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Au Mali, Salif Keïta griot en chef d’Assimi Goïta ?

Le chanteur, qui venait de démissionner du Conseil national de transition, a rebondi. Il a été nommé « conseiller spécial » du numéro un de la junte malienne, le 14 août, confirmant ainsi son soutien aux militaires au pouvoir.

Au Mali, une nomination surprise fait écho à une démission inattendue. À compter du 31 juillet, c’est pour d’énigmatiques « raisons purement personnelles » que Salif Keïta avait démissionné du Conseil national de transition (CNT), l’assemblée qui fait office d’organe législatif depuis le coup d’État de 2020. Voulait-il consacrer tout son temps à la musique ? Le mot « purement », qu’il avait employé pour annoncer sa démission, n’avait pas empêché les rumeurs, certains supputant que le chanteur prenait ses distances avec la mouvance d’Assimi Goïta.

Réponse aux chuchoteurs, ou dernière étape d’une trajectoire planifiée ? C’est comme « conseiller spécial » du même Assimi Goïta que la star refait – déjà ! – son entrée dans le sérail. Le 14 août, Salif Keïta a été nommé par décret, au milieu d’une liste de cinq personnes. Son rôle de conseiller devrait porter sur les questions culturelles, qui, dans une situation de crise, représentent à la fois un secteur sinistré et un vecteur supplémentaire de propagande. Peut-être l’artiste élargira-t-il ses « conseils » aux questions sociales qui lui ont toujours tenu à cœur, comme le sort des albinos et des personnes marginalisées.

Du « goïtisme » avant Goïta…

Si la nomination du musicien en a surpris plus d’un, Salif Keïta n’a jamais mesuré son soutien aux militaires au pouvoir à Bamako et à leur discours souverainiste, réclamant le départ de la mission de la Minusma. Avant même le double coup d’État du colonel Goïta, il avait dénoncé des « atteintes internationales » à l’indépendance de son pays. En 2019, dans une vidéo devenue virale, le septuagénaire s’était adressé au président, Ibrahim Boubacar Keïta, lui reprochant sa complaisance envers le régime du « gamin comme ça » Emmanuel Macron. Il accusait alors la France de « payer des gens pour tuer les Maliens […], pour ensuite faire courir des rumeurs disant qu’il s’agit de jihadistes ». Du « goïtisme » avant Goïta, en quelque sorte…

« Je resterai toujours l’ami incontesté des militaires de mon pays », avait annoncé l’interprète de Folon dans sa lettre de démission du CNT… Parmi les autres personnalités promues au rang de conseillers figurent d’anciens ministres, comme Diéminatou Sangaré, Sidibé Dedeou Ousmane et Assétou Founé Samaké. Chacun apportera son expérience politique et son expertise en matière d’éducation, en matière juridique, etc. Pendant ce temps, la junte continue d’alimenter le feuilleton de la transition et on attend toujours l’annonce d’un calendrier électoral précis.

jeuneafrique

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