Après un début d’année marqué comme d’habitude par des résultats en demi-teinte, les recettes douanières ont repris l’ascenseur et affichent à mi-parcours d’exercice un niveau qui permet de compenser tous les gaps prévisionnels enregistrés. Nos confidences parlent de 70 milliards engrangés au cours du mois écoulé et en déduisent par ailleurs que l’année budgétaire s’annonce sous de bons auspices pour ce qui est de l’écho financier attendu de la fiscalité aux portes. La dynamique insufflée par l’actuel DG est passée par là et pourrait être confortée davantage par les moyens que lui et ses équipes se donnent pour atteindre leurs objectifs. C’est sous ce prisme qu’il faut mettre la corde diplomatique qu’ils viennent d’ajouter à leur arc. Tout est parti d’une flagrante transgression des règles d’union douanière par le Niger, un pays voisin qui partage avec le Mali une frontière septentrionale assez mouvementée en termes d’échanges de marchandises. Par simple note de service, les décideurs du monde nigérien des finances ont unilatéralement instauré des restrictions sur certaines opérations de transit à destination du Mali. Motif évoqué : le reversement frauduleux de «produits pétroliers exonérés de taxes et de droits de douanes sur le territoire» nigérien.
Mais, selon tous les spécialistes et connaisseurs de la matière douanière, cet argument n’est pas assez solide pour résister à l’analyse. Et pour cause, les douanes, expliquent-ils, sont un peu partout assez bien outillées contre le genre de manquements pour leur faire échec en se passant de mesures en porte à faux avec les principes communautaires.
Or, d’avril 2020 jusqu’à l’activation des leviers appropriés par la partie malienne, la mesure avait pignon sur rue avec son corollaire de dérégulation du marché national des hydrocarbures, entre autres, de pénalisation des importateurs ainsi que des consommateurs maliens. Bref, un éventail d’impacts assez conséquent pour engendrer des manques à gagner et inciter l’administration douanière du Mali à user de son inventivité pour obtenir la normalisation des échanges et mettre leur fluidité à l’abri de toutes velléités contraires à l’esprit de la supranationalité qui caractérise l’union douanière. Pour ce faire, un nouveau concept a peut-être pris forme : une diplomatie douanière en pleine expérimentation avec la Guinée dans le sillage des sanctions économiques sous-régionales contre le Mali. Ses vertus se sont confirmées, il y a deux semaines environ, avec le conclave à Bamako de plusieurs directeurs généraux de douane à Bamako, sur invitation de leur homologue malien.
Il s’agit des directeurs du Niger et du Burkina Faso, dont le séjour dans la capitale malienne s’inscrivait dans le cadre de l’intégration des systèmes informatiques de dédouanement. Pas seulement. En plus de permettre aux administrations douanières respectives de renforcer leur coopération dans le cadre des dispositions communautaires, le conclave initié par le DG Konaté a également donné lieu à une kyrielle de recommandations et résolutions porteuses de tournants et faits marquants : le retour systématique des douanes maliennes aux frontières Mali-Niger, puis la levée des restrictions qui affectaient indûment les échanges entre ces deux pays sur fond de perceptions auxquelles étaient soumises les marchandises maliennes transitant par le Niger. En effet, conformément aux assurances données par les douanes nigériennes en marge des trois journées d’échanges sur l’interconnections des systèmes informatiques, l’effet de la diplomatie douanière s’est traduit par un dénouement intervenu le 02 juin dernier à la grande satisfaction d’importateurs lourdement pénalisés par la parenthèse malheureuse. Il va sans dire aussi que cette normalisation est tout aussi porteuse de dividendes fiscaux sur lesquels table la Direction Générale des Douanes du Mali pour renflouer le trésor public à travers ses services régionaux de Gao dont la contribution aux recettes aura longtemps souffert de la situation anormale.
A KEÏTA