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Avoirs : La solidarité malgré la conjoncture

Le Robert définit la conjoncture comme une situation qui résulte d’une rencontre fortuite d’évènements, de circonstances, et qui est considérée comme le point de départ d’une évolution, d’une action. Dans un passé assez récent, lorsque les difficultés à assurer le quotidien se sont alourdies et ont atteint des couches de plus en plus étendues de la société, est apparu le néologisme «conjoncturé». Bien que l’usage du terme se soit raréfié, la réalité qu’il exprimait n’en est pas moins présente dans nos communautés.

Face à cette situation, la crainte de lendemains incertains a fait naître de nouveaux types de comportements, conduisant les individus à des attitudes qui tranchent avec les prescriptions de la dernière religion révélée. En évoquant ces divers phénomènes, les oulémas, dans leur exégèse se réfèrent, entre autres, à ce passage des Révélations coraniques : «La course aux richesses vous absorbe jusqu’au jour où vous serez portés dans la tombe». (102-1).

Interpellant ainsi les fidèles, le théologien invite à d’autres considérations. «Hommes, les clinquants de la vie, l’amour de l’argent et les joies de ce monde vous occupent, sans que vous pensiez à la vie de l’au-delà. Vous persistez dans tout cela jusqu’à ce que la mort vous surprenne, et vous voilà dans les tombes, laissant derrière vous richesse et enfants qui vous ont tant absorbés».

Les oulémas rapportent sur le même thème des propos du Messager (PSL) qui avait l’habitude de faire remarquer à ses Compagnons que l’homme se prévaut toujours de ses biens, de quelque nature qu’ils soient. Or disait-il, «ce qui lui revient de ses biens, ce sont trois choses : ce qu’il a mangé et consommé, ce qu’il a porté et usé et ce qu’il a donné en aumône pour sa vie future. En dehors de cela, tout ce qu’il possède reviendra à ses héritiers».

C’est en cela que les théologiens invitent les fidèles à faire œuvre utile, quelles que soient les circonstances auxquelles ils sont confrontés. «Si vous pouviez connaître la réalité, si vous saviez de science certaine, vous ne vous seriez pas adonnés de façon inconsidérée à la recherche des richesses, au lieu de chercher la vie future».

Il est rapporté par ailleurs cette exhortation du Messager au fidèle musulman : «Sois dans ce monde comme un étranger ou un passant et considère que tu n’es qu’un mortel». Pour les exégètes, l’adoption d’une telle disposition d’esprit raffermit dans l’observance des prescriptions divines. En gardant à l’esprit que le temps ici-bas lui est mesuré et qu’il peut y être mis un terme à tout moment, sans préavis, le fidèle sera enclin à relativiser les difficultés qui l’assaillent et à multiplier ses bonnes œuvres, à être constant dans ses pratiques cultuelles.

En outre, dira le théologien, les appréhensions du fidèle face aux diverses contrariétés humaines n’en seront que plus réduites. C’est dans ces conditions que lui vient la satisfaction de ce dont l’a gratifié le Tout-Puissant. Au lieu de demeurer prostré, il s’en remet au Créateur dans tout ce qu’il fait de mieux. Et dans sa Miséricorde, le Seigneur allège le cœur du serviteur accablé. En invitant les fidèles à l’assistance mutuelle malgré la conjoncture, les oulémas rappellent que «des anges invoquent le Tout-Puissant en disant : Seigneur restitue à l’homme charitable ce qu’il aura dépensé», tandis que d’autres disent : «Seigneur dissipe la fortune de l’avare».

A. K. CISSÉ

Source: L’Essor

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