Le Malien lambda vient d’assister à l’augmentation vertigineuse du prix du pain et des céréales au vu et au su des autorités et des Associations de défense des droits des consommateurs, sans que quelqu’un pipe un mot. Les consommateurs maliens sont orphelins et aucun Malien ne lève le petit doigt, encore moins les associations censées défendre les droits des consommateurs.
L’heure est grave. Le citoyen semble capituler face à la menace réelle qui reste la famine. En une semaine, les vendeurs de pain ont failli mettre la clé sous le paillasson. Pour cause, le prix du pain a vertigineusement pris de l’ascenseur, avec 50 FCFA d’augmentation alors que nous ne sommes pas encore arrivés au mois fatidique qui est le mois de carême où les commerçants attendent faire le maximum de profit. Comme si cela ne suffisait pas, les prix des céréales aussi, en une semaine, ont grimpé. MT, vendeur de céréales au marché de Ouolofobougou, se dit lui-même surpris de ce qui se passe. Ceci dénote que la famine menace terriblement les familles en cette crise de pandémie de COVID-19. Paradoxalement, au moment où tout cela se passe, les animateurs de l’Association des consommateurs se complaisent dans l’organisation de séminaire sur la lutte contre la corruption. Ne dit-on pas « que ventre vide point d’oreille ? ». Lutter contre la corruption suppose que le minimum est assuré. Dans un pays où le fruit de la croissance est mal partagé, nous estimons qu’il serait difficile de parler de lutte contre la corruption. L’Association des consommateurs doit vite se réveiller. Il n’y aura jamais de Mali nouveau tant que les populations n’ont pas accès aux services sociaux de bases, n’ont pas à portée de main le minimum pour leur survie. Si la substance des revendications populaires avant le coup d’Etat était la mauvaise gouvernance, aujourd’hui le problème fondamental des familles reste un problème de survie. L’on a assisté impuissant à l’incendie des champs de cultures de riz dans les zones de l’office du Niger, une zone qui fait vivre le pays. L’Association des consommateurs du Mali est interpelée pour revenir sur le terrain de la reconquête des droits des populations, droits élémentaires sans lesquels rien n’est possible. L’année 2021-2022 s’annonce difficile sur le plan alimentaire et les gouvernants doivent anticiper. Les politiques quant à eux ont les visages rivés sur les élections. La condition de vie des populations importe peu pour ces hommes et ces femmes censés aider les populations dans leur quête quotidienne d’une meilleure vie.
Fakara Faïnké
Source: Le Républicain