Alors que les maliens ont les yeux tournés vers les élections à venir, ils ne voient pas la menace grandir au Nord. A Bamako, entre les repas des riches et les fêtes, on ne fait pas attention à ce qui se passe « la haut », comme si après Mopti c’était une autre planète. Alors que, pendant ce temps, les terroristes s’adaptent à leurs défaites militaires, et préfèrent se fondre la population sans faire de bruit.
Il est fini, le temps où les hommes d’Iyad Ag Ghaly et d’Amadou Kouffa pouvaient combattre à découvert, sans se cacher dans l’ombre. Depuis cinq ans, après avoir subi défaite militaire sur défaite militaire, ils ne peuvent plus se permettre de se montrer. Ils sont retournés à l’ombre d’où ils étaient venus : et nous n’avons pas su voir qu’ils y étaient encore plus dangereux.
En effet, au lieu de rouler à toute vitesse dans leurs picks ups armés, ils infiltrent les villages en intimidant les chefs et les anciens, et les forcent à travailler pour eux. Ils infiltrent les familles par des mariages entre combattants étrangers et les femmes du village, et cherchent à donner au terrorisme un visage doux et aimable. Ils font croire aux populations qu’ils feront régner la justice et la sécurité, alors même que c’est eux qui ont fait naitre l’injustice et la guerre. Leur nouvelle stratégie est donc lâche, mais habile ; au lieu d’essayer de régner par la peur, ils cherchent à vaincre par la ruse en imposant peu à peu leur autorité.
Au noyautage des familles et des tribus s’ajoute celui des organisations politiques, tactique dans laquelle les terroristes sont passés maitres. On sait depuis longtemps que certains groupes signataires ne sont au fond que des terroristes avec des ordres de mission et des drapeaux. Le chef de Barkhane l’a même dit dans la presse, tandis que celui de la MINUSMA a ordonné à ses troupes de fouiller les convois des groupes signataires !
Le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA), le Mouvement Arabe de l’Azawad pro Mali (MAA), sont par exemple connus comme des groupes qui tolèrent, voire soutiennent les terroristes. on se souvient pour le premier des combats de Kidal en 2014, et pour le deuxième de l’attentat du MOC de Gao en janvier.
Pire encore, ils approchent et corrompent les élus locaux, les petits administrateurs. Les exemples de maires détournant le regard des activités des terroristes ou qui les soutiennent sont légion. Ainsi, méfions nous de la nouvelle stratégie du JNIM et de ses adeptes. A la force brute, ils préfèrent aujourd’hui la ruse, ils sont de plus en plus maléfiques !
Ibrahim Keïta
Association des Victimes du Terrorisme au Mali