En annonçant sa candidature, l’ex-ministre est venu ajouter son nom sur la liste des prétendants URD à la présidentielle et rejoint ainsi Mamadou Igor Diarra. Si celle-ci est loin d’être bouclée, Boubou Cissé pourrait faire part de ses ambitions en amont du choix du parti devant intervenir dans les semaines à venir.
Les ambitions s’aiguisent, l’épidémie des « pourquoi-pas-moi ? » sévit, on s’y voit déjà comme chanterait Charles Aznavour. A vrai dire, si beaucoup rêvent de montrer leur tête au peuple d’aucuns ne convoitent rien d’autre que les projecteurs de l’actualité qui les arrache de l’ombre ou de leur miroir de salle de bains. Le processus de désignation du candidat excite les ego au risque de les rendre fous. La sélection du candidat unique obéît à un choix des ténors du parti. Un niveau de concurrence inédit à l’Union pour la République et la démocratie (URD). Les candidatures se multiplient, quittent à se marcher quelque peu sur les pieds. On conviendra qu’une formation politique peut le décider pour des raisons d’ordre interne – par exemple après avoir constaté l’existence de plusieurs tendances ou l’absence d’un candidat naturel incontesté.
Un second candidat s’est positionné pour la course à la désignation. Peu de doutes circulaient sur sa candidature. Me Demba Traoré s’est lancé après un long faux suspense. « Pour l’URD et pour le Mali, je sens le moment venu pour moi d’engager et de gagner la bataille politique suprême, celle de l’élection présidentielle. Je viens vous en demander l’autorisation et la bénédiction ».
La disparition du leader du parti lui a donné encore plus de force et d’obligations. Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition avait beaucoup de prestance et dégageait beaucoup d’autorité naturelle. «Soyez assurés de ma détermination, de mon engagement et de ma disponibilité à faire aboutir notre idéal commun, qui reste et demeure la poursuite du combat et de l’œuvre de notre cher et défunt Président feu Soumaila Cissé… Je suis prêt, fort de l’héritage de feu Soumaïla Cissé et de vos apports, à tracer la voie de la paix et de la prospérité pour chaque Malien, en tout point du territoire national ».
Sa défaite à la dernière présidentielle résulte quelque peud’un manque d’enracinement. Le déficit d’ancrage est un problème qui vient de loin. S’implanter, c’est un travail ingrat et de longue haleine.
L’ancrage ne suffit point
Au vu de son organisation, il est possible d’améliorer le maillage du territoire. Des efforts pour s’implanter ne doivent pas être étouffés par les divisions internes ?Les inconvénients d’un processus de désignation du candidat sont les risques de manipulation (par exemple, le fait de ne pas convoquer la réunion à temps ou de conclure des marchés en coulisse), et l’absence de répartition du pouvoir au sein du parti. « Le solide ancrage de notre parti sur toute l’étendue du territoire national est une condition nécessaire à la conquête du pouvoir avec nos alliés. Ce seul ancrage n’y suffira pas. Notre appréciation juste de l’état du pays et des dynamiques à l’œuvre dans la sous-région et au plan international, en est l’indispensable complément. Plus que jamais, l’union est un enjeu crucial pour le Mali. L’URD se doit de réussir la sienne pour être l’artisan de celle de tout le peuple malien en quête d’une démocratie apaisée ».
L’ancien ministre a annoncé samedi, sa candidature pour porter le projet libéral. Parmi les axes de son projet, Me Demba Traoré a évoqué, l’idée de « définir et conduire des politiques publiques efficientes. La conjonction de facteurs favorables que sont nos ressources internes, les alliés politiques, une large base de militants, une reconnaissance internationale, nous permet d’envisager l’avenir avec optimisme et de nous donner les moyens de réaliser notre projet politique pour le salut du peuple malien. Je suis préparé à conduire ce projet ».
Le Mali va mal
Le Mali va mal, entouré d’un monde dangereux, instable, fragile. Il compte mettre ensemble ses compatriotes et agir vraiment. « Je réponds à l’appel des sympathisants, militants et cadres du parti soucieux de préserver nos acquis et de voir aboutir le grand dessein que nous murissons pour notre cher pays depuis tant d’années ; je réponds à la volonté d’alliés politiques objectifs, qui s’adossent à nous avec l’espoir de mettre fin aux maux dont souffrent nos compatriotes ; je réponds aux sollicitations de leaders communautaires et plus largement à celles d’une Société civile en attente de justice sociale et de prospérité économique ; je réponds aux doléances d’acteurs publics et privés voulant renouer avec un fonctionnement normal de l’Etat et qui sont en attente d’un rebond de notre économie soumise à de nombreux aléas ; je réponds aux citoyens et justiciables rencontrés aux confins du Mali, au gré de dossiers défendus ; je réponds aux cultivateurs et éleveurs intimidés qui abandonnent champs et pâturages ; je réponds à ces millions de débrouillards pour qui la justice sociale ne fonctionne plus ; je réponds aux amis du Mali, qu’ils soient de la sous-région ou de contrées plus lointaines, avec lesquels nous avons de réelles convergences de vue sur la démocratie, sur les droits humains et sur le développement ».
Georges François Traoré