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Bakary Togola à Tiébilé Dramé : « je ne démissionne pas….l’affaire d’engrais n’est pas une première au Mali….le marché malien est inondé de produits de mauvaise qualité »

Le Parti pour la renaissance nationale (Parena), fidèle à la tradition qui consiste à débattre des questions de préoccupation nationale, a organisé ce samedi 4 juin 2015, une conférence-débat au Centre international de conférence de Bamako (CICB) autour de l’affaire dite d’engrais frelatés ou de mauvaise qualité. Il y a de cela quelques jours, le parti a rendu public un mémorandum sur la même affaire. Avec comme conférencier, Tiébilé Dramé, président du Parena, la conférence a réuni Bakary Togola, président de l’APCAM, président de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton (UNSCPC) et à ce tire président du GIE chargé de la gestion des engrais dans les zones CMDT, OHVN depuis 2006. La salle était remplie de cultivateurs venus de toutes les localités agricoles du pays et d’hommes politiques.

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L’exposé du conférencier était basé sur le mémorandum du parti que Malijet a eu à relayer. Il a expliqué que c’est le ministre du Développement rural, Bokari Tréta, qui, commentant les résultats des tests en laboratoire, a été le premier à parler à la télévision nationale de cette affaire d’engrais de mauvaise qualité, appelés par d’autres ‘’engrais frelatés’’ (soit 40% des engrais importés) et que l’expression a été reprise par le président de la République et le Premier ministre. Tiébilé Dramé de rappeler que depuis le 14 janvier 2014, le ministre ivoirien de l’Agriculture, Mamadou Sangafori Coulibaly, avait déjà prévenu son homologue malien, Bokari Tréta, sur ces engrais de mauvaise qualité et que 21 mai 2015, le président du GIE (Bakary Togola) s’est vu obligé d’écrire à une vingtaine de fournisseurs bénéficiaires du marché qui s’élève à 60 milliards de Francs CFA,  pour les inviter à prendre les dispositions utiles pour le retrait et le remplacement des quantités d’engrais hors normes.« Ce qui veut dire qu’il y a bel et bien des engrais de mauvaise qualité qui ont été importés au Mali », a expliqué M. Dramé.

Après avoir évoqué la crise qui sévit au niveau de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton (UNSPC) et face au danger que cette affaire d’engrais fait planer sur la tête des 17 millions de Maliens (drame alimentaire et environnemental), le conférencier a tiré la conclusion selon laquelle le président du GIE, Bakary Togola et le ministre du Développement rural, Bokari Tréta, doivent tous rendre le tablier.

Il n’en fallait pas plus pour susciter la colère noire de Bakary Togola dont les partisans tenaient à dicter leur loi.

Face à l’assistance, Bakary Togola a été clair : « Je remercie le Parena pour cette initiative, mais je dis à Tiébilé Dramé que je ne démissionne pas. Ce n’est pas toi (Tiébilé NDLR) qui m’as installé à la tête de l’UNSCPC, ce sont les paysans du Mali qui m’ont élu et c’est eux seuls qui peuvent me faire partir. Le processus a commencé depuis la base. Tu n’es pas paysan. Le jour où ils diront qu’ils n’ont plus besoin que je sois leur président, j’irai cultiver chez moi. Je suis paysan et je resterai paysan. Ceux qui sont derrière cette cabale ont eu à diriger les cotonculteurs du Mali de 1992 à 2005. On les a vus ici, on était là. Tiébilé, les paysans du Mali ont du respect pour votre personne et tu peux être président de la République demain…On se retrouvera ici après la fin de ces mandats… ».

 

Les engrais déjà utilisés par les paysans

Bakary Togola dit n’être rien dans cette affaire. Certes, il dirige le GIE chargé du dépouillement de l’Appel d’offre, mais il n’a pas compétence à savoir que les composantes nutritives des engrais sont déficitaires. Ce travail revient à la Direction nationale de l’Agriculture (DNA). M. Togola dit que c’est lui-même qui a instruit à la DNA de réaliser des tests sur la qualité de ces engrais dès qu’il a eu vent de l’affaire. « Après que les résultats aient confirmé qu’une bonne partie desdits engrais était déficitaire, j’ai demandé à tous les fournisseurs (une vingtaine) de retirer ces engrais déficitaires, au lieu d’engrais frelatés ou toxiques comme prétendent certains. Mais, je ne peux pas vous dire si tous ces engrais ont été retirés ou pas. En la matière le GIE avait trois types de sanctions contre les coupables. Soit leur exiger de combler le déficit en éléments nutritifs, ou retirer lesdits engrais, ou encore compenser au niveau du prix. Le GIE a opté pour le retrait des engrais », a expliqué Bakary Togola sous les ovations de ses partisans. A en croire le président du GIE, on est en train de dramatiser cette affaire d’engrais comme si c’était la première fois que des produits de mauvaise qualité sont importés au Mali. « Notre pays est inondé de produits de mauvaise qualité importés tels que le sucre, l’huile, les batteries…. ».

Intervenant après Bakary Togola, l’honorable Mamadou Hawa Gassama, député URD élu à Yélimané, a fait savoir que cette affaire d’engrais de mauvaise qualité est réelle et qu’on doit regarder la vérité en face. Il ne faut pas que les 2000 FCFA de dessous de table nous empêchent de reconnaitre la vérité comme c’est souvent le cas lors des élections où on arrive à tromper les gens avec une telle somme, a dit le député Gassama.

Mais c’est Bakary Klédioumou Dembélé de Kimparana et membre de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton (UNSCPC) qui a enfoncé le clou. Il doute de la compétence du laboratoire qui a réalisé les tests puisqu’il a donné deux résultats différents pour les engrais issus d’une même usine. « Nous les paysans, nous ne croyons plus aux résultats du laboratoire tant que celui-ci ne nous montre pas la preuve du contraire. Nous sommes en train de sillonner les zones agricoles et les paysans qui ont déjà utilisé ces engrais, que certains décrient tant, sont en train de nous rassurer que c’est de la meilleure qualité et qu’ils vont même dépasser les prévisions en termes de rendement cette année. Allez-y voir les champs qui ont reçu ces engrais, vous verrez. Les paysans sont même en train d’en réclamer encore », a expliqué l’orateur.

L’honorable Bakari Koné, député élu à Koutiala, qui a été le premier à interpeller le ministre Tréta sur la question à l’Assemblée nationale, a expliqué que cette affaire d’engrais de mauvaise qualité n’est pas une affaire de partis politiques. Certes, il est de la majorité et soutient le président IBK, mais cela ne doit pas l’empêcher de défendre les intérêts des paysans. Lui-même étant paysan, fils de paysan, petit fils de paysan. « Quand j’ai décidé d’interpeller le ministre sur la question, des gens m’ont fait des propositions que j’ai refusées parce que je suis à l’Assemblée nationale pour l’intérêt des paysans ».

D’autres intervenants, notamment des paysans, ont tenu à préciser qu’il n’y a pas d’engrais frelatés ou toxiques au Mali, mais qu’il y a des engrais dont les composantes nutritives sont déficitaires.

En conclusion, le président du Parena, Tiébilé Dramé a trouvé qu’il y a la nécessité pour tous les Maliens de s’unir pour faire face à la situation. Il se dit réconforté en cela par les propos du même Bakary Togola quand il dit que « notre pays est inondé de produits de mauvaise qualité ».

 

 

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