Les ressortissants de Yélimané, en nombre important, ont organisé un sit-in de deux heures devant l’Assemblée nationale, hier lundi. À l’issue de la manifestation consécutive à la violence entre populations et des Gendarmes, une lettre a été remise au vice-président de l’Hémicycle, Seydou DIAWARA. Dans ce document, les manifestants demandent notamment la levée de l’immunité de l’honorable GASSAMA soupçonné d’être à l’origine de cette violence qui a fait un mort et des dizaines de blessés graves.
Mobilisés devant l’Assemblée nationale, pendant plus de deux heures, les membres des associations de Yélimané Dagakane, Diafounou Dagakane demandent la tête de l’honorable Mamadou Hawa GASSAMA en scandant: ‘’GASSAMA, criminel’’, ‘’GASSAMA, assassin’’, ‘’GASSAMA, tueur’’, ‘’on ne veut pas de lui’’, ‘’il est le problème de notre cercle’’.
En même temps, les manifestants, portant des brassards, des foulards rouges et des habits noirs en signe de deuil et de compassion, brandissaient des pancartes et affiches sur lesquelles, il était écrit : ‘’je suis Yélimané’’, ‘’nous sommes Yélimané’’, ‘’nous sommes déterminés’’, ‘’ne nous tuez pas pour notre droit’’.
Dans cette foule, les posters de dizaines de victimes de cet événement tragique étaient également exposés. Des photos montrant des personnes gravement blessées par les balles des Gendarmes.
L’émotion, l’indignation, la colère se sentaient dans les propos de ces manifestants très remontés. Pour beaucoup d’entre eux, c’est la première fois qu’un tel acte de violence se déroule dans leur commune. Ils indexent tous, dans cette affaire, l’honorable GASSAMA comme étant à l’origine de cet affrontement à Konsiga et bien d’autres situations conflictuelles dans le cercle de Yélimané.
«Nous affichons ces photos pour que la communauté nationale et internationale sache l’horreur qui s’est déroulée à Konsiga à cause de l’entêtement de l’honorable Mamadou Hawa GASSAMA. Ces photos sont également pour nous un motif supplémentaire de motivation. Nous promettons que nous irons jusqu’au bout de cette affaire pour honorer la mort de notre vieux. Il a été tué pour la cause de notre communauté, c’est à nous de nous battre contre GASSAMA afin que son âme repose en paix», déclare ce manifestant qui soutient que ce combat est une question d’honneur.
Notre interlocuteur, avec son brassard rouge, se penche sur l’ampleur de la violence et la démesure des Gendarmes à utiliser de balles réelles sur des civils.
Mais il dit en vouloir plus au maire et à ses alliés, dont Mamadou Hawa GASSAMA qu’aux Gendarmes, car il estime que la situation n’aurait pas dégénérer s’ils avaient accepté d’écouter la population et de mettre en avant l’intérêt général des communautés de Konsiga.
De son côté Kandia TRAORE, furieuse devant des députés venus à leur écoute tempête : « Trop c’est trop. On ne veut plus de l’honorable Mamadou Hawa GASSAMA. Il est en train de nous traumatiser. Il impose des diktats à la population. Il abuse de son statut de député pour poser des actes illégaux. Il y a présentement deux femmes hospitalisées à cause des agissements de l’honorable GASSAMA».
Pour cette femme, l’heure est à la levée de l’immunité du député Mamadou Hawa GASSAMA afin qu’il réponde devant la justice des actes dont il est accusé d’être l’auteur ou complice.
L’AN se réunit aujourd’hui autour des doléances des manifestants
En marge de la manifestation, une délégation restreinte des ressortissants de Yélimané, conduite par Séga DOUCOURE, a été reçue par des députés de l’Assemblée nationale, en l’occurrence les honorables Seydou DIAWARA, vice-président et Mamadou DIARRASSOUBA, 1er questeur. Au nom de toute la communauté de Konsiga et du cercle de Yélimané, M. DOUCOURE faisant office de porte-parole des manifestants a remis une lettre au vice-président, Seydou DIAWARA pour le président de l’Assemblée nationale.
Dans cette lettre, la population de Konsiga demande la diligence d’une enquête afin de situer les responsabilités et de sanctionner les coupables ; la levée de l’immunité parlementaire du député Mamadou Hawa GASSAMA, coupable à ses yeux de la situation qui prévaut à Yélimané et le traduire devant la justice. Aussi, les manifestants réclament, dans leur document, la démission du maire de la commune de Konsiga, Tamassa KEBE ; le départ du préfet du cercle de Yélimané, du sous-préfet de la commune de Tambacara et celui du gouverneur de la région de Kayes.
En retour, l’honorable Seydou DIAWARA, recevant la lettre adressée à la place du Président de l’Assemblée nationale, signale que le Mali n’a pas besoin davantage de scènes de violence et appelle les manifestants au calme et à rester légalistes.
« Nous vous exhortons d’être calmes, de vous référer aux autorités. On ne peut rien régler dans la violence. Il faut être pacifique ; vous êtes des fils du même village, du même terroir. Quelles que soient les divergences aujourd’hui, vous avez eu à collaborer ensemble. J’ai la conviction que demain vous collaborez ensemble. Nous transmettrons votre document à qui de droit», a assuré M. DIAWARA.
Sur ce sujet, l’honorable Mamadou DIARRASSOUBA précise que dès aujourd’hui, l’Assemblée nationale va se réunir sur les doléances des manifestants.
Par Sikou BAH
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