Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

BALLON D’EAU FRAÎCHE 14/15, LES CANDIDATS : CHEIKH DIABATÉ ET JÉRÉMY MOREL

Cheick Diabaté, grand corps malien

Exilé sur le sol, au milieu des huées, ses jambes de géant l’empêchent de jouer. L’histoire de Cheick Diabaté est celle d’un mec taillé pour mettre des coups, et qui aura passé le plus clair de son temps à en prendre.

joueur footballeur attaquant aigles cheick tidiane diabate

Maladroit. Inélégant. Prétentieux. Les qualificatifs, injustes, lui collent à la peau comme la tunique marine et blanc enfilée pour la première fois avec la réserve (mais non, Cheick,on ne veut pas t’y renvoyer) en 2006, à son arrivée en France. Alors âgé de dix-huit ans, Cheick n’avait aucune envie de quitter son pays natal. “Je voulais jouer au foot, mais au Mali. Je me voyais passer ma vie à côté de mes parents parce que je me sentais en sécurité, se souvient-il dans L’Équipe. Des fois, ma mère me disait: ‘Tu crois que tu vas rester toute ta vie à côté de ta mère? Tu es un homme, un jour, il faudra partir.’ Quand elle me disait, ça je pleurais.”

Au décès de celle-ci, Cheick, encore adolescent, se laisse convaincre de tenter l’aventure européenne. Les Girondins l’essaient et adoptent immédiatement ce grand gamin qui ne parle pas encore français. L’acclimatation sera difficile et Diabaté n’ose pas – durant plus d’un an – lever la tête quand son coach, Patrick Battiston, lui parle. “Chez nous, quand on parle avec un aîné, il faut baisser les yeux, c’est une forme de respect.”Tout près de laisser tomber, Diabaté travaille deux fois plus et s’accroche, au mental.

 

Deux ans avec les équipes de jeunes et la réserve, puis un prêt concluant à Ajaccio en Ligue 2 (quatorze buts), et l’attaquant toque à la porte de l’équipe première. Celle-ci reste fermée: on l’envoie à Nancy, c’est un échec. Alors il se met sur la pointe des pieds et rentre par la fenêtre. Prenant sans broncher les bribes de match qu’on lui offre, il finit par marquer avec les Girondins en 2011, faisant à peine taire les sifflets. Son style et son manque de réalisme lui valent raillerie de la part des journalistes (Julien Cazarre lui dédiera une chanson), des supporters adverses et, plus dur, de son propre public. “Ils sont très gentils avec moi, mais ils sont obligés de montrer lorsqu’ils ne sont pas contents, c’est normal”, confie-t-il. L’envol tardera encore un peu, mais il finira par arriver. Celui dont personne ne semblait vouloir offre la qualification pour l’Europa League à son club en plantant un doublé à Geoffroy-Guichard lors de la dernière journée. La légende est lancée.

 

Auteur notamment d’un doublé en finale de Coupe de France, l’attaquant enchaîne les banderilles comme il aligne les punchlines involontaires: “Je suis Cheick Diabaté, qui aime le football et prend du plaisir”; “Cheick Diabaté reste toujours costaud mentalement. C’est le football, c’est la vie, et voilà !”… Les médias méprennent encore et toujours son phrasé pour de l’arrogance: maîtrisant encore mal le Français, qui n’est pas sa langue maternelle, Cheick s’exprime à la troisième personne. Du Diabaté, ça ne se lit pas, ça s’écoute.

 

Ses interviews d’une candeur extrême ne peuvent laisser personne indifférent, au milieu de joueurs coachés pour débiter les mêmes platitudes sans jamais laisser paraître la moindre émotion. Cheick est une véritable bouffée d’air frais, un “attachant de pointe” timide, touchant, honnête. Quelques jours après la polémique Sagnol sur les joueurs africains, Diabaté marque, et vient immédiatement prendre dans ses bras son entraîneur, ému aux larmes. On aurait pu taxer n’importe quel autre joueur de démagogie. Pas lui.

 

Au delà de ce coeur tendre, “Cheick Diabaté n’est pas un buteur, c’est un guerrier”. Handicapé par les blessures, Diabaté joue sous infiltrations, ou sur une jambe, notamment pour aider son pays à se qualifier pour la CAN (“J’aime trop le Mali pour penser aux douleurs”). Allé jusqu’au bout de lui-même, il finit par se faire opérer en janvier, lorsque son corps n’en peut définitivement plus. L’homme manque presque autant aux supporters girondins que le joueur, qui reste meilleur buteur de l’équipe malgré quatre mois d’absence. Après neuf années (déjà!) en Gironde, l’ombre de l’Albatros a effacé celle de l’Aigle des Açores.

 

Point fort

Sa candidature réunit les amoureux des Ballons de Plomb et d’Eau Fraîche.

 

Point faible

Isolées et hors contexte, ses déclarations ressemblent à du Yohan Mollo.

 

Le slogan de campagne

De l’eau fraîche, Cheick en boit!

 

 

Morel est hardi

Jérémy Morel a tout gagné avec l’OM. C’est-à-dire que tout ce qu’il a gagné, c’est avec l’OM. Au Trophée des champions et à la Coupe de la Ligue pourrait maintenant s’ajouter un Ballon d’Eau Fraîche, qu’il sera allé chercher avec le même panache que le soir du 5 avril, lorsqu’il parvint à se défaire du marquage d’Ibrahimovic (qui lui rend quand même vingt-trois centimètres), s’arracha pour tacler victorieusement le centre dévié de Pastore et trompa un Mandanda cloué sur place, ce qui sans doute est un pléonasme (“cloué sur place”, pas “Mandanda cloué”).

 

Il n’aime surement pas qu’on lui rappelle ce but et il a raison. On le mentionne pourtant car ce csc incarne ce qui a changé cette saison pour Jérémy Morel. L’an dernier, il aurait été moqué, contesté, désavoué, mais cette année c’est le sentiment d’injustice qui a prédominé, car sa saison est pleine, et ce but est entré en contradiction avec elle: efforts généreux, sens du placement, interventions conquérantes ont récompensé semaine après semaine un travail consciencieux et un état d’esprit irréprochable.

 

La nomination de l’ancien latéral est le point d’orgue d’une année placée sous le signe de la revanche. Mais sans animosité, sans arrogance, sans amertume. Face aux éloges ou aux critiques, il reste le même et parle travail, esprit d’équipe, investissement, balade dans la nature. Avec ses trois Terre-Neuve, forcément, devenus des célébrités depuis leur passage dans 30 Millions d’Amis. C’est d’ailleurs une sacrée référence dans un CV d’eau fraîche par ailleurs bien garni. À son crédit, par exemple, mesure et lucidité, notamment envers l’arbitre, après le choc Marseille-Lyon qui avait fait perdre leurs nerfs à certains Olympiens.

 

Régulièrement, Jérémy remercie les supporters, félicite les partenaires, n’oublie pas de soutenir le club de Lorient où il débuta en benjamin et joua neuf ans en pro. Il use mais n’abuse pas des réseaux sociaux, intégrant habilement, pour le fond, quelques nouvelles personnelles et quelques preuves de dérision au milieu de ses commentaires des matches, et distribuant, pour la forme, un nombre parfaitement mesuré de smileys, de points d’exclamation et de suspension. Il faut voter pour lui, maintenant que son jeu est aussi juste que son ton.

 

Point fort

L’eau fraîche, c’est parfait dans le pastis.

 

Point faible

Son entraîneur est encore plus eau fraîche que lui.

 

Le slogan de campagne

C’est bon pour le Morel.

source : cahiersdufootball

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance