Le centre du Mali fait l’objet d’attaques terroristes. Pour preuve, le 23 mars 2019, le village peulh d’Ogossagou dans le cercle de Bankass (Mopti) a été attaqué par des groupes armés faisant plus de 160 morts. Furieuse de ce massacre, l’Assemblée nationale du Mali a interpellé, hier, mercredi 03 avril 2019, le gouvernement malien à l’hémicycle pour qu’il s’explique par rapport à cette situation d’insécurité au centre du Mali qui n’a que trop duré. Les honorables députés ont voulu savoir les causes réelles de cette tuerie et les mesures prises par le gouvernement pour endiguer le fléau. Le gouvernement, par la voix du ministre Salif Traoré a fait savoir que plus de 15 000 hommes sont déployés sur le terrain. « Nous sommes en train de renforcer notre présence militaire au centre du pays. Une grande opération va être déclenchée sous peu. Nous sommes conscients de la situation », précise le représentant du gouvernement. Par ailleurs, au cours de cette interpellation, certains députés ont souhaité à ce que le gouvernement soit revu, d’autres mêmes ont souhaité la démission du gouvernement.
Les travaux de cette séance d’interpellation étaient présidés par le président de l’Assemblée nationale du mali, l’honorable issaka sidibé. le gouvernement était représenté par le général salif traoré, ministre de la sécurité et de la protection civile et son homologue en charge du travail, de la fonction publique et des relations avec les institutions, mme Diarra raky talla. le ton des allocutions fut donné par l’honorable Diallo Aïssata touré du groupe parlement rpm (rassemblement pour le mali) qui a fait savoir que le nombre de victimes augmente de façon effrayante au mali. « Pourquoi cette spirale de violences ? Quelles sont les conclusions des investigations concernant les toutes premières victimes de cette série funeste ? Comment expliquer cette prolifération d’armes sophistiquées entre les mains de non professionnels », s’interroge-t-elle. elle sera suivie de l’honorable mohamed tounkara du rpm qui a déploré le fait que l’ensemble du gouvernement avec à sa tête soumeylou b maïga n’a pas répondu à cette interpellation de l’Assemblée nationale. « C’est notre droit d’interpeller le gouvernement. C’est du sabotage à l’endroit des députés. On a interpellé le gouvernement mais c’est seulement deux membres du gouvernement qui sont présents, on doit nous respecter. J’ai des choses à dire mais je ne dirais rien tant que le Premier ministre n’est là », a-t-il dit. il a fallu l’intervention de l’honorable mamadou Diarrassouba du rpm pour qu’il accepte de parler. selon mohamed tounkara, le premier ministre avait dit qu’à la date du 31 janvier 2019, les groupes armés seront désarmés mais, dit-il, aucun groupe n’est désarmé à ce jour. «On ne peut pas assister à plus de 200 morts sans que personne ne démissionne. Je demande la démission du gouvernement, ça n’engage que moi », a souligné mohamed tounkara. pour sa part, le 1er questeur de l’Assemblée nationale, l’honorable mamadou Diarrassouba du rpm a fait savoir que l’heure est grave. « La recrudescence des attaques contre les populations civiles et nos forces armées a atteint son paroxysme au cours de ce trimestre. L’attaque contre le village de Koulogon, le 1er janvier 2019 a fait plus de 40 morts, le 17 mars, la base militaire de Dioura qui payait le lourd tribut avec de plus d’une vingtaine de morts, le 23 mars, le peuple malien s’est réveillé avec la découverte d’une tragédie qui restera gravée dans la conscience collective, c’est l’attaque contre le village d’Ogossagou. Cette spirale de violence a fait de janvier à mars 2019, plusieurs centaines de victimes et un important déplacement du centre vers la capitale et d’autres régions », a-t-il dit. l’honorable Diarrassouba n’arrive pas à comprendre comment ces groupes venus de si loin dans ces grands espaces ont-ils pu échapper à la vigilance de tous les services de renseignements qui patrouillent dans la zone : Famas, barkhane, minusma, g5 sahel. il a saisi l’occasion pour faire des propositions au gouvernement. il a demandé au gouvernement de présenter incessamment un programme de pacification du centre du mali assorti d’un chronogramme avec des objectifs de court terme dont la priorité est la réduction de la violence avec en toile de fond le désarmement de toutes les milices et individus. en outre, il a invité le gouvernement à adopter une feuille de route claire pour le règlement définitif de la crise au centre et au rétablissement de la confiance au sein des communautés et entre celle-ci et l’etat. il suggère au gouvernement une redéfinition du maillage sécuritaire de sorte qu’aucune attaque ne puisse opérer sans une réponse donnée par les FAmA avec promptitude. «En ce qui concerne les drames… la responsabilité est politique» l’honorable Diarrassouba a invité le gouvernement