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Autour du dictateur Sissi, les alliés se pressent

Le vent a tourné pour le nouveau raïs que l’Occident tenait à distance. Le voilà très fréquentable… au nom de la lutte contre le terrorisme

Abdel Fattah al Sissi president egyptien

Le président Abdel Fattah al-Sissi est arrivé ce mardi à Moscou, où il doit s’entretenir mercredi avec son homologue – ou plutôt son très cher ami – Vladimir Poutine. Cette visite est la troisième en un an, sans compter leur rencontre en février au Caire. Le nouveau raïs, c’est sûr, doit beaucoup au maître du Kremlin, lequel lui a offert son soutien et une reconnaissance inespérée quand les alliés occidentaux de l’Egypte prenaient leurs distances. A présent, ce sont ces mêmes puissances qui reviennent frapper à sa porte… au nom de la lutte contre le terrorisme. Que de chemin parcouru!

Il y a un an, en effet, le président Sissi paraissait bien seul sur la scène internationale. Les Etats-Unis, allié stratégique de l’Egypte, n’avaient guère apprécié le coup d’Etat militaire qui a renversé en juillet 2013 le président élu Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans. Et encore moins la répression qui s’est abattue sur le pays. Au moins 1400 morts, des milliers d’opposants jetés en prison, des centaines de condamnations à mort, des lois limitant le droit de manifester… Bref, la terre des Pharaons redevient un Etat autoritaire. En mai 2014, tel un nouveau Moubarak, Sissi remporte l’élection présidentielle avec 96,1% des voix.

Visiblement, le vent a tourné. Les Etats-Unis viennent de livrer, fin juillet, huit avions de combat F-16 au Caire à l’Egypte. Quatre autres suivront en automne. Quant à l’aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars (environ 1,2 milliard de francs), partiellement suspendue en octobre 2013, elle a repris en mars dernier. Enfin, le 2 août au Caire, John Kerry martelait qu’on «ne saurait exagérer» l’importance des relations entre les deux pays.

Le prix de la complaisance
Autre exemple frappant: la France. Trois avions de combat Rafale ont atterri en Egypte fin juillet. Ils font partie d’un deal passé en février pour un montant de 5,2 milliards d’euros (5,6 milliards de francs), comprenant 24 Rafales, une frégate et des missiles. L’Egypte, qui avait auparavant déjà passé commande de quatre corvettes, pour près d’un milliard d’euros, songe maintenant à en acheter deux supplémentaires. Et le 6 août, François Hollande a assisté en personne à l’inauguration du nouveau canal de Suez.

Dans le même esprit, le premier ministre britannique David Cameron a annoncé en juin son intention d’inviter Sissi à Londres, alors que le Royaume-Uni a repris cette année ses ventes de matériel militaire à l’Egypte, pour 48,8 millions de livres sterling (72 millions de francs) au premier trimestre.

De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a accueilli début juin le raïs à Berlin. Il est arrivé directement du Soudan, où il venait d’assister à la prestation de serment du président Omar el-Béchir… lequel fait l’objet de deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l’humanité et génocide au Darfour.

Unis contre Daech
Si les puissances occidentales se montrent si accommodantes avec Sissi, tout en critiquant mollement son bilan en matière de droits de l’homme, c’est évidemment parce qu’elles veulent des partenaires solides dans la lutte contre le groupe Etat islamique (Daech en arabe), qui déstabilise toute la région, depuis l’Irak et la Syrie jusqu’au Sinaï et la très chaotique Libye. Or, depuis deux ans l’Egypte mène des frappes aériennes en Libye et pousse la Ligue arabe, basée au Caire, à créer une force armée capable de faire face aux multiples conflits dans la région. Les chefs militaires se retrouvent ce jeudi dans la capitale égyptienne.

Dans le même élan, un pacte vient d’être passé le 30 juillet avec l’Arabie saoudite, l’autre puissance régionale sunnite, qui est aussi un grand allié des Etats-Unis. Mettant leurs bisbilles de côté, le Caire et Ryad s’engagent à être «les deux piliers de la sécurité arabe», selon les mots de Sissi.

 

Source: 24 heures

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