-il.
L’Etat malien ne contrôle pas toutes les mines
Bamako a du mal à maîtriser la production dans les régions du nord comme Gao et Kidal, où ce sont les groupes djihadistes qui ont la main sur l’extraction minière.
L’expert minier Djibril Diallo explique que le problème est même plus large et touche tous les niveaux de la production.
Selon l’expert : “ l’Etat ne contrôle pas la production des ressources minérales du Mali. Parce qu’il y a une raffinerie de l’Etat qui permet de connaître exactement la quantité d’or qui est produite et qui est raffinée sur place, ici au Mali. Malheureusement, cette quantité sort à l’état brut pour aller en Afrique du Sud ou en Suisse pour être raffiné. C’est après toutes ces étapes que les sociétés donnent les chiffres à l’Etat. En ce qui concerne les petites mines, elles ne sont pas très développées au Mali, là aussi la production n’est pas contrôlée par l’Etat. Pour ce qui est de l’exploitation artisanale, qu’on appelle orpaillage, à ce niveau également, l’organisation, l’encadrement ou encore la vente échappent totalement au contrôle de l’Etat.”
Pour Abdoulaye Mamadou Diakité, troisième vice-président du conseil local de la jeunesse de Kenieba, la priorité est que les compagnies minières étrangères créent des emplois pour les Maliens.
“S’ils donnent la priorité aux nationaux et aux communautés qui travaillent dans ces sociétés minières, s’ils sont bien formés et parviennent à maîtriser le travail sur les sites miniers, cela voudrait dire qu’on peut libérer les expatriés. Il s’agit aussi de prendre en compte toutes les préoccupations des communautés locales” précise-t-il.
Selon Djibril Diallo, expert minier, la Russie n’exploite officiellement pas de mines au Mali. Ce sont les Canadiens ou encore les Australiens qui exploitent essentiellement les sites miniers au Mali.