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Application de l’accord de paix d’Alger : Les Maliens vers un énième soulèvement

La transition à peine commencée, un ballet diplomatique de la communauté internationale défile chez le président Bah N’Daw  pour demander la mise en application de l’Accord de paix d’Alger  transformé en Accord pour la paix. Les nouvelles autorités de Bamako doivent extrêmement faire attention à cet «accord de partition de notre pays».

L’Algérie n’est pas sincère avec notre pays, on comprend les va-et-vient des personnalités algériennes à Bamako. Le 23 septembre 2020, l’Algérie a dressé des bornes sur une partie du territoire malien au moment où ses diplomates entreprennent des démarches auprès des nouvelles autorités maliennes pour l’application de l’Accord d’Alger (communément appelé Accord pour la paix).

Depuis l’indépendance, le Mali a connu quatre (04) rébellions armées  dans le Nord du pays (1963-1964, 1990-1992, 2006, 2012-2013) qui ont donné lieu à une série d’accords de paix. Pour certains, la répétition de ces rébellions serait due à la mauvaise application des accords. Pour d’autres, il convient de chercher les causes ailleurs. Elles ont plusieurs origines: d’abord dans les avantages divers accordés aux groupes rebelles qui encouragent à reprendre les armes régulièrement.

Il semble qu’une motivation importante des trois (03) dernières rébellions touarègues maliennes soit une résistance des autorités traditionnelles, les Touaregs nobles (Ifoghas ), vis-à-vis des règles démocratiques de la majorité, imposées par Bamako, qui transféreraient localement le pouvoir à des Touaregs tributaires, de castes inférieures, les Imghads (les historiens indiquent d’ailleurs que la rébellion des Touaregs Oulliminden, en 1916 contre la France coloniale, avait la même cause: le bouleversement de la hiérarchie sociale). C’est pourquoi il était malvenu pour la communauté internationale de soutenir le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) formé par le groupe social minoritaire des nobles Ifoghas, oppresseur, se faisant passer pour opprimé.

Après les Accords de Tamanrasset et d’Alger des années 1990 et 2000, celui de 2015 semble être un accord de plus avec approximativement les mêmes conclusions, allant du renforcement de la décentralisation à la réforme de l’armée. Si pour le gouvernement malien l’accord signé marque sans doute la fin d’un long processus de concessions faites aux insurgés, pour la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui a signé un mois plus tard sous la pression de l’Algérie et de la communauté internationale, les groupes armés cherchent  le pouvoir.

Les groupes rebelles de la CMA ont préféré pendant un moment mettre en exergue des nuances, c’est- à- dire, le partage du pouvoir, selon l’argument développé par Mahamadou Djéri Maïga (paix à son âme), l’un des responsables des organisations touarègues armées. Autrement dit, la Coordination des mouvements de l’Azawad argumentait beaucoup sur le document dit d’arrangement sécuritaire qu’elle a signé, le 8 juin 2015 en Alger, exigeant l’arrêt des combats et le maintien de leurs forces à Kidal et dans les localités qu’elles occupent.

Sur le plan institutionnel et de la réorganisation territoriale, on note  au chapitre III (art. 8) revient comme dans les accords précédents sur la mise en place d’une assemblée régionale élue au suffrage universel direct. Cet élu sera le chef exécutif et administratif de la région. C’est-à-dire, qu’il aura la responsabilité de la future police territoriale, sans  oublier la mise en place, en 2018 d’un mécanisme de transfert de 30% des recettes budgétaires aux collectivités territoriales du Nord et 50% des effectifs des ressortissants du Nord pour la fonction publique. C’est la solution préconisée par les différents protagonistes et le médiateur algérien pour que les insurgés renoncent à leur projet autonomiste ou indépendantiste.

Cependant, si les principaux dirigeants de la rébellion touarègue ont su porter avec beaucoup de ténacité leurs revendications, c’est parce que sur le terrain, ils se sont imposés en boutant l’armée malienne de Kidal, qui devient du coup leur bastion.

En le faisant, ils pensent être représentatifs de l’ensemble des populations du Mali-Nord, alors qu’ils ne sont que très minoritaires. Leur revendication pour un Azawad autonome ne doit certes pas cacher les difficultés et les rivalités qui traversent la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), notamment entre les Touaregs eux-mêmes et entre les Touaregs et  Arabes.

À coté du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), existe  la Coalition pour le peuple de l’Azawad (CPA), le Haut Conseil pour l’unicité de l’Azawad (HCUA), proche d’An Sar Dine et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). En se regroupant au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), les différents leaders de la rébellion ne font que renforcer leur opportunisme, car nous avons à faire à des individus qui sont, tantôt anciens politiques, tantôt anciens militaires et exilés libyens ou encore anciens alliés aux terroristes. Ils sont le plus souvent tentés par les intérêts particuliers et tribaux.

Si leur entrée en rébellion a été fortement médiatisée, leurs actions ne sont pas soutenues par l’ensemble des populations du Nord. C’est dans ce contexte que la création de mouvements dits d’autodéfense des forces patriotiques de résistances et du Groupe touareg Imghad et alliés (GATIA) a été perçue par les rebelles comme des milices pro-gouvernementales. Leurs véritables affrontements remontent à la fin du premier trimestre 2015 pour le contrôle de la localité de Ménaka. Après plusieurs jours de combats, les milices pro-gouvernementales se sont emparées, le 27 avril 2015 de cette ville considérée comme un des principaux bastions du MNLA.

En réalité, si le Mouvement national de libération de l’Azawad voulait à tout prix conserver cette localité, c’est parce qu’à Kidal, ses combattants ne sont jamais parvenus à y exercer totalement leur influence face à leur rival du HCUA, proche  d’Ansar Dine et de la chefferie traditionnelle. Par ailleurs, celui qui contrôle Ménaka, a le monopole des routes de trafics, allant de la vallée de Tilemsi jusqu’à la frontière nigérienne.

Safounè KOUMBA

Inter De Bamako

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