Le représentant spécial de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), M. Hamidou Boly a été déclaré « persona non grata » par le gouvernement malien, lundi 25 octobre 2021, en raison de ses « agissements incompatibles » avec son statut — a annoncé le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans un communiqué, sans donner plus de détails.
Des hypothèses
Toutefois, nous savons que les positions du représentant de cette organisation ouest-africaine ont été assez intransigeantes à l’endroit des autorités transitoires, depuis le coup d’État du 18 août 2021 contre Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Dans une interview accordée à Jeune Afrique, en août 2020, il déclarait : « Il faut que le président de la transition soit un civil. L’expérience a montré qu’un militaire à la tête d’une transition ne peut pas réunir les partenaires autour d’une table. Ceux-ci sont réfractaires aux militaires à la tête des États ». Outre cette déclaration, il faut noter aussi les pressions de la Cédéao pour l’organisation et la tenue des élections en février prochain. Ce qui semble impossible aux yeux des autorités de la transition malienne, qui préviennent d’ailleurs qu’il pourrait y avoir un petit décalage dans le calendrier. Et que les nouvelles assises nationales annoncées décideront de la suite de la couleur de la transition.
De telles positions intransigeantes vis-à-vis du Mali et contre la volonté de certains maliens seraient inadmissibles aux yeux des autorités maliennes de la transition. Et cela, bien que la Cédéao ait toujours accompagné le Mali, tant soit peu, dans la gestion de cette crise sociopolitique qu’il traverse depuis août 2020.
Malgré tout, il ne convient pas quand même d’oublier que ces autorités au pouvoir, dont certains se plaisent aujourd’hui d’appeler encore « junte », ont reconnu dès le lendemain du putsch contre le Président Ibrahim Boubacar Keïta avoir parachevé le combat du peuple malien. Des citoyens qui se sont soulevés pendant des mois contre la mauvaise gouvernance, la corruption, la délinquance financière et pour l’assainissement de la scène politique.
Preuve de responsabilité
Engagées dans un tel combat, les autorités intérimaires seraient déterminées à refuser toute compromission dans le désintérêt de ce qu’elles appellent le peuple souverain. Dans un tel contexte, faut-il fermer les yeux sur les agissements d’un diplomate au détriment de la stabilité, de la paix ? Cela paraît inadmissible pour Bamako. C’est pourquoi le gouvernement malien précise dans son communiqué avoir mis en garde, à travers sa hiérarchie, le représentant de la Cédéao par rapport à ces agissements.
Face à cette preuve de responsabilité des autorités maliennes, pendant que certains sont plus réservés en attendant de mieux comprendre les causes et les effets, d’autres estiment déjà que l’acte est trop significatif pour s’attarder sur de petits détails. Dr Allaye Bocoum, personnalité politique du Mali, soutient sur sa page Facebook : « Ils n’ont pas compris que le Mali est désormais un pays souverain et dirigé par des hommes et des femmes responsables, qui respectent leur peuple ». Et d’ajouter : « Personne ne doit encore décider pour nous ».
Les autorités maliennes donnent 72 h à l’intéressé pour quitter le territoire malien. Cette expulsion du diplomate de l’Organisation ouest-africaine intervient au lendemain de la visite d’une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies au Mali. Une visite au cours de laquelle la Communauté internationale a exprimé sa volonté de rester derrière la décision de la Cédéao et de l’UA dans la gestion de la crise malienne, notamment en ce qui concerne le respect du délai de la transition.
Chiencoro