Au Mali, tous les moyens sont bons pour briser un fœtus. Une pratique dangereuse pour la vie qui entraine beaucoup de conséquences dont la stérilité et même la mort. Les jeunes filles et des femmes mariées sont de plus en plus concernées.
De nos jours, l’avortement se pratique n’importe où et n’importe comment au Mali. Dans les hôpitaux, cliniques, mais surtout dans des endroits où l’hygiène est peu recommandée. Beaucoup de jeunes filles sont devenues leur propre médecin. Se faire avorter par soi-même, sans l’assistance d’un spécialiste est devenu monnaie courante. Elles ont tendance à se faire avorter avec des produits, aliments ou médicaments proposés ou indiqués par des copines.
Par peur et crainte de leur famille, ces jeunes filles prennent des potions auto-médicamenteuses qui leur coûtent souvent la vie. Pis, elles font souvent le mélange des médicaments traditionnels (plantes) avec des médicaments modernes ou des aliments (miel, etc.) ou boisson (coca-cola) dans le seul but de se faire avorter. Ce phénomène est dû au manque de communication entre les parents et leurs enfants. Le sexe n’est plus un sujet tabou, en parler éviterait certaines conséquences qui pourront mettre leur vie en danger.
Il y a des femmes mariées qui s’adonnent à cette pratique pour différentes raisons. Il y a aussi des couples de jeunes mariés qui le font également pour des raisons financières. Des médecins, réputés spécialistes en la matière, se prennent pour de bons samaritains, des sauveurs ; même s’ils sont jugés autrement par la majorité de la population malienne. Aux dires de certains médecins, leur profession est gangrenée. Chaque jour amène son lot de curetages et ses pourcentages de mort.
PRATIQUE DE L’AVORTEMENT
Le coût financier à supporter
Malgré le coût élevé de l’avortement, des filles ne reculent jamais avant d’atteindre leurs objectifs : se débarrasser de leur grossesse à n’importe quel prix.
Beaucoup d’experts en matière d’avortement clandestin s’adonnent à cette pratique sans retenu. Et malgré le prix très élevé, des jeunes filles sollicitent leur aide sans se soucier des conséquences. Le prix varie selon la semaine de grossesse. 40 000 F CFA pour les grossesses d’une à 4 semaines. 60 000 F CFA pour celles de 5 à 8 semaines, et 110 000 F CFA de 9 à 20 semaines de grossesse. Nombreuses sont celles qui sont prêtes à payer le prix fort pour se débarrasser du bébé. Et elles y mettent le prix sans réfléchir, sans penser au risque d’y perdre la vie ou d’être stérile à jamais. Selon nos investigations, beaucoup de praticiens disent appliquer des prix plus bas que d’autres et exercent dans la plus grande discrétion. Selon eux, ils n’ont jamais eu de problème jusqu’à ce jour ni de complication et s’interdisent n’interrompre les grossesses qui dépassent les 20 semaines.
FATOUMATA BINTOU WOULALE, TRADI-THERAPEUTE
“Beaucoup de femmes viennent me voir pour les aider à avorter”
Fatoumata Bintou Woulalé, tradi-thérapeute est contre la pratique de l’avortement clandestin. Néanmoins, elle est de plus en plus sollicitée par de nombreuses jeunes filles et femmes mariées.
“L’avortement ne concerne pas seulement la femme et son médecin ; il concerne davantage un troisième être humain : l’enfant qui n’a pas le moyen d’exprimer son avis sur son droit de naitre. Beaucoup de femmes viennent me voir pour que je leur donne des plantes pour interrompre leur grossesse, surtout les femmes mariées. Elles sont nombreuses à s’adonner à cette pratique ignoble et inhumaine. Le père, n’aurait-il pas son mot à dire sur le futur du bébé. Je ne parle pas des hommes qui poussent leur partenaire, ou femme à commettre cet acte ignoble. Bien plus, c’est toute la société qui est affectée par la pratique de l’avortement. Comment peut-on raisonnablement prétendre que la mise à mort par avortement de milliers d’enfants à naitre innocents et sans défense ne contribue pas à créer un climat psychologique favorable au développement de toutes ces formes de violence qui sont un trait dominant de notre époque (abus des enfants, infanticide et la mort par assistance médicale) ?”.
AVORTEMENT
Ce que l’islam en dit
Dans l’islam, une personne qui pratique l’avortement est considérée comme une criminelle, et dans les préceptes coraniques, l’avortement est puni et condamné sauf dans deux cas précis. Oustaz Aboubacar Coulibaly nous donne plus de détails.
En réalité, les autorités religieuses musulmanes considèrent que l’avortement interfère avec la volonté de Dieu. Selon Oustaz Aboubacar Coulibaly, L’islam tolère l’avortement, lorsque la vie de la mère est en jeu, soit la poursuite de la grossesse serait dangereuse pour la santé de la mère. Dans ce cas, l’islam peut accorder à la femme le droit à l’avortement pour sauver sa vie si la grossesse n’est pas avancée. Et l’islam tolère l’avortement dans ce cas, du début de la grossesse jusqu’à 4 mois de grossesse. Parce qu’après 4 mois le fœtus devient un bébé et l’insufflation de l’âme est faite.
Après l’insufflation de l’âme, l’avortement est strictement interdit. Pendant cette période, l’avortement n’est permis que s’il y a un réel danger pour la vie de la mère. Par contre, celles qui avortent sans raison valable, ni problème de santé, (juste par crainte de rencontrer des difficultés, peur du regard de la société et des proches) sont considérées comme des criminelles. L’islam est contre cet acte parce qu’il est assimilable à un assassinat.
Source: Journal Mali Tribune