Les stations Star Oil, pour ceux qui s’en souviennent encore, ont pris le relais au Mobil Oil, une firme morte de sa belle mort, du moins au Mali. Mais le remplaçant de cette boîte américaine n’a jamais connu une existence meilleure que son prédécesseur. En plus d’être pratiquement absente, en tout cas de loin moins dense, les stations Star sont probablement les moins performantes sur le marché malien des hydrocarbures. Le consommateur malien en fait les frais chaque fois qu’il a malheur de détenir ses tickets en dotation d’essence. Non seulement il parcourt des dizaines de dizaines de kilomètres avant de croiser une station du genre mais il a souvent la guigne de tomber sur les nombreux points avec des cuves asséchées. Il risque même de se retrouver en panne sèche à force de bruler des litres d’essence sans atteindre une station Star doté de provision. Paradoxalement, les tickets de cette entreprise circulent comme des petits et les détenteurs sont parfois obligés de les céder au rabais pour faire le plein chez d’autres fournisseurs. Alors question : qui est-ce qui a intérêt à entretenir un fournisseur incapable d’honorer ses engagements vis-à-vis de l’Etat, principal demandeur de carburant ? Allez-y savoir. Il se racontait jadis que l’Etat était si insolvable que les fournisseurs qu’il n’avait le choix que de traiter avec les moins performants.
Quid de l’essence de contrebande ?
La polémique sur le mauvais carburant en vente dans les stations Oryx a nettement baissé en intensité, mais la question n’en est tranchée pour autant. En tout cas, le communiqué laconique des autorités sur le sujet n’aura pas suffi pour ce faire et l’opinion demeure sur sa faim quant aux risques environnementaux et sanitaires liés aux composantes nuisibles du carburant importé. Faute d’arguments solides en appui aux enquêtes suisses l’ayant révélé, d’aucuns en ont déduit les retentissements d’un règlement de comptes entre géants transnationaux du secteur des hydrocarbures. Vrai ou faux, il est quand même surprenant qu’un produit régulièrement importé fasse plus de bruit et suscite plus d’inquiétudes qu’un autre produit de même nature frauduleusement introduit sur le marché. Depuis 2012, au fait, le carburant consommé dans le Nord-Mali échappe à tout contrôle aux portes, si bien que l’essence est deux fois moins chère dans le septentrion que dans la capitale. L’importation frauduleuse massive de ce carburant commence même à envahir le marché de la capitale, au point que les points de vente anarchiques ressuscitent avec plus de vigueur malgré les mesures d’interdiction. Paradoxalement personne ne parle de ce carburant dont on ne connaît ni la provenance ni la composition.
La Rédaction