Deux gardes maliens ont été blessés dans l’attaque d’une prison dans le centre du Mali, marquée par l’évasion de dizaines de détenus dont certains avaient été reconduits en cellule mardi, a appris l’AFP auprès d’un élu local, de l’armée et de sources de sécurité.
Selon ces sources, l’assaut a été donné dans la nuit de lundi à mardi contre la prison de Niono, à une centaine de kilomètres au nord de Ségou, le chef-lieu de région, et environ 350 km au nord-est de Bamako.
Deux membres de la garde nationale ont été blessés, et plusieurs dizaines de détenus se sont enfuis, ont indiqué un élu local, une source au sein de la gendarmerie, une source policière et un responsable militaire, s’exprimant tous sous couvert d’anonymat.
Plusieurs dizaines ont fui l’établissement qui comptait “près de 90 prisonniers” avant l’assaut. Mardi après-midi cependant, “un petit groupe de prisonniers (était) à nouveau derrière les barreaux de gré ou de force”, a déclaré le responsable militaire, sans autre précision.
Plus tôt mardi, l’élu local avait fait état d'”au moins 47 prisonniers, dont un combattant jihadiste” libérés par les assaillants, qui ont aussi “gravement blessé deux membres de la garde nationale”.
En milieu d’après-midi, le même élu a fait état de détenus réincarcérés, sans cependant être en mesure de se prononcer sur le nombre total de prisonniers avant l’attaque.
“Au moins dix prisonniers sont revenus. Certains sont revenus d’eux-mêmes, d’autres ont été arrêtés”, a-t-il ajouté. Une partie d’entre eux étaient à l’hôpital lors de l’attaque.
Selon la source policière, “certains jihadistes portaient des tenues militaires, d’autres des boubous. Ils ont crié +Allah akbar (Dieu est le plus grand) ! +. Ils étaient très bien informés. Ils savaient même exactement où se trouvait leur combattant arrêté récemment”.
Les assaillants avaient été vus trois semaines auparavant aux environs de la prison, d’après l’élu local, indiquant que ce sont “des fidèles d’Amadou Koufa”, prédicateur radical peul ayant fondé un mouvement armé allié au groupe jihadiste Ansar Dine.
La source policière a aussi affirmé que les assaillants étaient des hommes d’Amadou Koufa.
“Ils ont fait le trajet de la forêt de Wagadou (à l’ouest, proche de la frontière avec la Mauritanie, NDLR), vers Niono en voiture, ensuite à moto et à pied. Ils sont repartis vers la forêt du Wagadou au nord de Niono”, a précisé la source policière.
L’attaque, qui n’avait pas encore été revendiquée mardi après-midi, intervient presque un mois après un assaut similaire à Banamba (centre), à environ 140 km au nord-est de Bamako.
Les assaillants s’étaient rendus à la prison de Banamba, libérant une vingtaine de détenus, et avaient attaqué la gendarmerie et une banque.
D’après une source pénitentiaire, ils semblaient à la recherche d’un présumé jihadiste proche du groupe nigérian Boko Haram mais qui avait été transféré avant l’attaque vers un autre établissement.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères et depuis 2015, les attaques se sont étendues du Nord à d’autres régions du pays.
Source: AFP