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Après la mort d’un soldat français au Mali, la position de plus en plus intenable de la France au Sahel

Après la mort, samedi 22 janvier du brigadier Alexandre Martin, du 54e régiment d’artillerie de Hyères, lors d’une attaque au mortier contre le camp de Gao, dans le nord du Mali, la France est confrontée à une impasse à la fois militaire et politique. 

 

Malgré l’élimination de nombreux chefs jihadistes ces derniers mois, les attaques menées par des groupes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique continuent. À Gao, les obus de mortiers ont frappé le coeur opérationnel de Barkhane. Malgré neuf ans de présence militaire française, le Mali, mais aussi le Niger et le Burkina Faso s’enfoncent dans une spirale de violences.

La contagion frappe désormais des pays de la sous-région offrant un accès à la mer : la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin. Et l’instabilité régionale gagne du terrain, notamment au Burkina Faso où les mutineries qui ont éclaté dimanche 23 janvier semblent se muer en putsch militaire contre le président Roch Kaboré. L’impasse est militaire mais aussi politique, car cette insécurité nourrit le ressentiment à l’encontre de l’ex-puissance coloniale. Les manifestations anti-françaises se multiplient, notamment au Mali, où depuis le double coup d’État du colonel Assimi Goïta (en août 2020 puis mai 2021), les relations avec Paris sont exécrables.

300 mercenaires de Wagner au Mali

La junte au pouvoir a franchi une double ligne rouge, en reportant les élections initialement prévies fin février, et en faisant appel à des mercenaires de Wagner, groupe paramilitaire russe qui compte 300 hommes sur place, épaulés par le travail de sape des usines à troll qui ciblent la France.

Dans ce contexte extrêmement tendu, Barkhane se réorganise. Le mouvement a été enclenché par Emmanuel Macron en juin 2021. Les troupes françaises ont quitté les trois bases les plus au nord du Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, près de la zone des “trois frontières”. De 5 000 hommes à l’heure actuelle, la présence française au Sahel va être réduite à moins de 3 000 hommes d’ici 2023.

Ce mouvement va-t-il s’accélérer ? Pour l’heure Emmanuel Macron élude le sujet. Il n’en a pas dit un mot lors de ses voeux aux Armées le 19 janvier. Pendant ce temps, en Europe, certains partenaires de la France au sein de la force Takuba, censée prendre un jour le relais de Barkhane, ont franchi le pas : la Suède ne renouvellera pas le mandat de ses troupes – une petite centaine de soldats, et l’Allemagne pense à relocaliser ses 1 300 hommes présents au Mali.

Quitter l’ancien pré-carré ?

Takuba est pourtant un symbole fort pour Emmanuel Macron. Il s’agit d’une manifestation concrète de l’Europe de la défense qu’il promeut. Un départ de Barkhane signerait la fin de cette force européenne qui regroupe actuellement 14 pays. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles il est très difficile de quitter le Mali. la France vient d’entamer sa présidence de l’Union européenne et surtout les élections approchent.

Partir après neuf ans de guerre, des milliards dépensés, 53 vies de militaires français fauchées serait offrir une victoire à la propagande jihadiste. Ce serait aussi laisser le champ libre à la Russie dans cet ancien pré carré, longtemps symbole de la puissance militaire et de l’influence françaises.

Source : Franceinfo

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