Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Au Mali, l’armée a repris la ville de Kidal : ce que l’on sait

DÉCRYPTAGE. Au-delà d’un succès stratégique, la reprise de ce bastion indépendantiste par l’armée est une victoire hautement symbolique pour la junte au pouvoir.

Tout un symbole. L’armée malienne a annoncé avoir pris mardi 14 novembre Kidal, ville du nord du Mali, aux séparatistes touaregs après des années d’absence de ce territoire stratégique devenu un enjeu majeur de souveraineté pour l’État central.

Tout d’abord, la prise de Kidal est un succès symbolique significatif pour les colonels qui ont pris par la force en 2020 la direction de ce pays confronté depuis 2012 à la propagation djihadiste et à une crise sécuritaire et politique profonde. Elle a été saluée par un certain nombre de partis et d’organisations.

Des dizaines de personnes se sont réunies sur la place de l’Indépendance dans la capitale Bamako en agitant des drapeaux maliens pour célébrer cette victoire, a constaté l’AFP. Le gouvernement du Burkina Faso, pays voisin lui aussi dirigé par des militaires qui ont scellé une alliance avec les Maliens, a salué ce succès, parlant d’un moment « charnière » de la lutte contre les groupes armés au Sahel et exprimant un « soutien indéfectible » aux autorités maliennes.

La bataille de Kidal

La capture de Kidal parachève une offensive terrestre lancée en fin de semaine passée et soutenue par des moyens aériens, avions et drones, dont ne dispose pas l’adversaire. Elle a impliqué des mercenaires de Wagner, selon les rebelles et d’autres sources comme des élus, bien que la junte nie la présence dans le pays du groupe de sécurité privé russe aux pratiques décriées.

« Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal », a annoncé le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, dans un message lu au cours d’un flash spécial à la télévision d’État.

La rébellion a reconnu la perte de Kidal. Le Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes rebelles armés, a admis dans un communiqué s’être retiré de Kidal « pour des raisons stratégiques » après avoir résisté pendant plusieurs jours à l’avancée de l’armée et de Wagner en leur « infligeant de grandes pertes humaines et matérielles ». Il a parlé d’une « nouvelle étape » et a appelé à une « mobilisation permanente ». « La lutte continue », a juré le CSP, appelé à des choix opérationnels.

Kidal, foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l’Algérie situé à plus de 1 500 km et 24 heures de route de la capitale Bamako, s’était vidée d’une grande partie de ses quelques dizaines de milliers d’habitants, indiquaient des messages postés sur les réseaux sociaux.

L’armée et l’État maliens n’avaient quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes en avaient alors été chassées quand une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touaregs, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l’armée.

Les rebelles, qui s’étaient soulevés deux ans plus tôt en même temps que les salafistes, avaient accepté un cessez-le-feu avec le gouvernement quelques jours après. Ils faisaient régner la sécurité et l’ordre à Kidal depuis lors.

Les djihadistes, eux, ont continué à combattre l’État malien et toute présence étrangère, et étendu leurs agissements au centre du Mali et aux pays voisins.

Succès symbolique

Les séparatistes ont repris les hostilités en août. Le retrait de la mission de l’ONU (Minusma), poussée vers la sortie par la junte, a déclenché une course au contrôle du territoire entre les acteurs armés du Nord (armée, séparatistes, djihadistes).

La junte a signifié de longue date sa détermination à reprendre Kidal. L’insoumission de Kidal et de sa région, où l’armée a subi d’humiliantes défaites entre 2012 et 2014, était un motif ancien d’irritation à Bamako, y compris pour la junte actuelle qui a fait de la restauration de la souveraineté territoriale son mantra.

En décrochant de Kidal le 31 octobre, la Minusma a créé un appel d’air.

Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s’est mise en branle en fin de semaine passée en direction de Kidal. Elle a subi en route les attaques des rebelles. Aucun bilan humain et matériel n’a pu être établi de sources indépendantes.

Plusieurs civils, dont des enfants, ont été tués par des frappes aériennes, selon des résidents et les rebelles, ce que l’armée a démenti.

Le chef de la junte a parlé de « lourdes pertes » infligées à l’ennemi. « Notre mission n’est pas achevée. Je rappelle qu’elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire », a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a parlé sur les réseaux sociaux d’une « avancée considérable » qui « démontre la pertinence des choix stratégiques opérés par le Mali ».

« La conquête de Kidal envoie des messages au-delà du Mali », commente auprès de l’AFP le chercheur Yvan Guichaoua (Brussels School of International Studies) sur X (ex-Twitter). « Elle gonfle à bloc les régimes militaires. Elle dit : 1) les Russes font le taf ; 2) utiliser la force, il n’y a rien de mieux. »

lepoint

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance