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Au Mali, l’association de soutien à l’imam Dicko dissoute

Ce 6 mars, les autorités maliennes ont annoncé la dissolution du mouvement que parraine l’influent imam Mahmoud Dicko, accusé de « déstabilisation et de menace pour la sécurité publique ».

La junte malienne a annoncé le 6 mars la dissolution de l’association de soutien à l’imam Mahmoud Dicko, l’un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec les militaires au pouvoir.  « La Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), créée en vue d’œuvrer pour la stabilité et la paix sociales, s’est transformée en un véritable organe politique de déstabilisation et de menace pour la sécurité publique », a justifié le communiqué du Conseil des ministres

Dicko, en Algérie depuis décembre

Si l’influent prédicateur de Badalabougou n’a pas encore réagi à cette décision, la CMAS a appelé ses membres et sympathisants au calme et à la sérénité. « Nous allons explorer toutes les voies de recours possibles, auprès du ministère de l’Administration territoriale, d’où émane la décision, et devant le juge administratif », confie Youssouf Diawara, coordinateur de la CMAS, à Jeune Afrique.

L’imam Dicko se trouve en Algérie depuis le mois de décembre. Il s’y était rendu pour y passer sa convalescence après avoir été victime, selon lui, d’une tentative d’empoisonnement. Il ne s’est pour l’heure pas prononcé publiquement sur la décision du gouvernement mais, « dans un souci de stabilité pour le Mali, il renouvelle son appel au calme », a assuré Youssouf Diawara. La CMAS se dit néanmoins prête, si nécessaire et dans un second temps, « à la désobéissance civile et à la mobilisation ».

À la tête de la contestation anti-IBK en 2020

« Depuis des mois, nous appelons à une transition civile, la transition militaire ayant montré ses limites. C’est cela qui nous vaut aujourd’hui d’être la cible des autorités. Pour faire accepter notre projet, nous sommes prêts à toutes les actions citoyennes que la loi autorise », prévient Youssouf Diawara.

L’imam Dicko serait-il prêt à reprendre la rue, comme il l’avait fait en 2020 ? À l’époque, il était devenu l’autorité morale du Mouvement du 5-Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), lequel avait mené la contestation populaire contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, finalement renversé par un coup d’État militaire.

Soutien des putschistes à leur début, le religieux a ensuite pris ses distances avant de devenir l’une des voix les plus critiques à l’égard du nouveau régime, plaidant pour un retour des civils au pouvoir et s’élevant contre le projet de nouvelle Constitution – projet qui a maintenu le principe de laïcité de l’État et qui a finalement été adopté à une écrasante majorité. L’imam est aussi l’un des rares qui semble pouvoir mobiliser dans un contexte de restriction des libertés sous le régime militaire.

Une « cabale orchestrée »

Une passe d’arme diplomatique avait éclaté fin décembre entre le Mali et l’Algérie juste après la réception à Alger, par le président Abdelmadjid Tebboune, de plusieurs figures de la rébellion indépendantiste et de l’imam Dicko – les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs respectifs des deux pays. Les soutiens de Mahmoud Dicko avaient ensuite dénoncé une « cabale orchestrée » contre lui.

Selon le communiqué du Conseil des ministres, « le parrain de la CMAS s’adonne clairement à des activités subversives susceptibles de troubler l’ordre public, notamment à travers ses récentes visites à l’extérieur et ses rencontres officielles avec des personnalités de puissances étrangères sur des questions d’intérêt national sans l’autorisation des autorités du Mali ».

« Le récépissé de la CMAS est clair. Ce n’est pas une association simple, mais bien une association à caractère politique, ce qui lui donne le droit de se prononcer sur les affaires politiques », défend Youssouf Diawara. Mi-février, la CMAS avait rejoint une coalition de 30 partis et formations d’opposition intitulée « Synergie d’action pour le Mali », afin de proposer « une autre voie » que celle des militaires.

jeuneafrique

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