Derrière cette success-story à l’africaine, un homme qui fait depuis plus de vingt ans la fierté des Maliens et plus largement des Africains. Mossadeck Bally est le fondateur et actionnaire majoritaire de la chaîne hôtelière Azalaï.
Mossadeck Bally cultive si bien la discrétion que l’on croit se tromper d’interlocuteur lorsqu’on l’aperçoit dans cet hôtel ancien où il a ses habitudes avenue Mac-Mahon, à Paris… Allure svelte, costume parfaitement coupé, lunettes soulignant un visage raffiné derrière lequel on devine une intelligence vive. Il sourit, mais ne se détend pas. Pas encore. En fait, il redoute la séance photo, il n’aime pas du tout se mettre en scène ni être remarqué. Enfin un point commun avec ses semblables, mais ça s’arrête là.
L’homme nous sert lui même un verre d’eau, s’enquiert de notre bien-être… Jusqu’à l’arrivée d’Olga Sanvee, la directrice commerciale et marketing du groupe hôtelier qu’il a fondé. Cela fait trois ans qu’elle travaille aux côtés de Mossadeck Bally et qu’elle le coache pour les interviews, qui se font de plus en plus nombreuses avec la multiplication des projets d’expansion du parc hôtelier du groupe, surtout depuis la fin de la crise politico-militaire malienne.
L’optimisme, Mossadeck Bally en a toujours fait sa force. Même dans les périodes d’incertitude, comme celle que vient de connaître son pays entre avril 2012, avec la prise des grandes villes du Nord par des rebelles islamistes, et le 18 juin 2013, date de la signature de l’accord de paix entre les autorités de la transition malienne et les groupes touaregs. Ces événements auront eu pour conséquence directe pour le groupe Azalaï la fermeture de deux établissements à Bamako, la capitale, pendant près de six mois. Avec la fin de cette période tumultueuse, l’homme d’affaires a de bonnes raisons d’envisager le futur sereinement. « L’avenir est plus que jamais ouvert. Je suis confiant pour la suite, car les besoins en infrastructures hôtelières vont croissant, les clients sont là, l’argent est là, disponible, et nous, Azalaï, nous avons notre expérience. » D’après les experts internationaux, si la situation est encore fragile au Mali, les activités reprennent à Bamako.
Et l’opération Serval, déclenchée le 11 janvier par la France pour débarrasser le nord du Mali des groupes islamistes armés, a eu un impact plutôt positif sur l’économie du pays. Le secteur touristique, l’un des plus touchés par la crise, en est le premier bénéficiaire : « Le mouvement des militaires, des journalistes et des diplomates dans la capitale a permis d’un côté de remplir les hôtels et les restaurants, et de l’autre, d’amener des clients qui ont soutenu la vivacité du commerce local », souligne Mossadeck Bally, visiblement affecté par ces récents événements, dont il tient à dire quelques mots avant que nous ne retracions son parcours en détail. Un parcours qu’il n’aurait pu bâtir de la même façon sans le soutien d’un homme : son père.
Aujourd’hui, à 52 ans, il cumule un quart de siècle d’expérience dans les a aires. « Après mes études aux Etats-Unis, j’ai commencé à travailler dans l’entreprise familiale, qui faisait du négoce, notamment de denrées alimentaires, au Mali ainsi que dans d’autres pays de la sous-région. J’ai appris à mener des a aires à côté d’un grand homme qui était mon père. Il m’a dirigé. Mais je me sentais un peu à l’étroit dans ce métier qui se résume à acheter et vendre, je voulais m’investir dans une activité qui crée plus de valeur ajoutée, plus de richesse dans nos pays », se souvient-il. Une solide éducation familiale, scolaire et universitaire donc, combinée à ce qu’il appelle un « brin de chance », qui fait penser au flair dont peuvent parfois faire preuve certains hommes d’a aires. Et l’intuition de Mossadeck Bally a eu raison des pesanteurs du système…
Publié en septembre 2013
Source: Forbesafrique