« Ici à Tiémaba, le seul problème que nous demeurons confrontés est celui du djihadisme. Nous ne vivons que de l’agriculture, mais cela fait quasiment plus de deux(2) ans que nous n’arrivons pas à vivre de notre travail », explique Amidou Fané, chef de chasseurs à Tiémaba, le village situé à 6 ou 7 kilomètres de Niono, dans la région de Ségou. Sans aucunement se voiler la face, le leader des chasseurs affirme que tout le monde se cherche actuellement, à cause de la domination djihadiste. « En 2020, nous avons pu cultiver dans nos champs. Au moment où nous nous préparions pour la moisson, les djihadistes sont venus nous interdire tout accès à nos champs. Croyant que l’Etat allait pouvoir trouver de solution, nous avons décidé de ne pas aller aux champs, avant qu’un compromis soit trouvé. Les djihadistes ont amené des bœufs qui ont bouffé tout ce que nous avions cultivé comme mil, arachide et autres », rapporte le chasseur de renom. Environs, plus d’une cinquantaine de familles vivent dans ce village laissé pour compte, suivant ses révélations. Notre interlocuteur explique qu’ils parviennent à vivre grâce aux dons que l’Etat leur envoie, de même que les petits gestes qui leurs sont fournis par des connaissances et parents des villages voisins. L’un des problèmes de ce village a, explique-t-il, est le fait que la localité n’a pas voulu signer un accord avec les djihadistes présents. « Nous n’avons pas accepté la signature d’un quelconque accord avec ces djihadistes. Ces derniers ont signé des accords avec certains villages que nous connaissons. En 2021, ils sont venus à bord de six(6) véhicules contre notre village. Le nombre de ceux qui étaient à pieds équivalait à une centaine de personnes. Les djihadistes ont précisé qu’ils étaient venus pour détruire notre village », rapporte le grand chasseur. Par la grâce de Dieu, les habitants ont pu résister, et le village de Tiémaba existe jusqu’à présent, s’est-il réjoui. Du début de la tragique histoire à maintenant, le nombre de personnes tuées à Tiémaba a atteint une dizaine, témoigne le vaillant chasseur. Des chasseurs venus d’autres villages pour seconder Tiémaba à bouter les ennemis hors du village ont également perdu la vie, déplore le chasseur qui prie pour le repos éternel de leur âme. À croire le chef des combattants ‘’dozo’’, les djihadistes évoluant à Tiémaba et environs comportent non seulement des étrangers, mais des villageois qui leur aident dans leurs combines. Aussi, a-t-il renchéri, les djihadistes n’ont pas expliqué aux habitants ce qu’ils veulent concrètement. « Peut-être qu’ils veulent avoir une main mise sur tout le Mali ou le cercle de Niono. Cela fait des années que les enfants du village ne partent plus à l’école. Les enseignants refusent de venir travailler sous prétexte que les djihadistes vivent dans la zone », regrette le vieux Fané. Le défenseur du village exprime que des bombes ont été même placées sur des routes par des terroristes, avec l’intention d’attenter à la vie des habitants. « Nous avons été sauvés par la grâce de Dieu », a-t-il confié, ajoutant : « Seul notre village compte pour nous. Courant l’année 2021 qui vient de se terminer, aucun habitant n’a pu cultiver. Les gens doivent savoir que nous n’avons pas pris les armes par plaisir, mais pour notre survie. Les autorités et les militaires doivent aussi comprendre cela en nous aidant dans notre travail ».
Mamadou Diarra
Source: Le Pays- Mali