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Anémie : À prendre au sérieux

«Toutes les anémies ne sont pas pareilles et ne se traitent pas de la même façon»,tel est le conseil du Pr Yacouba Diallo, hématologue à l’Hôpital du Mali. D’après ce spécialiste, il faut toujours consulter un médecin quand on sent les signes d’une anémie.

 

L’hématologue explique que l’anémie n’est pas une maladie en soi, mais c’est un signe fréquent en médecine. Ce signe ou encore symptôme, fait toujours appel à une cause profonde qu’il faut toujours chercher et traiter pour être efficace dans le traitement du malade. C’est une situation très fréquente, car faisant partie du quotidien du médecin. Cela signifie qu’elle se voit dans toutes les spécialités médicales ou chirurgicales.

«L’anémie est une situation où le globule qui est chargée de transporter l’oxygène vers les tissus et le gaz carbonique dans le sens inverse, a ses capacités diminuées», définit-il. C’est en effet, une baisse du taux d’hémoglobine qui est le pigment contenu dans le globule rouge indispensable au transport de l’oxygène.

Dans le langage courant, on définit à tort l’anémie comme «manque de sang». Il précise que ce n’est pas un terme adapté, car la quantité de sang peut être normale mais la qualité peut faire défaut. Le taux normal d’hémoglobine varie entre 12 et 18 g/dl. Cela varie en fonction du sexe et de l’âge du patient. Les femmes ont entre 12 et 16 et les hommes c’est entre 13 et 18 g/dl.

Les besoins de fer chez la femme sont beaucoup plus élevés. Chaque femme peut perdre le fer pendant les menstruations et les besoins sont plus augmentés pendant la grossesse. En parlant de cause, le spécialiste dit qu’il y a des causes extérieures au globule rouge et les causes internes qui lui sont propres. Dans les situations d’urgence où il y a une anémie qui est mal tolérée, on peut transfuser le malade pour maintenir un taux d’hémoglobine suffisant qui permettra à l’organisme de se maintenir, mais il faudrait absolumentrechercher à savoir pourquoi l’organisme a perdu l’hémoglobine.

La démarche pour identifier la cause de l’anémie permettra de classer les anémies sous différents types. L’anémie est classée en fonction de la taille et de la coloration du globule rouge. En fonction de la taille, il y a les anémies microcytaires (globule de petite taille résultant d’une mitose excessive parce que le nombre d’éléments qui intervient dans la fabrication des globules rouges est insuffisant), les anémies macrocytaires (globule rouge de grande taille par mitose insuffisante due à une carence vitaminique) et les anémies normocytaires (globule rouge de taille normale). Concernant la coloration, le praticien cite les anémies normochromes (coloration normale) et les anémies hypochromes (mal ou peu coloré).

«Dans la démarche diagnostique, la détermination de chaque type d’anémie est une étape importante, car il y a des causes communes à chaque type. Par exemple, pour les anémies microcytaires, la carence en fer (perte de fer) est une cause fréquente, de même que les hémoglobinopathies (maladie de l’hémoglobine) comme la drépanocytose, les thalassémies, etc.», précise le toubib avant de dire que les causes macrocytaires sont surtout les carences en vitamines B12, B9, l’alcoolisme etc… Quant aux anémies normocytaires, il y a les anémies hémolytiques (les cassures de globule rouge), les maladies rénales ou les maladies de la thyroïde.

L’hématologue révèle que la démarche pour faire le diagnostic va aussi associer les signes cliniques. Il faut considérer deux groupes de signes. Les symptômes communs à toutes les anémies est la pâleur (décoloration) des conjonctives (muqueuse sous les yeux, les paumes des mains et les pieds) et l’asthénie.

Parmi les signes spécifiques, il y a l’envie de manger de la terre qui est spécifique d’une carence en fer. Les signes neurologiques qui peuvent aller du simple aux plus compliqués, sont fréquemment associés aux carences en vitamine B12. Il peut s’agir de vertiges, de céphalées (maux de tête), de neuropathies périphériques comme les fourmillements des extrémités, les troubles du comportement qui peuvent conduire certains malades en psychiatrie, le syndrome de la queue de cheval (une affection neurologique) que l’on retrouvera en consultation de neurologie ou neurochirurgicale.

Les ictères (coloration jaune verdâtre des conjonctives) sont associés à l’anémie hémolytique. Il peut être accompagné d’une décoloration de la couleur des urines qui deviennent plus foncées (chocolat).

Par contre, certaines anémies peuvent faire l’exception à cette classification, d’où la nécessité de se référer à un spécialiste de la maladie du sang. Par exemple, l’anémie due à une carence en fer peut être normocytaire au début comme certaines carences en vitamine B12 peuvent se manifester sous forme d’anémie normocytaire, voire même macrcoytaire.

«On ne peut pas dire qu’il y a une anémie tant qu’on n’a pas mis en évidence une diminution du taux d’hémoglobine attestée par la biologie», indique le professeur. En plus, la recherche des causes est souvent orientée par les données de la clinique et de l’hémogramme (qui est une évaluation quantitative et qualitative des éléments du sang, appelés cellules sanguines).

Les complications liées à une baisse excessive du taux d’hémoglobine sont surtout l’aggravation de l’asthénie (fatigue générale), la dyspnée (difficulté respiratoire), accélération de la fréquence cardiaque, etc… qui vont exiger une transfusion en urgence. Dans les formes chroniques comme les anémies ferriprives, elle peut se compliquer d’une insuffisance cardiaque ou les infections à répétitions et une baisse des performances intellectuelles ou cognitives.

Pour le traitement, ily a deux volets. Dans l’urgence, il faut chercher à maintenir le malade en vie à travers une transfusion de concentrés de globules rouges et non du sang total comme cela se voit encore dans certaines structures malheureusement même spécialisées. Sur ce point, Pr Diallo insistera sur le fait que la transfusion est un acte médical qui est conditionné à l’état clinique du patient et à la nature de l’anémie.

Autrement dit, on transfuse un patient qui manifeste des signes de décompensation d’une anémie et non pas forcément parce qu’il a un taux d’hémoglobine inférieur à la normale. La transfusion ne doit pas être systématique dans ce cas parce qu’elle peut contribuer à aggraver le tableau clinique chez certains patients (surtout dans les cas d’anémie hémolytique). D’autre part, il faut chercher à identifier et traiter la cause. «C’est là où, le rôle du spécialiste est fondamental», confie Pr Diallo.

Pour cela, il tient à dire à la population que les anémies ne sont pas toutes pareilles et ne se traitent pas de la même façon, d’où l’importance de ne pas négliger les signes. à ses confrères, il dit que le fer n’est pas un traitement systématique de l’anémie. Il prétend que le fer peut être parfois délétère s’il n’est pas établi qu’il y a une carence en fer encore anémie ferriprive. C’est pourquoi, il est toujours bon de chercher la cause d’où l’importance de renforcer le dialogue interprofessionnel.

Fatoumata NAPHO

Source : L’ESSOR

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