Lasse des critiques et des menaces plus ou moins explicites, l’autorité de transition au Mali vient de franchir un nouveau pas, d’autant plus spectaculaire qu’il intervient deux jours à peine avant la tenue d’un important référendum sur la nouvelle Constitution du pays. Bamako a, en effet, demandé, vendredi, le retrait définitif de la mission de l’ONU au Mali, la Minusma, censée contribuer à la lutte contre la menace terroriste.
Retentissante démarche qui vient compléter celles, déjà intervenues en moins de deux ans, avec le retrait, contraint et forcé, de la force française Barkhane et de Takuba, voire celle du G5 Sahel qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Elle parachève un processus de réappropriation de la souveraineté nationale que le Mali a engagé depuis 2020. Voilà des mois que la question de la Minusma, confrontée à des attaques terroristes qui ont coûté la vie à nombre de ses éléments, mais aussi fortement critiquée pour ses méthodes qualifiées d’ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l’État malien, est posée. Ces dernières semaines, les tensions sont montées d’un cran dés lors que l’ONU a multiplié les mises en garde pour des «obstacles dressés par la junte à l’accomplissement de son mandat». Le maintien de cette mission onusienne en l’état devenait par conséquent aléatoire, surtout que Bamako a établi un constat plus que négatif des forces étrangères face aux attaques terroristes dont le Mali subit les conséquences presque au quotidien. Présente depuis 2013, à l’instar des forces françaises successives, la Minusma paie, elle aussi, le prix d’un échec cuisant des engagements étrangers pour une sécurisation du Mali qui reste, en fin de compte, à entreprendre alors que les groupes terroristes, notamment ceux liés à Al Qaïda et Daesh, semblent en constante progression. Tel est en tout cas le sentiment de l’autorité de transition malienne qui s’est tournée militairement et politiquement vers la Russie pour mener un véritable combat contre la menace extrémiste. Forte de plus de 12 000 soldats et dotée d’un budget annuel de 1,26 milliard de dollars, la Minusma a fini par céder devant l’ampleur des griefs formulés à la fois par la population et par l’autorité de transition maliennes. Le verdict était déjà tombé lors de la déclaration du MAE Abdoulaye Diop devant le Conseil de sécurité de l’ONU lorsqu’il a proclamé «l’échec» de cette mission, tout en soulignant qu’elle n’est guère «la solution» mais une «partie du problème».
Source: lexpressiondz