La suprématie de l’armée régulière est de plus en plus nuancée, en effet, par une succession d’épisodes dramatiques et coûteux en pertes d’éléments et de matériels. Le plus tragique remonte à la semaine dernière avec l’attaque meurtrière perpétrée par des assaillants terroristes qu’on a peut-être vite fait de vouer à l’éteignoir. C’était précisément le vendredi 4 mars dernier, à Mondoro où le poste de sécurité a été la cible tôt le matin d’un assaut à la voiture piégée. Selon un communiqué officiel du gouvernement, les pertes infligées au FAMa se chiffrent à 27 éléments morts au cours de l’attaque auxquelles s’ajoutent plus d’une trentaine de blessés, une importante quantité de matériels détruits en plus des portés disparus. Le communiqué indique par ailleurs que les forces spéciales nationales ont répliqué par un ratissage s’étant soldé par la neutralisation de plusieurs dizaines d’assaillants. Une prouesse qui vient s’ajouter aux nombreux succès récemment rapportés du théâtre mais qui n’estompe nullement les inquiétudes légitimes quant à la recrudescence de la terreur dans une zone où la menace terroriste persiste selon toute évidence. En atteste, par-delà l’attaque de Mondoro, de nombreuses autres poches de résistance d’où proviennent les échos d’une terreur de plus en plus insupportable pour les populations. C’est le cas vraisemblablement du village de Kounti (Cercle de Djenné) d’où des cris du cœur ont récemment retenti pour alerter sur le blocus impitoyable imposé aux populations par des occupants islamistes qui ne rencontrent la moindre résistance.
En plus de faire ombrage a la dynamique victorieuse enclenchée depuis l’épisode de Tessit, cette nouvelle donne intervient en même temps qu’une autre terreur sans visage : celle des exécutions sommaires massives de personnes brûlées vif dans une autre localité du Centre. Il s’agit d’une horreur sans signature ayant circulé sur les réseaux sociaux, la semaine dernière, et à laquelle les hautes autorités maliennes ont réagi en promettant d’y mettre toute la lumière tout en dégageant par avance la responsabilité des forces régulières opérant dans le Centre.
Quoi qu’il en soit, le triomphe sur la terreur s’annonce manifestement beaucoup moins rapide que ne l’ont présagé les reconquêtes épisodiques et éphémères de terrain.
A KEÏTA