On y est ! Le baccalauréat 2022 a débuté ce matin, lundi 18 juillet. Déjà à la veille, dans les différents centres d’examen, l’ambiance était à la concentration et à la vigilance. Avec un objectif clair chez les présidents de centres, superviseurs et surveillants : respecter à la lettre le dispositif antifraude pensé par les autorités pour empêcher la triche généralisée et les déplorables fuites de sujets. Du côté des candidats, les uns se réjouissent de la situation, d’autres avouent leur inquiétude.
« Un bac propre », voilà l’obsession des autorités et de tous les acteurs de l’Education qui, depuis des années, assistent presque impuissants au chaos qui rythme la tenue du fameux baccalauréat malien. Cette année, le branlebas de combat pour empêcher toute fraude aux examens semble porter ses fruits. Car, D.E.F, B.T.1 et B.T.2, se sont déroulés dans des conditions satisfaisantes pour les organisateurs, comme pour les parents d’élèves. Le département de l’Education veut maintenir la même dynamique de sérénité et de rigueur pour les épreuves du bac qui ont commencé ce lundi, 18 juillet 2022.
En amont de l’examen, le mardi, 12 juillet 2022, le ministère de l’Education nationale avait organisé un point de presse pour annoncer les mesures envisagées pour garantir un bon déroulement des prochains examens. C’est à cette occasion que la Ministre Sidibé Dédéou Ousmane a rappelé la mission principale de son département, qui est la tenue des examens propres, c’est-à-dire sans faux sujets, sans fuites et sans fraudes. Cela a permis d’évaluer les efforts mis en place par le département dans le cadre de la lutte contre les 3 F. (Fraudes, Fuites de sujets et Faux sujets et cela, depuis les examens du C.A.P jusqu’à ceux du BAC et du B.T.
Les efforts des autorités ont commencé à faire leurs preuves. Chose qui a été remarquée dès le début des examens du D.E.F. où plusieurs candidats se sont exprimés sur la qualité de la surveillance dans les différents centres, ainsi que sur la rigueur des enseignants. En effet, treize (13) personnes ont été accusées de fraude et de tentatives de fraude aux examens de fin d’année 2022. Interpellées, elles ont été remises à la Justice, et les premières audiences ont débuté, le mercredi 13 juillet, au Tribunal de grande instance de la Commune IV du District de Bamako.
Face à l’évolution de ces mesures, plusieurs candidats ont été pris de panique, notamment ceux qui ont l’habitude de s’adonner à des pratiques contraires aux règles lors des examens. Interrogé, Ahmed Yara, candidat au bac, a donné son opinion. Saluant l’initiative des autorités, le candidat a confié qu’il a déjà l’amère expérience de plusieurs échecs à cet examen. Pour lui, avoir le Bac est parfois une question de chance, raison pour laquelle il n’est pas opposé aux fuites de sujets et autres pratiques : « Même si les nouvelles mesures doivent être respectées, je pense que la chance doit être donnée aux candidats pour s’entre-aider lors des examens », plaide l’adolescent. Des propos qui inquiètent voire sidèrent par leur inconscience ! Mais, assurément, notre interlocuteur semble ne guère en éprouver ni honte ni gêne.
En abondant dans le même sens, Seydou Coulibaly, candidat au bac également, a affirmé son inquiétude face à la situation : « Nous savons tous qu’il n’est pas facile de décrocher le bac. Je crois donc que tous les moyens sont bons pour réussir à cet examen », affirme-t-il lui aussi sans s’émouvoir du regard étonné que nous posons sur lui. « Tous les candidats ont un seul objectif, c’est d’avoir le bac. Il faut alors nous faciliter la tâche, ces mesures ne nous favorisent aucunement, nous les candidats », répète-t-il.
Ces témoignages laissent donc penser que plusieurs apprenants maliens comptent toujours sur la triche et diverses pratiques pourtant déconseillées, au lieu de chercher à réussir par leurs propres efforts personnels. Ce qui permet de dire que les autorités maliennes ont un grand défi à relever sur le plan de l’éducation. Quant à la bonne tenue de ce bac session 2022, il reste à savoir si les mesures antifraudes prises constitueront une barrière étanche face aux diverses astuces employées par les candidats tricheurs. En tous les cas, il faut absolument espérer que les mailles du filet “zéro fraude” dissuaderont même les plus déterminés fraudeurs. La crédibilité de notre système éducatif en dépend.
Fatoumata Boba Doumbia
Source: Les Échos