Depuis l’avènement de la démocratie en 1991 au Mali, la 5e législature est sans doute l’une des plus décevantes. Non seulement les députés ont déçu en se montrant distants du peuple, mais il y a aussi la démission de ces mêmes députés dans l’animation de la vie politique. À quelques encablures des prochaines législatives, c’est un triste bilan que ces derniers feront de la 5e législature.
L’histoire des faits politiques au Mali marquera dans ses archives le passage des députés de la 5e législature comme ayant été ceux qui auront le plus déçu leurs représentants. Élus en 2013, les députés de la 5e législature ont fait 5 ans sous le premier mandat du Président IBK, puis termineront les autres sous le régime du ‘’Mali d’abord’’ en 2023. Au cours de ces cinq années passée sous IBK, le parlement n’est pas débordant de vitalité.
En cinq années de règne sous le régime IBK, le parlement n’est pas arrivé à créer constamment de l’insomnie au gouvernement, à travers des questions orales aux membres du gouvernement qui se faisaient le devoir de venir répondre. Les dénonciations des critiques des députes sur l’action du gouvernement IBK n’ont pas été monnaie courante à travers les chaînes de télévision et les stations de radio. Puis en Août 2018, le gouvernement du « Mali d’abord » arrive encore aux affaires et l’on assiste à la mutation totale des députés de la 5e législature. Le chef de l’État ayant été élu sous la bannière d’une formation politique, ce sont les députés qui décident d’aller faire allégeance au nouveau locataire du palais de Koulouba.
Les choses se précisent après le 1er échec du projet de redécoupage du territoire. Très vite le chef de l’État malgré l’échec du projet, saisit cette opportunité pour annoncer qu’il a désormais sa majorité au parlement qui émettra un vote favorable au redécoupage politique. Cette majorité regroupe à son sein l’actuel président de cette institution, les présidents de toutes commissions parlementaires et presque l’essentiel des membres du bureau de l’Assemblée.
En face de ce bloc de la majorité, s’est aussi constitué le bloc de la minorité parlementaire composé de députés. Ce bloc de par son infériorité numérique n’a pas selon les textes de l’assemblée, les coudées franches pour influer sur le vote des lois. Les deux victoires de cette opposition n’ont été obtenues que dans le cadre de la tentative de révision de la constitution et du redécoupage politique. À chaque fois, ce bloc de l’opposition parlementaire à pu réunir la minorité de blocage. Pour le reste des lois, c’est le bureau de la mouvance qui, disposant d’une majorité obèse, vote mécaniquement tous les projets et propositions de loi. Réduisant ainsi la minorité parlementaire aux seules dénonciations des pièges contenus dans les lois ainsi votées.
Avec arrogance et une fermeture affichée aux récriminations des mandants, les députés de la majorité ont voté des lois avec une célérité déconcertante. Pendant que les députés de la minorité se plaignaient du court temps accordé pour étudier ces lois, les députés de la majorité les votaient les yeux fermés ou tirés du sommeil comme à trois heures du matin pour le cas de certaines lois polémique.
La 5e législature, précisément les députés de la majorité ont marqué les esprits par leur soutien indéfectible aux consignes du chef de l’État pour le grand malheur des populations et des corporations. Ce sont ces députés qui ont pris la tête de la campagne pour le redécoupage politique du droit de grève aux enseignants, au personnel du corps médical et aux magistrats. Ce sont encore ces députés qui ont proposé et voté la loi controversée du moment: la loi sur le code électoral.
Ces mêmes députés ont mené la campagne sur la reforme constitutionnelle et le redécoupage politique en vue. Les députés de la majorité qui sont des élus du peuple ne se sont presque jamais prononcés sur les lamentations des populations. Ils n’ont pas dit mot sur le déguerpissement brutal des occupants de la voie publique. Ils ont gardé le silence, face à la presque suppression des primes des magistrats et leur grève, sur la grève des établissements privées, sur l’augmentation des taxes et des impôts, sur les retraits polémiques d’agrément, sur le non respect par le gouvernement des décisions de justice. Pendant ce temps, les députés de la majorité expliquent partout qu’ils se disposent à accompagner le chef de l’État dans ses ambitions et ceci les yeux fermés.
Pourtant, même dans les pays où le parti au pouvoir dispose d’une majorité au parlement issue de son parti, cela ne confère pas un chèque en blanc au gouvernement de faire ce qu’il veut. Mais les députés de la majorité ont créé l’exception au Mali, le soutien à la politique du chef de l’État est synonyme de subordination, de vassalisation et d’érection du parlement en institution faire-valoir sans propre conviction. C’est cela le bilan de la honte de la 5e législature au Mali.
Cyrille Coulibaly
Source: Nouveau Réveil