S’achemine-ton vers une quatrième crise celle de l’Assemblée Nationale ? Les députés iront-ils au bout de leur logique après la lettre d’un des leurs au Président de la République dénonçant les entorses et manquements graves au règlement intérieur, au manuel de procédures de gestion administrative, financière et comptable de l’Hémicycle par son Président, celui-là même qui est chargé d’en assurer le respect ? Que dit la loi fondamentale par rapport à la destitution du Président de L’AN en cas des fautes graves ? Voici une série de questions que se posent les observateurs de la scène politique Malienne.
Décidément le régime d’IBK est loin d’être un long fleuve tranquille, tant les crises se succèdent et ont le même dénominateur commun l’affaiblissement des Institutions de la République. De l’investiture du Président de la République le 04 Septembre 2013 à nos jours le régime a connu trois grandes crises : la grève des travailleurs de l’UNTM suivie à plus de 80 pour cent, la crise du 21 Mai qui a occasionné la perte de Kidal et le gel de l’aide des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) consécutif à l’affaire de la surfacturation dans l’achat de l’avion Présidentiel et des équipements militaires.
Tous les regards étaient tournés vers le parlement où avait débuté la session du premier lundi du mois d’avril, conformément au règlement intérieur de l’AN. Contrairement aux autres sessions, celle de cette année revêt un caractère tout particulier pour l’histoire parlementaire du Mali. En effet, les rumeurs d’une éventuelle destitution du Président de l’AN avaient envahis la ville. Une fronde inédite était menée par les députés de la Majorité elle-même qui en avaient assez des errements du Président du Parlement, M. Issiaka Sidibé.
Que reproche-t-on réellement à l’honorable ? Nous avons mené nos investigations auprès de certains députés, qui ont requis l’anonymat. Selon nos sources, il est reproché au Président de l’AN d’avoir violé sciemment le règlement intérieur et le manuel de procédures de gestion administrative, financière et comptable en s’octroyant tout, y compris les « marchés relevant d’un petit planton ». Il lui est également reproché de s’être octroyé des primes de voyages blancs, c’est-à-dire jamais ou partiellement effectués.
Et enfin, Il lui est reproché son faible niveau intellectuel et son manque de leadership qui seraient à la base de ses comportements qui n’honorent point la troisième institution de la République. Les députés de sa propre majorité forts de ces arguments avaient entamé une procédure d’impeachment. Il aurait été destitué n’eut été l’implication personnel du Président de la République venu en la rescousse de son ami, le beau-père du « fiston national ».
IBK, tout en reconnaissant le bien-fondé des griefs à lui reprochés par ses pairs, a d’abord rappelé le président du perchoir à l’ordre, avant de demander à sa Majorité parlementaire en général et aux frondeurs en particulier, plus d’indulgence et surtout plus de cohésion pour désamorcer toutes les crises qui secouent le pays. Les conseils du « premier des maliens » ne sont pas tombés dans l’oreille de sourds.
Ainsi, le parti majoritaire s’est mis en conclave à la veille de la session pour dissiper les malentendus et parler d’une seule et même voix. A la réunion du bureau de l’AN, le Président Issiaka Sidibé présentera ses excuses pour tous les couacs commis jusque-là. Il s’est engagé à respecter tous les textes règlementaires et administratifs du Parlement.
Du point de vue juridique, était-il réellement possible de destituer le Président de l’AN ?
La réponse est non au regard de la Constitution qui dispose en son article 68 que « … Le Président de l’Assemblée Nationale est élu pour la durée de la législature » soit cinq ans. Selon notre interlocuteur, si la Constitution reste muette sur toute procédure de destitution d’un président en exercice, le règlement intérieur, quant à lui, prévoit un vote de défiance en cas de fautes graves pour contraindre le président à rendre le tablier comme ce fut le cas au Sénégal avec Macky Sall qui a été obligé de démissionner après le vote de défiance à son égard suite à l’interpellation du Fiston national du pays de la Teranga, Karim Wade sur sa gestion des fonds de l’OCI. Nous pouvons dire que pour cette fois l’orage est passé en entendant les pluies diluviennes.
En définitive l’histoire est en train de donner raison aux Opposants qui ont dénoncé l’immixtion de la famille présidentielle dans la gestion des affaires publiques.
Youssouf Sissoko
Source: Inf@sept