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Autres temps, autres mœurs : La jeunesse malienne en perte de valeur

De nos jours, on déplore de plus en plus les problèmes de violence, de l’alcoolisme et du tabagisme chez les jeunes. Le goût à la vie facile semble avoir pris le pas sur la raison d’être qui caractérise tant nos sociétés. Comment sortir de ce tourbillon dévastateur ?

La dépravation des mœurs chez les jeunes a pris des proportions jamais inégalées. Elle touche toutes les couches de notre société. Elle n’est certes  pas un mal nouveau mais a pris des tournures disproportionnées au fil des ans. Les raisons sont nombreuses et  elles pourraient trouver leurs explications   dans le manque  de moyens et d’éducation pour ne pas dire l’inexistence même de celle-ci, de nos jours.  Car être jeune a Bamako, de nos jours, rime exclusivement avec laisser aller. Si, aujourd’hui, beaucoup pointent du doigts les enfants, les parents ne sont pas en reste. Ils sont avant tout les premiers et véritables responsables de l’éducation et peinent visiblement à faire appliquer la ligne de conduite qui caractérisait tant nos sociétés vertueuses  d’antan. Un bel exemple de l’adage de la brindille et de la poutre dans l’œil. Il n’en était pourtant pas ainsi jadis dans nos sociétés. Les parents forçaient l’admiration par leur modestie, leur humilité et surtout leur morale irréprochable. Ceux d’aujourd’hui manquent cruellement de ces vertus. Ils manquent surtout de savoir-faire éducatif, car les  qualités essentielles font défaut et les moyens matériels et l’ambition personnelle ont pris le pas sur l’éducation.

Au Mali, la société est en pleine mutation, et cela à la faveur de sa laïcité, est-on tenté de croire. En effet, de nos jours, il y a des pratiques qui ont cours et qui interpellent les chefs de famille, les éducateurs, les autorités, notamment les services publics chargés de la répression et de la préservation de nos mœurs : la police, la Brigade des Mœurs entre autres. Il est difficile d’affirmer que tous ceux-ci ne font rien pour assainir, mais les efforts semblent être en deçà des attentes, compte tenu de l’ampleur que la dépravation des mœurs est en train de prendre dans notre pays.

D’après Mohamed Dembélé, soldat de la garde nationale, « les parents d’aujourd’hui ont tout simplement démissionné. L’éducation  est devenue inexistante car nul ne peut éduquer l’enfant d’autrui à sa place. Quand tu vois un enfant commettre une bêtise et que tu veux le corriger, c’est le parent de ce dernier qui s’interpose entre toi et son enfant, et il cautionne sans le savoir son enfant à recommencer de plus belle. » Mohamed qui est un partisan des anciennes méthodes n’a pas manqué d’ajouter : ‘il faut inculquer de la discipline et surtout se montrer intraitable sur la bonne morale chez nos enfants’’

Par ailleurs, on assiste aussi à un autre phénomène qui, d’après beaucoup, n’est pas étranger à la situation : les clips de rap hardcore, ceux qui prônent un langage très acerbe en direction du public. « Les jeunes rappeurs ont pris la mauvaise habitude de mettre en avant tous les vices et comportements les plus irresponsables et abjects dans leur chanson. Ces jeunes rappeurs irresponsable endoctrinent nos frères et les prédisposent à toutes sortes de comportement déliquescent dès lors que les jeunes les écoutent », s’indigne Aissata, étudiante en fin de cycle à la faculté des sciences juridiques et politiques. « Quel jeune de Bamako ne connait pas hollandia ? (marque de bière et célèbre titre d’une chanson de rap, Ndlr) On voit des enfants très jeunes en consommer juste parce qu’un rappeur en a fait un slogan de rébellion contre l’ordre »

Aucune autorité ne s’est insurgée contre le phénomène, qui, pourtant, s’avère d’une gravité extrême surtout en ce temps de désespoir et de crise dans notre pays où aucune mesure concrète n’a encore été prise. De nos jours, à un certain âge, les jeunes ont davantage tendance à braver les interdits, plutôt que de suivre les lignes de conduite et restrictions imposées par l’autorité parentale.

Mais c’est tout le monde qui est interpelé : chefs de famille, éducateurs, autorités, notamment les services publics chargés de la répression et de la préservation de nos mœurs.

Abdoulaye SIDIBE, stagiaire

 

Source: Le Prétoire

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