Avec des recettes revues à 2 054,6 milliards et des dépenses à 2387,7 milliards, le nouveau budget de l’exercice en cours dégage un nouveau déficit visiblement réaménagé au gré d’exigences des partenaires techniques et financiers. Il passe à 333,068 milliards de FCFA, soit une baisse de 54,182 milliards de FCFA que les députés ont approuvé non sans demander des comptes au gouvernement sur les facteurs explicatifs ainsi que sur l’impact de la nouvelle sur les objectifs de secteurs sensibles.
C’est avec 101 suffrages positifs, 12 contre et 9 abstentions que les députés se sont prononcés, avant-hier samedi 6 Octobre, sur la loi de finances rectificative de l’exercice 2019. C’était sous la présidence du président de l’Hémicycle, Issiaka Sidibé. Pour la circonstance, le banc du gouvernement était pourvu par la ministre du Budget, Mme BARRY Aoua SYLLA, en bonne défenderesse de cette loi de finances, ainsi que son collègue en charge des relations avec les institutions, Yaya Sangaré.
Au titre du budget initial de 2019, les prévisions de recettes s’élevaient à 2 023,150 milliards FCFA contre des dépenses prévisionnelles pour 2 410, 400 milliards FCFA. Et, à l’instar des précédentes lois de finances, le projet de budget 2019 dégageait également un déficit, lequel était évalué à 378,250 milliards selon les prévisions initiales.
Selon le rapport de la commission des Finances, le collectif budgétaire se justifie par une nette augmentation des recettes budgétaires qui passent à 31,524 milliards de FCFA grâce à des nouvelles recettes de 121,647 milliards de FCFA, ainsi que par une baisse des prévisions initiales de 90,123 milliards de FCFA, puis une diminution de 18,642 milliards de FCFA au niveau de la trésorerie résultant des ressources de trésorerie nouvelles (75,358 milliards) et d’une diminution des prévisions existantes à hauteur 94,000 milliards de francs CFA. Pour ce qui est des charges de l’Etat, la modification se traduit par une réduction drastique des dépenses budgétaires à 22,658 milliards de FCFA due à des nouvelles dépenses de 71,342 milliards et à une diminution des prévisions existantes à hauteur de 94,000 milliards de FCFA. Il en résulte, selon les calculettes de la Commission des Finances, un déficit prévisionnel révisé de 333,068 milliards de FCFA, soit une baisse de 54,182 milliards de FCFA, qui n’est autre que le rapport entre les prévisions rectifiées des recettes (2 054,674 milliards) et de dépenses (2 387,742 milliards). Le budget rectifié touche également aux prévisions de recouvrement des ressources (recettes budgétaires et ressources de trésorerie) par les services d’assiette et de recouvrement. De 1 910,961 milliards de FCFA, elles chutent à 1 909,338 milliards de FCFA, soit une diminution nette de 1,623 milliard de FCFA. Quant aux charges de l’Etat, elles passent à 2 387,742 milliards de FCFA pour les dépenses budgétaires et 348,798 milliards de FCFA pour les charges de trésorerie. La loi rectificative énonce par ailleurs qu’ : «au cours de l’exercice 2019, le Ministre chargé des Finances est autorisé à recourir à des emprunts à court, moyen et long termes pour couvrir l’ensemble des charges de trésorerie.
Nombres d’interrogations ont par ailleurs porté sur la problématique de la contreperformance de la Douane (qui n’arrive pas à atteindre les objectifs escomptés), ainsi que sur la diminution ou l’augmentation de certaines recettes pour lesquelles l’exécutif ne donne pas d’explications. L’intérêt des députés a également porté sur les ressources affectées à des secteurs tout aussi sensibles et importants comme l’agriculture et les infrastructures. Effarouché par une diminution de la subvention du développement agricole de 15% à 13%, le député Sory Kouriba s’est préoccupé des moyens d’atteindre les objectifs en termes de production et de la mécanisation agricole, de la dette exacte de l’EDM ainsi que des raisons pour lesquelles la Douane n’atteint pas ses objectifs de recettes. Apparemment opposé à toute subvention de l’EDM, son collègue Zoumana T’dji Doumbia a invité le gouvernement à revoir sa copie pour plus de crédibilité tout en déplorant l’augmentation de la subvention au même rythme que le prix du kilowatt au niveau de l’EDM. Et l’Honorable Mamadou Diarrasouba d’inviter ses collègues à la raison en proposant une interpellation du ministre concerné pour plus de détail. En effet, la ministre en charge du budget n’étant pas aux yeux du premier questeur la mieux placée pour éclairer sur des questions d’énergies, il préconise une interpellation des ministres concernés, notamment Sambou Wagué, chargé de l’Energie et de l’Eau et Seynabou Diop, des Infrastructures et de l’Equipement.
Pour ce qui concerne la baisse des recettes douanières, le président de commission des Finances, Abdine Koumaré, tout en implorant l’indulgence de ses collègues, a expliqué la baisse par l’insécurité qui ne cesse de gagner du terrain. Il a par ailleurs recommandé au Gouvernement de tout mettre en œuvre pour trouver une solution à l’épineuse question de la faible consommation du financement extérieur du BSI, mener une réflexion approfondie sur le secteur de l’énergie pour élaborer un plan de redressement de ce secteur et d’assister, à travers le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants, la Direction générale des douanes dans ses missions en zones d’insécurité.
Amidou Keita
Source: Le Témoin