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Au Sahel, l’engrenage des conflits communautaires et le poison djihadiste

Les islamistes armés ont élargi leur ancrage dans le centre du Mali et au Burkina Faso et exacerbé les violences entre communautés, fondées sur des litiges fonciers ancestraux. Les attaques djihadistes et celles des milices d’autodéfense gangrènent les deux pays.


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Aucune scène de crime n’a été balisée. La trace de sang, nettoyée à la va-vite, a laissé une large marque blanche sur le sol de la case. A l’extérieur, une dizaine de douilles de différents calibres jonchent encore le sol sableux d’Heremakono. Treize habitants ont été tués dans ce village peul de la région de Ségou, le 13 mai, dans le centre du Mali.

« Vers 7 heures du matin, un groupe de dozos a attaqué le village. Trois hommes sont entrés chez moi. Je me suis caché sous mon lit. Ils ont mis le feu. Je ne pouvais plus respirer, je suis tombé dans le coma », raconte Brahima Sidibé (son nom a été changé), un vieil homme au visage brûlé, la chair encore à vif par endroits. De sa maison, il ne reste que quatre murs et un épais matelas de cendres.

Il témoigne lors d’une grande réunion organisée, le 18 mai, par le préfet de la ville voisine de Niono, pour accueillir la division des droits de l’homme et de la protection de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), venue enquêter sur l’attaque.

« Chercher la vérité »

« Nous sommes là pour documenter ces incidents et chercher la vérité, parce qu’il faut bien que quelqu’un fasse ce travail », annonce Christian Lumbala, le responsable des investigations. Au fond de la salle, une vingtaine de dozos, une confrérie de chasseurs traditionnels dogon, dont les membres sont supposés détenir les secrets de la faune, de la flore et des pouvoirs surnaturels, écoutent en silence. Puis quittent les lieux, sous le regard méfiant des Peuls assis aux premiers rangs.

Selon les Peuls, ce sont des chasseurs qui ont attaqué leur village. Cependant, « les tueurs n’appartiennent pas à la confrérie traditionnelle », précise un leader religieux. « Il faut que les autorités déterminent l’identité de ces groupes ! », ajoute-t-il en fixant le préfet et les agents de la Minusma. Dans l’assemblée, des larmes coulent sur les visages meurtris. Les dozos multiplient eux aussi les appels au secours.

« Nos vêtements, n’importe qui peut les acheter au marché ! Des gens s’habillent comme nous pour commettre des bêtises. Un chasseur qui tire sur autre chose que du gibier n’est pas un chasseur ! »
« L’Etat doit renforcer la sécurité, car cette situation crée des problèmes entre nous et les Peuls », alerte un dozo. Il clame l’innocence des siens : « Nos vêtements, n’importe qui peut les acheter au marché ! Des gens s’habillent comme nous pour commettre des bêtises. Un chasseur qui tire sur autre chose que du gibier n’est pas un chasseur ! » A l’instar des Peuls, ­confondus avec les djihadistes ou accusés d’être les complices de ces derniers, les dozos estiment êtres victimes d’un amalgame qui les assimilerait à des miliciens tueurs.

Le monde.fr

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