Rien de mal à célébrer les arts, touareg, dogon, peul, bambara, etc. Dans ces cas, puisqu’il faut appeler le chat par son nom, on aurait baptisé autrement nos festivals : festival d’Art touareg, festival d’Art dogon, ainsi de suite.
Ces festivals touareg et dogon qui prolifèrent, dans un pays où le vivre-ensemble est sérieusement éprouvé, ne participent pas au retour et à la consolidation d’un sentiment d’appartenance commune à une même Nation. Qu’on le veuille ou pas, ces types d’initiative égo-flatteurs cultivent en nous un sentiment de préférence ethnique, par rapport aux autres groupes nationaux. D’autant plus que derrière ces activités, il y a des réseaux sociaux (associations) à base ethnique.
Bientôt, si ce n’est déjà le cas, il y aura le festival peulh, le festival malinké, le festival bobo, etc. Chaque ethnie aura le sien. Et très innocemment, doucement et silencieusement, des murs tatoués s’élèveront entre les voisins. A la prochaine crise, chacun se réfugiera non pas derrière les périmètres d’un Etat, mais au sein de sa communauté ethnique. Et ce sera à ce moribond État, la faute.
Des propositions
Il conviendrait de nationaliser ces festivals. Pour ce faire, il faut faire simple. Il faut commencer par célébrer l’art et non l’ethnie. Par exemple, à chaque festival d’art dogon, il faut y trouver des artistes peulhs, des artistes Touaregs et des artistes bamanans qui font de l’art dogon. Ou bien, il faut plutôt initier des festivals d’Art endogène des différentes régions (Festival d’Art endogène de Sikasso, de Mopti, etc.) où on est sûr de réunir dans leur diversité ethnique de telles ingéniosités artistiques.
Il faut arrêter de nous faire entraîner dans les modèles voulus par les autres, qui y trouvent leur compte ; choisissons nos propres modèles en fonction de nos défis nationaux et de nos moyens.
On peut se dire que tout ceci est exagéré, que les gens ne font qu’exercer leur liberté culturelle, sauf qu’ici on veut un festival dogon et non pas de culture dogon. Car, la culture est quelque peu transversale. Elle va toujours de quelques-uns, pour embrasser tous ceux qui l’adoptent…
Ou on se dit que cette liberté culturelle, quelle qu’elle soit, doit s’inscrire dans un cadre plus global, de liberté culturelle nationale. Et ainsi, on fait écho à l’interdiction dans notre pays, des associations et des partis politiques à base ethnique.
Malheureusement, ces lignes rouges sont aujourd’hui franchies. Mais est-ce trop tard de nous ramener dans les lignes ?
Dr Mahamadou Konaté