C’est le troisième sommet du genre. La Turquie et une centaine de responsables africains, réunis pendant deux jours à Istanbul, se sont engagés à renforcer leurs liens et leur coopération, illustrant l’investissement croissant d’Ankara sur le continent.
Au terme de cette réunion samedi 18 décembre, le président Recep Tayyip Erdogan a promis d’envoyer 15 millions de doses de vaccins anti-Covid en Afrique, laissée pour compte dans la distribution mondiale malgré l’apparition et l’identification pour la première fois du nouveau variant Omicron en Afrique du Sud et au Botswana.
Ankara s’est beaucoup investi en Afrique ces deux dernières décennies sous les auspices du président turc pour développer les liens diplomatiques mais aussi économiques et commerciaux, en particulier dans le domaine de la défense.
Vers un vaccin turc en Afrique
Ce sommet de deux jours, qui s’est achevé samedi, est destiné à renforcer le partenariat avec le continent dont le chef de l’État a visité plus d’une trentaine de pays.
En octobre, il avait déjà convié les hommes d’affaires africains à un Forum économique sur les rives du Bosphore, faisant notamment valoir l’absence de passé colonial de la Turquie en Afrique.
Dans une allocution samedi, Recep Tayyip Erdogan a annoncé que la Turquie prendrait en charge l’acheminement des 15 millions de doses destinées à enrayer la propagation de la pandémie sur le continent.
Les chercheurs turcs ont développé leur propre vaccin, le “Turkovac”, et déposé une demande d’approbation d’urgence. Ce vaccin sera partagé avec l’Afrique dès que l’étape sera franchie, a promis le président.
Au cours de la semaine écoulée, le nombre d’infections au coronavirus a augmenté de 57 % sur le continent, l’Afrique du Sud étant le pays le plus touché.
Forte hausse du volume des échanges
Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs exprimé le souhait de renforcer les échanges avec l’Afrique dans un grand nombre de domaines, dont la santé, la défense, l’énergie, l’agriculture et les technologies. “Le potentiel réel entre nous va bien au-delà de nos objectifs actuels”, a-t-il insisté.
En clôturant le sommet, il a annoncé l’ouverture prochaine de nouvelles ambassades de Turquie en Afrique, afin de porter leur nombre total à 49 représentations – contre 43 actuellement – sur les 55 pays que compte l’Union africaine. Ankara possède également 38 bureaux commerciaux, a-t-il souligné.
En deux décennies, le volume d’échanges entre la Turquie et l’Afrique est passé de 5,4 milliards de dollars à 25,3 milliards en 2020.
Sur les seuls onze premiers mois de 2021, il a atteint 30 milliards de dollars, a précisé le chef de l’État, qui vise un objectif de 75 milliards pour l’avenir.
Nouveau sommet en 2024
Un mémorandum d’accord signé pour la période 2022-2026, dont l’AFP a obtenu copie, prévoit également de “renforcer la collaboration” avec l’Afrique dans cinq domaines principaux : outre le commerce et les investissements, la “paix, sécurité et gouvernance” ; l’éducation, les jeunes et le “développement des femmes” ; le “développement des infrastructures et de l’agriculture” ; et la “promotion des systèmes de santé résilients”.
En matière de défense, la Turquie dispose déjà d’une base militaire en Somalie et pousse son avantage avec ses ventes de drones : le modèle TB2 de la société privée Bayraktar – dirigée par un des gendres du président – est le plus demandé après ses succès vantés ces dernières années en Libye et en Azerbaïdjan.
Le Maroc et la Tunisie ont pris livraison de leur premiers drones de combat turcs en septembre et l’Angola a récemment exprimé son intérêt pour ces aéronefs sans pilote lors de la visite du président Erdogan sur place en octobre.
La Turquie a également signé en août un accord de coopération militaire avec le Premier ministre d’Éthiopie, Abiy Ahmed – englué dans une guerre contre les rebelles du Tigré –, avec lequel Erdogan s’est entretenu à huis clos vendredi.
Le chef de l’État a également eu un rendez-vous privé avec le président du Nigeria, Muhammadu Buhari.
Un nouveau rendez-vous avec le continent a été annoncé pour 2024, cette fois en Afrique.
Selon le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu, seize chefs d’État et 102 ministres africains ont pris part à cette réunion.
Avec AFP