Artiste-rappeuse malienne, Aminata Daniokodite Ami Yèrèwolo s’est confiée à nous dans le cadre de la journée internationale de la femme à travers une interview qu’elle nous a accordée. Lisez plutôt.
Le Tjikan : Que symbolise la célébration du 08 mars pour vous ?
Amy Yèrèwolo : La célébration du 08 mars est la célébration de la femme. Il s’agit de montrer aux gens ce que la femme représente dans nos sociétés, dans nos familles, dans nos foyers. Cela symbolise beaucoup de choses pour la femme et toutes les femmes doivent célébrer cette journée.
Le thème de cette année est « la femme, médiatrice pour la reconstruction de la cohésion sociale dans l’espace du G5 Sahel ». Que pensez-vous de ce thème ?
Moi je pense que la femme a toujours représenté cela. Aussi, sans la femme, il y’aura pas de famille. Quand il y’a la guerre dans un pays, ce sont les femmes qui apaisent les cœurs et je pense que c’est une bonne chose de choisir ce thème. C’est juste pour rendre hommage aux femmes, de montrer leur importance dans le développement d’un pays.
En tant que femme musicienne-rappeuse, comment contribuez-vous à la promotion de la femme à travers votre genre musical ?
Pour moi, tout être humain est sur terre pour une cause. Moi-même je ne savais pas que j’allais être musicienne. Si aujourd’hui j’ai la chance d’avoir le micro,c’est pour dire aux gens d’arrêter avec les discriminations. Car ce qu’un homme peut faire, une femme peut aussi le faire. C’est juste une question de talent.
Au Mali, la violence faite aux femmes prend de plus en plus de l’ampleur, qu’en pensez-vous ?
Pour s’attaquer à ce problème, il faut revenir en arrière. Je pense que c’est dû à l’éducation, sinon un homme qui connait la valeur de sa maman, de ses sœurs, ne se permettra pas de faire du mal à sa femme et à la femme d’un autre homme. Je pense que c’est lâche de s’attaquer à quelqu’un de faible comme la femme.
Selon vous, quelle est la place de la femme ? Au foyer, au bureau…?
Ce n’est écrit sur le front de personne de rester dans un bureau, sur le terrain ou dans un foyer. C’est juste un choix. Si une femme a des diplômes nécessaires, pourquoi l’empêcher de travailler. Nous avons dépassé ce genre de considérations. Nous sommes au 21ème siècle et il faut que cela cesse. Nous avons vu que la femme contribue beaucoup au développement. Une femme qui passe toute la journée enfermée dans une chambre, qui n’apprend rien, qui ne va pas à l’école ne saura jamais ce qui se passe dans son pays. Moi je pense qu’il faut ouvrir les portes aux femmes, qu’elles puissent s’exprimer et ainsi nous allons avancer.
Vous êtes arrivée 2èmeau prix découverte RFI 2017, comptez-vous vous battre encore pour remporter ce prix ?
Dans ma tête, je l’ai déjà remporté. Quand je suis venue officiellement en 2010 dans le HIP HOP, on était une dizaine de rappeuses mais malheureusement, elles ont toutes lâché. Certaines ont été obligées par la famille, par leurs maris qui n’acceptaient pas qu’elles continuent à le faire. Moi j’ai pu me battre,j’ai pu avoir beaucoup de projets et je suis aujourd’hui connue dans pas mal de pays dans la sous-région et au Mali. Donc, c’est une fierté pour moi parce que ce prix est l’un des plus grands concours en Afrique. Voir une rappeuse malienne être 2ème de ce grand prix, je pense que j’ai gagné en tant que femme. Je veux aller de l’avant, je ne vais plus tenter de faire ce concours mais plutôt dépasser ce stade. Mon objectif est de faire quelque chose de plus grand que cela.
Avez-vous des projets ?
Mes projets sont nombreux. On a créé un groupe avec Pamela Badjogo du Gabon, Doussou Bagayogo, Sira Kouyaté dénommé« Moussoya YeKoba Ye » avec nos partenaires qui sont ONU Femmes et l’Ambassade du Canada pour montrer que la femme vaut beaucoup. Notre objectif est de montrer à travers l’art, le rôle de la femme, son importance et surtout ce que la femme supporte au quotidien. On a fait un premier lancement avec des expositions photos et en 2018, nous avons d’autres projets.
Je suis également l’ambassadrice de « Aucun Enfant Oublié » de Save the Children qui est une organisation qui se bat pour les droits des enfants. Je viens de les accompagner pour une tournée pour dire que le mariage n’est pas un jeu d’enfants. Cela rentre dans le cadre de la lutte contre les mariages précoces. On a d’autres projets pour soutenir les droits des enfants. Je me bats contre les violences faites aux femmes mais aussi pour les droits des enfants.
Fatoumata Fofana
Tjikan