Devant lancer la IV ème République, l’adoption par référendum, en principe en mars prochain, de la nouvelle Constitution sera une sorte d’alchimie pour aider le Mali à sortir un peu la tête de l’eau…
Si l’alchimie est « l’art de purifier l’impur en imitant et en accélérant les opérations de la nature, afin de parfaire la matière », ou au sens littéraire, « la transformation de la réalité banale en une fiction poétique, miraculeuse », la nouvelle Constitution en chantier ouvre un boulevard devant le chef de l’Etat pour mettre en œuvre sa vision pour le pays durant les prochaines années.
D’abord, il faut souligner l’opportunité inouïe qui s’offre au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Celle de faire élaborer pour adoption une nouvelle Constitution, celle du 25 février 1992, en cours, étant devenue désuète sur plusieurs points. Car, si l’alinéa 3 de l’article 118 de cette Constitution dispose qu’« aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire », aucun article de ce texte ne proscrit le processus d’adoption d’une nouvelle loi fondamentale dans le contexte d’atteinte à cette intégrité territoriale. Quelle chance !
En effet, en cas de succès lors du référendum, l’histoire retiendra que le président de la Transition aura été le dirigeant malien qui a pu doter le pays d’une nouvelle Loi fondamentale, après les échecs successifs de presque tous ses prédécesseurs.
Ensuite, le Colonel Assimi Goïta en tirera une forme d’adoubement populaire surtout que le texte mettra alors totalement sous éteignoir la Charte de la Transition. Ce qui ouvrira alors, relèvent certains analystes et hommes politiques, la voie toute tracée au chef de l’Etat d’envisager sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Il aura alors une simple obligation constitutionnelle de démissionner de ses charges militaires six mois avant le scrutin.
Et, selon des confidences dans les couloirs du pouvoir, auréolé de sa popularité, qui sera nettement renforcé par le oui massif au référendum, le colonel Assimi Goïta ne pourra pas se dérober à un appel du peuple. « Il ne peut pas en être autrement, quand on sait que les partis politiques ne font plus le poids. Ils sont presque tous divisés et affaiblis, sans leadership rassembleur », confie une source politique au CNT. Et d’interroger sur quel partis ou regroupement politique peut aujourd’hui ou dans les prochains mois ravir la vedette aux dirigeants actuels de la Transition. Il n’y en a pas ! le RPM, l’URD se sont fracassés en morceaux ! « L’ADEMA-PASJ s’est depuis rallié au pouvoir etr leur lèche les pieds », a-t-il ironisé.
En outre, l’on ne peut pas prendre des décisions aussi importantes engageant la vie de la Nation malienne pour ne pas devoir continuer à gérer le pays afin de préserver ses intérêts face à des adversités étrangères comme contre la France… C’est pourquoi l’avant-projet de la nouvelle Constitution annonçant la 4ème République est une alchimie d’Assimi Goïta pour purifier le palais de Koulouba. « Crois-moi, il sera candidat et je ne vois pas qui pourra le battre à la prochaine élection présidentielle », a susurré notre source. Comme pour exprimer un aveu d’impuissance des partis politiques, dépourvus de ressources, d’énergie et de …crédibilité.
Bruno D SEGBEDJI
Source : Mali Horizon