Le président sénégalais aura pris son temps avant de dévoiler à ses compatriotes l’intégralité de son plan, pourtant mûri de longue date. Le 3 juillet, il avait exécuté un magistral contre-pied en révélant qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession en février 2024, mettant fin à un débat empoisonné sur la perspective d’un troisième mandat dont lui-même ne s’était pas privé, par touches successives, de l’alimenter de façon subliminale.
Deux mois plus tard, le 9 septembre, Macky Sall a mis en scène le deuxième acte de la pièce à suspense qui tenait le Sénégal en haleine depuis si longtemps, livrant enfin le nom de l’heureux élu désigné pour reprendre le flambeau au sein de la majorité présidentielle. Parmi les prétendants un temps considérés comme des dauphins crédibles, c’est finalement au discret Amadou Ba, Premier ministre depuis le 17 septembre 2022, que reviendra la tâche délicate de briguer la succession de l’actuel chef de l’État. Depuis l’indépendance, seul Léopold Sédar Senghor avait, avant lui, eu la sagesse de désigner un dauphin et de quitter le pouvoir avant de briguer la candidature de trop.