Qu’est-ce qui empêche réellement la tenue d’un procès tant réclamé par les deux parties en conflit ? Seul le régime IBK pourra répondre à cette question embarrassante qui taraude les esprits au Mali comme à l’étranger. De toute façon, en jouant avec le feu, pardon avec une patate fumante, on risque de se brûler les doigts car une fin d’année tumultueuse s’annonce déjà avec ce dossier qui mobilise les femmes et parents des mis en cause, les organisations de défense des droits de l’Homme, la partie civile, bref tout le monde y compris l’opinion nationale et internationale, sauf certainement le pouvoir actuel, uniquement préoccupé par une réélection moins probable du châtelain de Sébénicoro.
C’est en principe demain vendredi, dans la matinée, que les épouses et parents des militaires détenus sans jugement dans l’affaire des 21 Bérets rouges disparus battront le pavé. Ils veulent se faire entendre haut et fort et attirer aussi l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la situation que vivent les mis en cause dans la disparition de 21 Bérets rouges.
En termes plus précis, c’est pour demander la tenue d’un procès ou la libération de leurs époux et parents militaires enfermés depuis plus de 3 ans maintenant sans jugement. Ils sont 17 militaires poursuivis dont trois mis sous contrôle judiciaire, 14 étant donc embastillés et le gros lot se trouve dans les cellules du Camp I de la Gendarmerie de Bamako qui retient de nos jours toutes les attentions.
En effet, pour réclamer la tenue immédiate d’un procès ou leur libération, ces détenus qui se considèrent comme des otages pour avoir été en détention au-delà du délai légal prévu par la loi en matière criminelle, c’est-à-dire trois ans, ont renoncé à une grève de la faim suite à l’intervention des chefs religieux qui les en avaient dissuadés en promettant de s’impliquer pour faire avancer leur dossier.
Mais après près de deux semaines d’attente sans avoir aucun retour d’information, ils ont certainement compris qu’il vaut maintenir la pression sur le pouvoir chancelant que d’attendre quoi que ce soit des mollahs. Raison pour laquelle, ils ont écrit au directeur de la gendarmerie nationale pour lui faire part de leur décision de sortir le 22 décembre à 16 heures. Ils ont été bien précis et reste maintenant à savoir comment ils y parviendront, surtout qu’ils précisent le faire « sans violence ni ruse ».
Rappelons que deux détenus ont rendu l’âme. Il s’agit du Capitaine Amanzogo Dolo et du commissaire Siriman Fané.
Mais en attendant, de leur côté, les femmes et parents des militaires détenus maintiennent la pression et la marche de ce vendredi procède de cette stratégie de harcèlement du pouvoir pour l’obliger à tenir le procès ou les faire libérer. Mais peut-on, à l’heure actuelle rebrousser chemin du côté de l’accusation, avec cette horde d’avocats de la partie civile qui veillent au grain pour que justice soit rendue aux victimes ? Eh bien non ! La vérité doit éclater au grand jour à travers un procès qui est du reste déjà ouvert.
En effet, réclamer la tenue d’un procès relève de la redondance car le procès est déjà ouvert. S’il a été reporté, c’est à la demande des avocats de la défense qui ont récusé l’expertise figurant dans le dossier et sur la base de laquelle la Cour d’assises allait statuer.
Attendre des résultats d’expertise qui se font à l’étranger est donc un bon argument pour le pouvoir et de faire trainer la procédure parce que, quelque part, il n’est pas souhaitable de voir ce procès se transformer en un grand déballage avant l’élection présidentielle de 2018.
Les avocats de Sanogo et consorts ont aussi beau jeu d’user de tous les moyens de droit pour extraire leurs clients d’une procédure dans laquelle les relents politiques empestent à mille lieues. Il faut alors reconnaître que demander le renvoi du procès et évoquer ensuite faire du délai de détention un cheval de bataille est une stratégie bien réfléchie de la part des avocats de la défense qui met la justice devant ses responsabilités.
De toute façon face aux intéressés qui pensent qu’ils doivent purement et simplement être libérés en attendant la tenue du procès, se fondant sur les dispositions du code pénal qui prévoit qu’en matière criminelle le délai de détention provisoire ne peut excéder trois ans, d’autres pensent qu’on est déjà dans le procès, depuis qu’il a été ouvert. Par conséquent, s’il y a doute sur la possibilité de voir se présenter les mis en cause à l’audience – car on a eu beaucoup de problèmes pour appréhender la plupart d’entre eux- la justice a recours à la prise de corps.
Mais un expert du droit pénal de préciser que quelle que soit la situation, le délai de détention préventive ne peut excéder trois ans. Selon lui donc, logiquement, les militaires embastillés doivent recouvrer la liberté.
Un autre spécialiste du droit de rappeler que la justice a la possibilité de maintenir un détenu en prison avant son jugement pour préserver sa vie ou pour maintenir la paix sociale. Est-ce le cas dans cette affaire ? Nous donnons notre langue au chat.
On se retrouve alors devant une situation inédite que le président IBK devra gérer car les menaces des militaires détenus sont de plus en plus sérieuses et il faut savoir décrypter tous les messages codés derrière l’encre de leurs deux correspondances adressées respectivement au ministre de la Justice et récemment au directeur de la gendarmerie nationale apostrophé en ces termes : « Dans votre fonction de directeur général de la Gendarmerie nationale, de surcroît magistrat militaire, vous êtes censé être un cadre averti, expérimenté, juste qui a une assise intellectuelle pour analyser les tenants et les aboutissants d’un problème posé. N’acceptez plus de confisquer nos libertés en nous gardant comme des otages »
Pour taper sur la conscience du gendarme en chef du Mali, les détenus attirent son attention que « Des autorités, des personnes fussent-elles ministres, magistrats du parquet ou magistrats d’instruction, de la police politicienne vous abandonneront quand il s’agira de situer les responsabilités ou de se défendre en justice ».
Dans tous les cas, le 22 décembre, date avancée par les détenus pour sortir de leurs cellules à 16 heures, c’est le vendredi prochain. Tout le monde attend de voir ce qui va se passer, sauf évidemment Koulouba et Sébénicoro où on s’agite de façon désordonnée pour savoir ce qu’il faut vraiment faire de ce dossier devenu une patate fumante entre les mains de Ladji Bourama.
N.S
Source: lesphinxmali