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Allocution d’Ibrahim Boubacar Keita à la 69è Assemblée générale des Nations Unies

Voici l’intégralité du discours de son excellence Ibrahim Boubacar Keita à la tribune des Nations Unies en marge de la 69è Assemblée Générale à New York.

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Monsieur le Président,

Les crises politiques et sécuritaires survenues au Mali en 2012 ont mis en évidence les défis complexes et multiples auxquels font face tous les pays du Sahel, en matière de sécurité, de gouvernance, de protection des droits de l’homme et de développement.

Ces défis requièrent une action concertée et diligente de la communauté internationale. Ils doivent faire l’objet d’un traitement global et de mécanismes spécifiques.

A cet égard, je me réjouis de l’adoption de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel qui propose une approche globale et cohérente visant à trouver des solutions durables aux menaces et autres défis qui assaillent le Sahel.

La première réunion ministérielle pour « l’établissement d’une plateforme de coordination de la Stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel », tenue à Bamako le 5 novembre 2013, participe de cette dynamique.

A l’issue de cette réunion, les Ministres en charge des Affaires étrangères des pays du Sahel ont convenu de se réunir tous les six mois avec une présidente biennale tournante qui a été confiée, pour les deux premières années, à mon pays, le Mali.

Dans cette perspective, une deuxième rencontre tenue également à Bamako, le 16 mai 2014, a abouti à l’adoption de la feuille de route de la présidence malienne axée notamment, sur la coordination des efforts des partenaires et l’appropriation, aux plans national et régional, des différentes initiatives et stratégies sur le Sahel;

Je ne saurais clore ce chapitre sans remercier les partenaires bilatéraux, multilatéraux et les institutions financières engagés à soutenir la mise en œuvre des projets et programmes ciblés dans le cadre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

Nos remerciements s’adressent également à l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour le Sahel, Madame Hiroute Guebré SELASSIE et à M. Romano PRODI pour leur dévouement et leur engagement.

Monsieur le Président,
Le Mali demeure fermement attaché aux idéaux de paix et de stabilité aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.

C’est pourquoi, je me félicite des progrès enregistrés sur la voie de la reconstruction et de la réconciliation nationales en Guinée Bissau. La bonne tenue des élections présidentielles et législatives, consacrent, ainsi, le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans ce pays frère.

S’agissant de la République centrafricaine, le Mali est profondément préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire et exprime son soutien à la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) dont le déploiement rapide, nous l’espérons, permettra de mettre fin à l’escalade de la violence et de protéger les populations civiles dans ce pays.

Au Moyen-Orient, nous suivons avec une vive inquiétude l’évolution de la situation en Syrie, au Liban et en Irak où les offensives du groupe terroriste de l’État islamique en Irak et au Levant mettent en péril l’unité et la souveraineté de ce pays, ainsi que la stabilité de toute la région.

Au peuple palestinien, nous exprimons notre solidarité agissante et continuons à œuvrer, pour l’application des résolutions pertinentes des Nations Unies.

Monsieur le Président,
Le Mali demeure résolument engagé dans la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre et pour l’élimination du commerce illicite de ces armes. Pour être efficace, cette lutte doit être menée en synergie. Le cadre de la concertation et de la coopération aux niveaux régional et international offre une telle opportunité.

De même, le Gouvernement du Mali déplore l’érosion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement, en particulier, la paralysie prolongée dont souffre la Commission de désarmement. Toutefois, il convient de saluer l’adoption par l’Assemblée générale, le 2 avril 2013, du Traité sur le commerce des armes, car elle représente une avancée réelle.

Monsieur le Président,
Nous notons que les négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité se poursuivent depuis deux décennies déjà. Les principaux enjeux semblent être : la catégorisation de l’appartenance, la question du droit de veto, la représentation régionale, l’élargissement du nombre des membres et des méthodes de travail du Conseil, ainsi que les relations de ce dernier avec l’Assemblée générale.

Tous les Etats membres nous semblent, à présent, convaincus de la nécessité, d’une réforme du cadre institutionnel de l’ONU en vue de renforcer sa légitimité et de garantir son efficacité. Par contre, aucune avancée notable n’a été enregistrée dans le cas précis du Conseil de sécurité, nonobstant les appels maintes fois réitérés à cette même tribune et les multiples réunions consacrées à la question.

L’Afrique, malgré ses 53 Etats membres sur les 193 que compte l’ONU, reste à ce jour, le seul continent à ne pas disposer de siège permanent au Conseil de sécurité. Cette situation jure d’avec les valeurs d’égalité et de justice qui sont des idéaux prônés par notre Organisation.

L’Afrique a dégagé et soumis une position commune qui a été arrêtée à Ezulwini, réaffirmée à Syrte, puis à plusieurs autres sommets. Cette proposition, une solution juste et réaliste, plaide pour l’octroi au continent africain de deux (2) sièges permanents avec droit de veto et de cinq (5) autres sièges non permanents.

Le Conseil, ainsi réformé, reflétera mieux les réalités géopolitiques du monde actuel et réparera l’injustice historique faite à l’Afrique.

Monsieur le Président,

Je voudrais, pour conclure, rappeler que dans ce haut lieu des Nations Unies, nous sommes tous rassemblés, au nom d’un idéal et d’une conscience universelle de paix, de justice et de liberté. Des millions de personnes dans le monde ont placé leur espoir en l’ONU pour la paix, la sécurité, le développement et la solidarité internationale. Nous n’avons pas le droit de les décevoir.

En tant que communauté des nations, nous avons l’obligation et les moyens d’y parvenir par une prise de conscience collective et la sauvegarde de nos valeurs communes. C’est à ce seul prix que nous serions à même de garantir aux générations futures un développement durable qui les préserverait du fléau de la guerre et de la misère.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Présidence

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