Luanda – La PDG de la compagnie pétrolière nationale Isabel dos Santos, fille de l’ex-chef de l’Etat José Eduardo dos Santos et symbole du népotisme reproché à son régime, a été limogée mercredi par le nouveau président angolais Joao Lourenço.
Cette éviction spectaculaire constitue un geste fort de M. Lourenço, qui a promis à plusieurs reprises de rompre avec l’héritage de son prédécesseur.
M. Lourenço a décidé de “relever de leurs fonctions les membres du conseil d’administration” de la Sonangol, a indiqué la présidence dans une déclaration diffusée à la presse.
Surnommée la “princesse”, Isabel dos Santos, 44 ans, avait pris en 2016 la direction de la compagnie, en grande difficulté.
La nomination de celle que le magazine américain Forbes présente comme la femme la plus riche d’Afrique avait suscité les plus vives critiques des adversaires de son père, accusé d’avoir privatisé l’économie du pays au bénéfice d’une poignée de proches.
Successeur désigné de M. dos Santos qui a régné pendant trente-huit ans sans partage sur le pays, Joao Lourenço a pris les rênes du pays en septembre après la victoire du parti au pouvoir aux élections générales d’août 2017.
Pendant sa campagne électorale, l’ancien ministre de la Défense, 63 ans, avait promis de prendre ses distances avec son puissant prédécesseur, toujours chef du parti au pouvoir, et de lutter contre la corruption.
“Personne ne sera au-dessus des lois”, avait-il proclamé à la veille de sa victoire devant la presse étrangère.
Dans son premier discours devant le Parlement le mois dernier, Joao Lourenço avait plaidé pour un “renforcement du système démocratique” et s’était engagé à “corriger certaines pratiques générales” en “donnant l’exemple”.
Je veux continuer
Le départ d’Isabel dos Santos constitue une surprise, car elle avait elle-même affirmé à plusieurs reprises vouloir garder ses fonctions à la tête de la Sonangol.
“Le mandat de PDG de Sonangol n’est pas dépendant du processus électoral (…) je veux continuer”, avait assuré la patronne de l’entreprise avant le scrutin du mois d’août.
Malgré ses efforts, la compagnie pétrolière nationale reste encore très fragile à cause du bas niveau persistant des prix du baril.
Depuis la fin en 2002 de la guerre civile, le pétrole a offert à l’Angola, un de ses deux principaux producteurs d’Afrique subsaharienne avec le Nigeria, une croissance à deux chiffres exceptionnelle, avec un pic de 20% en 2007.
Ses ventes contribuent aujourd’hui pour plus de 70% aux recettes fiscales du pays.
Mais lorsque le cours du brut a commencé à fléchir en 2014, il a mis la Sonangol en difficulté, contraint l’Etat à se serrer la ceinture et entraîné dans sa chute toute l’économie du pays, un des plus pauvres du continent.
L’économie angolaise a connu en 2016 une croissance quasiment nulle qui devrait rebondir pour atteindre 1,3% cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI).
En décembre dernier, la compagnie a annoncé qu’elle ne verserait pas de dividendes à l’Etat, une première.
Mme dos Santos sera remplacée à la tête de la Sonangol par l’ancien secrétaire d’Etat au Pétrole Carlos Saturnino, selon le décret présidentiel.
(©AFP / 15 novembre 2017 15h34)