En Somalie, la polémique enfle après l’attentat sanglant de Mogadiscio, samedi dernier. Lundi sur Twitter, les renseignements somaliens ont affirmé qu’un pays étranger avait planifié l’attaque, sans en dire plus. Or comme la bombe visait un convoi turc, beaucoup ont pensé à une implication des Émirats arabes unis, frontalement opposés à Ankara dans la région.
Les accusations officielles laissent sceptiques les chercheurs et enragent l’opposition somalienne. Le mystérieux tweet des services secrets somaliens a entrainé une polémique régionale. Dans son message, l’agence NISA n’a apporté aucune preuve de ses accusations.
Un vide dans lequel l’opposition s’est engouffrée. La coalition FNP a décrit une manœuvre « illégale » et « honteuse ». Le député de Wadajir, Abdirahman Abdishakur, a lui dénoncé « des allégations trompant le public et destinées à couvrir l’échec des services secrets ».
Pour plusieurs chercheurs d’ailleurs, voir la main de l’étranger n’a pas de sens. Les shebabs ont suffisamment d’expertise pour mener l’attaque eux-mêmes. Quant aux Émirats, ils n’ont aucune alliance avec les islamistes somaliens. Certes, des Turcs ont été tués, et Ankara est l’ennemi d’Abu Dhabi dans la région, mais ce n’est pas une preuve suffisante d’une implication émiratie.
Revendication shebab
Par contre, la Turquie elle-même est regardée avec soupçon. En effet, c’est le journal turc Yeni Safak, réputé proche du président Erdogan, qui le premier a mentionné une implication des Émirats. Selon le chercheur Rashid Abdi, le chef de l’État turc a peut-être utilisé l’affaire pour embarrasser Abu Dhabi sur un autre dossier chaud du moment : la Libye, où les deux pays soutiennent des camps opposés.
Les shebabs eux ont mis deux jours à revendiquer l’attentat. Peut-être pour ne pas se faire voler la paternité de l’opération. Sauf que les voilà responsables d’un bain de sang parmi les civils, presque 90 morts et 150 blessés. Un peu comme s’ils avaient été obligés de se tirer une balle dans le pied.