Le débat sur la déclaration de politique générale (DPG) du premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga était hier, lundi 23 avril 2018, à l’Assemblée nationale. Elle est passée comme une lettre à la poste malgré les insuffisances constatées par l’opposition qui a rejeté en bloc le document.
Dans leur intervention, les députés de la majorité présidentielle ont, en grand nombre, acclamé le PM pour les propositions de solutions avancées dans la DPG même si certains ont exprimé leurs inquiétudes par rapport à certains sujets, comme ce fut le cas de l’honorable Amadou Diepkilé, député Adema élu à Bandiagara. Il a interpelé le premier ministre sur la question des 9 régions encore non opérationnelles. « M. le premier ministre, l’Etat étant une continuité, toutes les mesures idoines tant techniques que financières devraient être prises à ce jour car rien ne vaut le rapprochement de la population », a-t-il martelé. Ses inquiétudes résident au fait que la question n’est pas évoquée dans la DPG. Ce n’est pas tout. Il a invité le premier ministre à accélérer l’opérationnalisation de l’Académie de Bandiagara. La question de l’insécurité dans la région de Mopti a été évoquée par l’honorable Youssouf AYA. L’élu de Koro a invité le premier ministre à accélérer l’installation des deux bases militaires qu’il a promis.
Dans leur intervention, les députés de l’opposition ont vu en cette DPG des projets irréalisables et ont pointé du doigt tous les problèmes auxquels les gouvernants tardent à avoir de solutions. A l’entame de son intervention, le député membre du groupe VRD, l’honorable Adama Kané fait rire la salle en invitant le premier ministre de se détromper des louanges à lui faits par un député de la majorité présidentielle. « M. le premier ministre, je ne pense pas que vous devez vous réjouir de l’éloge fait en votre endroit. Notre pays ne manque pas d’héros. Je citerai Tieba Traoré, Babemba Traoré, Samory…, au lieu de prendre exemple sur un français, qui se sont opposés héroïquement contre l’occupation », a-t-il précisé. Pour lui, cette DPG est irréalisable d’ici les élections. « Comment en si peu de temps, espérez-vous mettre en œuvre l’accord et la réconciliation issu du processus d’Alger après vos prédécesseurs disposant plus de temps et ayant échoué ? », s’est-il interrogé.
Quant à Habib Sofara, député élu à Djenné, il a invité le premier ministre à avoir de solutions concernant les mesures du gouverneur de la région de Mopti interdisant la circulation des motos. « En 5ème région, l’interdiction de conduire des motos les jours comme les nuits a causé plus de mal que de bien », a-t-il déclaré. Pour lui, ces mesures jouent beaucoup sur le développement de la région.
L’honorable Kalilou Ouattara ne fait pas cadeau au gouvernement. Pour lui, il n’y a pas eu d’accord. Ce sont juste des textes qui ont été conçus.
Le premier ministre rassure les députés dans ses réponses
Le premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga a apporté des éléments de réponses dans certains domaines par rapport à certaines inquiétudes des députés.
D’abord, concernant la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger, il affirme avoir toutes les ressources nécessaires pour sa mise en œuvre. A ses dires, 125 milliards de nos francs sont prévus pour la circonstance.
S’agissant de l’opérationnalisation des régions non opérationnelles, le premier ministre a annoncé qu’elles seront toutes opérationnelles avant les élections régionales et locales prévues pour 2019.
Parlant de la réinstallation de l’administration, le premier affirme avoir travaillé au retour des préfets et sous-préfets dans 10 localités où ils n’étaient pas.
Soumeylou Boubeye Maiga s’est aussi prononcé sur la question de l’interdiction de la circulation des motos dans la région de Mopti. Pour lui, ces engins font partie des armements des hommes du mal. Cette décision, selon lui, doit encore rester en vigueur. « Je n’ai pas d’autre choix que cette interdiction », a-t-il laissé entendre.
En ce qui concerne l’éducation, il a annoncé en mai prochain, la création de six (6) nouvelles académies.
Le premier ministre rassure de la tenue d’élection libre et transparente en mois de juillet.
Pour lui, les élections se tiendront comme prévues. Toutes les conditions sont réunies déjà pour qu’elles se tiennent. Il a annoncé que l’audit du fichier électoral prendra fin le vendredi prochain. A l’en croire, tout le monde aura sa carte d’électeur le 20 juin prochain. Aux dires du premier ministre, le collège électoral sera bientôt convoqué. « Nous allons convoquer un conseil de ministre extraordinaire le vendredi prochain pour convoquer le collège électoral », a-t-il annoncé.
Certains députés de l’opposition dont l’honorable Adama Kané ne sont pas satisfaits des réponses du premier ministre. Pour lui, le premier ministre prend les choses à la légère. « M. le premier ministre, vous parlez avec tellement d’aisance. Nous allons faire ceci, nous allons faire cela jusqu’à vous prononcer sur la route Djédjeni – Bamako. De grâce, ayez du respect pour nous. Comment une route qui n’a pas pu être faite en 5 ans peut être faite en 3 mois », a-t-il laissé entendre. « M. le premier ministre, votre DPG devrait être résumée en une seule mission, l’organisation d’élections présidentielles transparentes et crédibles », a-t-il ajouté.
Quant à l’honorable Mody N’diaye, du groupe VRD, il estime que cette DPG ne contient aucune solution aux problèmes des Maliens. Pour lui, le programme présidentiel dont le gouvernement est appelé à la mise en œuvre n’existe pas. Pour le groupe VRD, cette DPG ne propose pas de solutions aux problèmes des Maliens et doit être rejetée. « Votre déclaration de politique générale ne convainc pas », a-t-il laissé entendre.
La DPG a reçu la caution de la majorité car 109 ont voté pour, 35 contre et 00 abstention.
Le Premier Ministre a remercié les députés qui ont voté pour et ceux qui ont voté contre. Il affirme que c’est ce qui fait la beauté de la démocratie.
« Le Gouvernement agira dans le centre de l’intérêt général. Nous sommes conscients des attentes en face. Nous vivons une époque difficile, mais le Gouvernement n’est pas du tout effleuré par le doute. Pour celui qui connait l’histoire contemporaine du Mali, il a surmonté plusieurs obstacles. Il faut que tout le monde comprenne qu’aucun des objectifs, individuel ou collectif, ne peut être atteint si ce gouvernement ne réussit pas ».
Boureima Guindo
Source: Le Pays