La tenue des ANR est au centre des discussions dans les «grins», les commerces et autres lieux de travail. Adama Coulibaly, la quarantaine, est réparateur de moto au « Quartier du fleuve ». Accroupi au pied d’une moto de marque Djakarta, vêtu d’un pantalon jean assorti d’un body, entaché d’huile à moteur, il essaie de réparer l’engin à deux roues. Ses apprentis l’entourent.
Il confirme être au courant des Assises. Interrogé sur les actions prioritaires à mettre en œuvre dans le cadre de la refondation du Mali, Adama Coulibaly propose deux pistes de solutions qu’ils estiment être les meilleurs remèdes pour sortir de cette crise. «Je demande la prolongation de la Transition et exige le départ de la France du sol malien», propose-t-il.
En la matière, il dit faire confiance aux autorités de la Transition qui, selon lui, ont la capacité de sauver ce pays. La preuve : c’est la vérité que le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga a dite, il y a quelques mois, à la tribune des Nations unies lors du sommet réuni à cet effet à New-York. «Cela prouve qu’on est conscient des enjeux que l’heure est arrivée pour nous de nous soulever afin de nous tirer des griffes de la France», explique notre interlocuteur. Pour lui, beaucoup de gens se croyaient intouchables mais les autorités de la Transition ont prouvé que tous les Maliens sont égaux devant la loi.
Au plan économique, Adama propose de renégocier les contrats miniers afin d’augmenter à 50% minimum la participation de l’État dans les sociétés minières.
Au Banconi, quartier populaire situé en Commune I du District de Bamako, une dizaine de réparateurs de moto sont, dès 9 heures du matin, déjà visibles le long de la route qui mène à Djanguinèbougou.
Habillés en tenue de travail, un chef de garage et ses apprentis forment un cercle autour d’une assiette remplie de boulettes de viande et du ragout (pomme de terre sautée). Quand nous avons évoqué les ANR, le chef Daouda Koné lance : «La Transition doit être prolongée et le bamanankan doit être érigé en langue officielle». Il veut aussi que la France quitte notre sol.
Rokiatou TRAORÉ
…Les tailleurs aussi
Arrêté devant une table, la tête baissée, le ciseau en main, Mamé Diarra coupe un tissu à la marque wax. Couturier de son état, le trentenaire est dans son atelier en compagnie de ses collègues. A l’entrée, deux sont assis à faire du thé avec leurs téléphones en main.
A l’intérieur, deux autres sont sur leurs machines à coudre. Personne ne dit mot, la musique fait de la bonne compagnie et les têtes se remuent à son rythme. Nous les avons interrogé à propos des ANR. Le premier intervenant, Bouacar Coulibaly, propose les solutions suivantes : le départ de la France, l’officialisation de la langue Bambara, la révision de la Constitution et la prolongation de la transition. Il explique que la transition doit continuer jusqu’à ce que le pays soit stable.
Son voisin Moussa surnommé « Politicien» conseille la valorisation de l’agriculture, estimant que c’est le seul moyen d’être indépendant. Parce que, pense-t-il, quand la nourriture est assurée, le reste est facile. « En plus, la communauté internationale ne peut pas nous mettre la pression pour faire les élections car dans la Constitution si le pays ne dispose pas des 100% de son territoire, la tenue des élections n’est pas possible », martèle «Politicien ».
Notre course prend fin à Medina-Coura, dans l’atelier de Bourama Tall. Il est installé parmi ses nombreux apprentis Bourama salue les autorités pour l’initiative de ces assises et propose quelques pistes de solutions. Pour lui, le pays a besoin de respirer avant les prochaines élections. Il est aussi pour la diversification du partenariat dans le domaine de la défense et de la sécurité, c’est pourquoi il est pour la présence de Wagner au Mali.
R. T.
Source : L’ESSOR