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Au Mali, on transporte gratis les électeurs réticents

BAMAKO – « Moi, je ne voulais pas venir voter, mais, on m’a proposé gratuitement le transport, donc je suis venu », dit un jeune de Bamako: pour palier le manque d’engouement des électeurs aux législatives au Mali, les partis tentent de les mobiliser comme ils peuvent.
Ce jeune costaud préfère ne pas donner son nom et ne dit pas non plus si on lui a aussi payé le dérangement, pratique assez courante dans plusieurs pays africains afin d’encourager les électeurs indifférents à se déplacer pour voter.

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Trois heures après l’ouverture des bureaux de vote à 08H00 (locales et GMT) et même si tout était en place comme prévu, l’affluence dans la capitale malienne était faible: files d’attente clairsemées, ou pire, bureaux presque vides où les agents électoraux sont plus nombreux que les électeurs.
Le constat était le même dans le nord du pays où, circonstance aggravante, des éléments jihadistes restent actifs malgré la présence de milliers de soldats étrangers.
« Nous sommes plus nombreux que les électeurs qui ont déjà voté, et il n’y en a pas devant le bureau de vote », soupire Hamidou Keita, président d’un bureau bamakois déserté qui fume une cigarette pour passer le temps.
Sa fillette à ses côtés, une vendeuse de boissons sucrées se lamente: « au second tour de la présidentielle (le 11 août), j’avais à pareil moment vendu plus de boissons que maintenant, or en août, il pleuvait, contrairement à aujourd’hui Alors face à ce manque d’enthousiasme évident, les partis et sponsors des candidats en lice ont décidé de prendre le taureau par les cornes et ont mis en branle une stratégie pour faire bouger les électeurs: les transporter
gratuitement dans les « Sotrama », les minibus de transport en commun.

 

Vers midi, l’un d’eux se gare devant le lycée Mamadou Konaté, un important centre de vote en plein centre-ville. Des femmes et des jeunes en descendent. Certains portent des lunettes noires, d’autres sont habillés en tenue traditionnelle. Sans grande conviction apparente, tous prennent la direction de leurs bureaux de vote respectifs.
« On ferme les yeux »

Interrogé sur la légalité de transporter gratuitement des électeurs le jour du vote, Mamadou Diarra, agent électoral, fataliste, répond timidement: « Disons que ce n’est pas légal, mais puisque plusieurs personnes font la même chose, on ferme les yeux ».

 

Dans le quartier Bolibana du centre de Bamako, cinq jeunes qui ont décidé de ne pas voter devisent sous un arbre en tentant d’expliquer pourquoi. « Moi, je n’ai pas été voté parce que mon candidat, Ibrahim Boubacar Keita (IBK, élu président en août) est déjà élu. Donc pour moi, il n’y a pas d’enjeu », dit Moussa Kouyaté, un infirmier.

 

Son voisin de droite n’est pas d’accord: « IBK m’a déçu. Il a fait des concessions aux rebelles touareg alors que pendant la campagne électorale pour la présidentielle, il a tenu un discours de fermeté. C’est pour ça que je ne suis pas aller voter ».

 

Issa, étudiant, explique lui qu’il « fallait coupler les législatives et les présidentielles. ça fait moins de dépenses financières et moins de dépense d’énergie ». Diamou Tounkara, traite plus classiquement les hommes politiques de »menteurs, qui ne pensent qu’à eux-mêmes ». « Ils nous promettent tout, et dès qu’on vote pour eux, ils oublient leurs promesses. C’est pourquoi, moi, je ne vais pas voter et si j’étais allé voter, j’aurais voté blanc ».

 

Le dernier de la bande reconnaît cependant que « la victoire de ces élections, c’est la paix, c’est la consolidation de la démocratie malienne, même si je ne suis pas allé voter ».
Louis Michel, chef des observateurs de l’Union européenne, présent à Bamako, a estimé que « la nature des élections, présidentielle et législatives, est différente ». Selon lui, « quel que soit le taux de participation, on ne peut pas utiliser cet argument pour disqualifier ces élections ».

SOURCE: AFP

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