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ANR : On en parle même dans les marchés

Les travaux de la phase finale des Assises nationales de la refondation ont démarré hier à Bamako. À cette occasion, nous avons approché certains citoyens en ville qui s’accordent sur la nécessité de la tenue de ce grand dialogue entre Maliens. Mais chacun a sa vision de la refondation

En cette veille de Noël, qui célèbre la naissance de Jésus de Nazareth, le marché à légume «Woni da» est animé un peu plus que d’ordinaire. Difficile de se frayer un chemin dans ses allées étroites.

Les légumes : concombres, tomates, choux débordent, envahissant la chaussée. Les cris des enfants, les hurlements des vendeurs de sachets plastiques et des pousse-poussiers cherchant à se frayer un passage dans la foule compacte donnent une ambiance spécifique à ce lieu.

Ce marché est situé à l’entrée du Grand marché de Bamako, en traversant le pont des Martyrs, en provenance de la rive droite. Des dizaines de véhicules chargés de légumineuses et autres produits frais cultivés notamment à Kati (ville garnison située à 15 km de Bamako) et autres localités y convergent toute la journée.

Détaillants et ménagères s’y approvisionnent. Ici, on parle business. La négociation bat son plein, entre vendeuses, clients et revendeurs. Les femmes, majoritaires sur le lieu, exposent ces produits en plein air et invitent les clients à y jeter un coup d’œil.

Formant une ligne rectiligne, un groupe de vendeuses de légumes est assis dernière de gros paniers remplis de tomates fraiches. Une d’elle, la quarantaine, lâche quelques mots à propos des Assises nationales de la refondation (ANR).

«Je ne suis pas au courant de cette initiative. Nous n’écoutons ni la radio, ni ne regardons la télévision. Nous venons ici le matin et ne rentrons que le soir. Nous n’avons pas le temps de nous intéresser à d’autres sujets», explique la vendeuse de tomates, avant d’interroger sa voisine à ce sujet comme pour corroborer ses propos.

En Malienne visiblement convaincue des vertus du dialogue, elle juge opportune l’organisation des Assises, car, souligne-t-elle, les vertus du dialogue sont ancrées dans notre société.

«Nous n’avons pas la chance de participer à ce genre de rencontres, mais nous demandons aux participants de prendre les meilleures décisions pour le pays. Nous prierons pour le pays afin que des solutions soient trouvées aux problèmes», souhaite la commerçante. Si cette marchande ignore la tenue des Assises nationales de la refondation, ces rencontres semblent être le sujet principal des discussions au Grand marché, arène pour toutes sortes de petites activités de commerce.

Politique, sports, religion, etc., ils parlent de tous les sujets à l’image de Badian Fofana. Entre ce vendeur de valises, de sacs et d’articles divers et son ami négociant de café noir, la discussion est tendue. Celui qui dit être dans le négoce depuis plus de dix ans donne son avis sur les Assises. Une manière pour lui d’indiquer ce qu’il estime être «la priorité des priorités» concernant le «Malikura». «Nous venions de discuter des Assises.

Pour moi, la principale préoccupation devrait être la réduction du coût de la vie pour les citoyens lambda. Les échanges doivent évoquer la cherté des produits de première nécessité. C’est une très bonne chose de pouvoir en parler. Si j’avais la chance d’être devant les dirigeants, je parlerais de ce sujet», insiste-t-il. Sur le plan de la sécurité, Badian Fofana pense que «beaucoup de progrès ont été réalisés mais que les efforts doivent être consolidés».

La refondation du Mali, Alfousseini Soumbounou en rêve également. Jeune conducteur de mototaxi depuis trois mois, il confie avoir abandonné les études en classe de 7è année de l’école fondamentale. La vingtaine révolue, Alfousseini Soumbounou estime que les Assises nationales sont une très bonne initiative et espère que les résolutions déboucheront sur des pistes de solutions permettant de juguler les principaux problèmes auxquels le pays est confronté.

Mohamed TOURÉ

Source : L’ESSOR

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