de mettre fin immédiatement aux activités de toutes les milices et individus dans le centre du pays. il a souhaité à ce que le gouvernement ait un calendrier sur les actions en cours et envisagées en vue de mettre fin à la violence armées dans le centre. le premier questeur de l’Assemblée nationale a suggéré au gouvernement la tenue d’un forum social national avec pour objectif de trouver les voies et moyens de rétablissement des bons rapports socioprofessionnels. il a également demandé aux pouvoirs publics, aux députés, aux responsables d’être porteur de message de cohésion. « Des mesures ont été prises, celles concernant les mutations ou mouvements au sein des forces armées et la dissolution de l’Association, je pense qu’il y a des mesures fortes. Parmi ces mesures politiques, je crois que c’est la faiblesse du gouvernement. Aujourd’hui, on a dit, il y a trois mois, ce gouvernement ne peut pas nous conduire aux réformes, ce gouvernement ne peut pas aller loin, il faut revoir le gouvernement, j’insiste là-dessus, nous avons dit, les députés l’on dit quand ils ont été reçus par le premier ministre, le gouvernement ne peut pas nous amener loin, il faut élargir la base sociale et politique du gouvernement, c’est très clair, on ne peut pas rester comme ça. On ne peut pas rester indifférent à cette situation qui perdure. Le gouvernement, dans sa taille et dans ses compétences doit être revu aujourd’hui dans les plus brefs délais », a martelé l’honorable mamadou Diarrassouba. Aux dires de me Zoumana n’tji Doumbia du groupe parlementaire Apm (Alliance pour le mali), le plan de sécurisation du gouvernement est inefficace. pour l’honorable bakary Woyo Doumbia du groupe parlementaire vrD (vigilance républicaine et démocratique), ce début d’année 2019, avec son cortège funèbre de 584 morts civils et militaires maliens et étrangers, est en passe de battre le sinistre record de toute l’année 2018 qui a compté 1348 morts. « En ce qui concerne les drames de Koulongo, Dioura et Ogossagou pour ne parler que de cette année 2019, pour nous la responsabilité est clairement établie: elle n’est ni sociale, ni communautaire encore moins miliaire! La responsabilité est politique, seulement politique, entièrement politique! », a-til dit. A ses dires, la faute est politique et la sanction ne saurait être que politique. selon lui, le gouvernement a échoué. A l’en croire, la sécurité a été sous traitée à des groupes armés au nord comme au centre du mali. il a lancé un message aux autorités maliennes. « Franchement si vous aimez le Mali, Mali qui vous a tout donné, tirez les leçons de votre échec! Présentez vos excuses aux très nombreuses familles endeuillées et meurtries par votre incompétence et votre incapacité notoire à les sécuriser ! Ensuite partez ! Partez loin du gouvernail de notre nation pour permettre au vaillant peuple de sortir du deuil et d’oublier les malheurs de votre gouvernance. Plus vous restez plus nous allons continuer à observer des jours et des jours voire des mois de deuil national ! Tel n’est pas le souhait du peuple malien ! Soyez courageux et changez de place dans l’histoire, vous y êtes déjà entrés par le mur de la déception», a-t-il dit. Quant à Kalilou Ouattara du groupe parlementaire ADp-maliba/sADi, il y a guerre au mali contre l’etat malien. les députés du groupe parlementaire Adema aussi bien que le député non inscrit ont tous dénoncé l’insécurité au centre du pays causée par l’absence de l’etat. répondant aux questions des députés, le représentant du gouvernement, général salif traoré, ministre de la sécurité et de la protection civile a signalé que plus de 15 000 hommes sont déployés sur le terrain. Avant de préciser que l’etat a retiré le récépissé de Dana Amassagou qui s’est transformé en structure militaire. suite à l’attaque d’Ogossagou, le ministre a fait savoir que les enquêtes sont en cours et des suspects ont été interpellés. A ce stade, dit-il, le gouvernement n’a accusé personne. « Nous allons désarmer toutes les milices mais ça ne se fait pas dans la précipitation », a-t-il dit. il a souhaité à ce que le mandat de la minusma soit plus robuste adapté aux réalités du terrain. « Nous sommes en train de renforcer notre présence militaire au centre du pays. Nous sommes conscients de la situation. Une grande opération va déclencher sous peu », a-t-il dit. A la fin de la séance d’interpellation, l’Assemblée nationale du mali a adopté une résolution dans laquelle elle invite le gouvernement à faire toute la lumière sur les circonstances de ces massacres pour en identifier les auteurs, à engager contre eux les poursuites devant les juridictions compétentes et à apporter aux survivants l’assistance nécessaire à leur équilibre moral et à leur réinsertion dans le tissu économique et social.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain