«Soyons clairs, les forces déployées au Sahel ne sont pas suffisantes !»
Dans une interview accordée à la Radio France Internationale (RFI) et la Télévision France 24 à Addis-Abeba, en Éthiopie où s’est tenu le 33ème sommet de l’Union Africaine, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, s’est longuement prononcé sur la situation sécuritaire au Sahel qui, selon lui, est «une préoccupation» majeure. La nécessité d’un mandat robuste est «une évidence» de nos jours. «Soyons clairs, le dispositif de sécurité qui existe aujourd’hui au Sahel est insuffisant pour faire face à la menace terroriste. Nous avons la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA), qui est une force de maintien de la paix, nous avons le G5 Sahel, nous avons l’opération française Barkhane et une présence américaine au Niger. Tous cet ensemble est insuffisant», a clairement répondu Antonio Guterres.
«À mon avis jusqu’à présent, ni au conseil de sécurité, ni dans la logique de ceux qui ont une capacité pour aider les africains à créer un mécanisme efficace, n’a pas eu la conscience suffisante d’éviter le risque». Les «risques pour le Sahel et pour le continent africain» sont aussi «des risques pour nous tous.»
A la question: les attaques djihadistes sont de plus en plus fréquentes et meurtrières et le G5 Sahel ne semble pas être à la hauteur pour le moment de Christophe Boisbouvier, le patron de l’ONU a reconnu que le dispositif actuel est imparfait. «Soyons clairs, le dispositif de sécurité qui existe aujourd’hui au Sahel est insuffisant pour faire face à la menace terroriste. Nous avons la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA), qui est une force de maintien de la paix, nous avons le G5 Sahel nous avons l’opération française Barkhane et une présence américaine au Niger. Tous cet ensemble est insuffisant», a clairement répondu Antonio Guterres. Au sujet du retrait militaire américain du Sahel, le Secrétaire général estime que celui-ci naturellement sera un coup dur dans la mesure où l’ensemble des forces sont en difficulté dans cette lutte. «Naturellement si une des parties sort, les difficultés seront encore pires. Il y a un risque réel que la présence des états soit plus réduite qu’aujourd’hui», a reconnu Antonio Guterres. Et d’ajouter qu’«il faut absolument comprendre que quand il y a une situation de terrorisme, où la paix n’existe pas, il nous faut une force d’imposition de la paix et une force contre terroriste qui doit avoir la capacité militaire suffisante, avec un mandat clair du Conseil de Sécurité sur le chapitre 7 et avoir un financement garanti avec des contributions obligatoires que nous avons proposé mais ça n’a pas été reconnu». Selon lui, il faut reconnaître que le terrorisme est en train de gagner du terrain avec ce qui se passe au Burkina, au Mali et au Niger qui est une tragédie humanitaire avec un impact terrible sur les états eux-mêmes. «Le dispositif sécuritaire dont nous disposons ensemble est insuffisant et le terrorisme progresse au Sahel, progresse vers le Sud», a-t-il martelé ajoutant que les présidents du Ghana, de la Côte-d’Ivoire, du Bénin sont très préoccupés de cette avancé progressive dont des liaisons avec le Lac Tchad sont établies et menace la paix. Il a aussi reconnu que maintenant le phénomène terroriste est complexe. Puisque aujourd’hui, le Nord du Mozambique et la République Démocratique du Congo (RDC) sont menacés, ce qui est une évidence que des rapports, ou un réseau de propagation existe et qu’il faille prendre cette menace au sérieux.
CRÉER UN MÉCANISME D’AIDE AUX PAYS AFRICAINS
«A mon avis jusqu’à présent, ni au conseil de sécurité, ni dans la logique de ceux qui ont une capacité pour aider les africains à créer un mécanisme efficace, n’a pas eu la conscience suffisante d’éviter le risque», a déploré Antonio Guterres qui estime que les «risques pour le Sahel et pour le continent africain» sont aussi «des risques pour nous tous». Ce qui explique sa préoccupation.
NÉCESSITÉ D’UN MANDAT ROBUSTE ET DES COTISATIONS OBLIGATOIRES…
Depuis des années le Secrétaire général a plaidé pour un mandat plus robuste et des cotisations obligatoires. Malheureusement, ses appels sont sans réponses: «Je continuerai à me battre pour ce que je crois non seulement mon opinion mais je crois que maintenant les faits démontrent à l’évidence qu’il faut le faire», a-t-il notifié. Même la réaction est lente, Guterres ne désespère pas. Car, il y a beaucoup de démarche notamment de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), des pays du G5 Sahel, de la France et des autres pays européens. Notamment la présence européenne à travers les forces spéciales en est un geste fort. «Je pense qu’il y a une conscience accrue et les États-Unis comprennent que nous avons besoin d’un mécanisme sécuritaire fort et celui-ci ne protégera pas seulement le Sahel mais il est essentiel pour le continent africain et pour nous tous», a insisté le Secrétaire général.
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