Le Comité Directeur de l’Alliance pour la Démocratie au Mali (A.DE.MA-Association), à la suite des réflexions menées sur les stratégies de sortie de crise en collaboration avec le CNID- Association et le Cercle de réflexions des retraités, a initié des rencontres avec les acteurs de la vie publique (acteurs politiques, société civile y compris ses composantes religieuse et syndicale) aux fins de partager avec eux, ses propositions de sortie de crise. L’objectif étant de définir ensemble la stratégie de sortie de crise, et de convenir en synergie des modalités d’aller au dialogue national inclusif annoncé par le gouvernement. Ces rencontres se sont déroulées du 23 Mai au 14 Juin 2019.
La présente synthèse fait le point des rencontres avec les acteurs suivants :
Les partis politiques.
- Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence (FARE AN KA WULI),
- Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS-FASO HERE).
Les regroupements politiques.
- Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD),
- Coalition des Forces Patriotiques (COFOP).
Au niveau de la société civile.
- Forum des Organisations de la Société Civile (FOSC),
- Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM),
- Association des Groupements et Missions Protestantes Evangéliques au Mali (AGEMPEM).
La réaction des autres organisations suivantes sollicitées et attendue.
- Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM),
- Conseil National de la Société Civile (CNSC),
- Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM),
- Coordination des Chefs de quartiers de Bamako,
- Familles fondatrices de Bamako.
Toutes les organisations rencontrées ont salué l’initiative et affirmé leur volonté de mener des actions communes autour des objectifs bien précis.
Elles ont pour la plupart insisté sur l’urgente nécessité pour les forces vives d’agir ensemble. Elles ont noté d’importants points de convergences entre leur structure et plusieurs acteurs de la vie sociopolitique avec lesquels elles ont respectivement discuté.
Elles ont rappelé que l’évolution de la situation sociopolitique et sécuritaire s’est détériorée, conduisant à la démission du gouvernement suite à une très forte pression, ce qui ouvrait l’espoir de l’ouverture d’un dialogue politique national inclusif où les Maliens devraient décider ensemble des réformes nécessaires à la refondation de notre Etat.
Toutes ont exprimé leur détermination à agir face à la forte dégradation de la situation. Aucun acteur ne doit baisser les bras.
Elles ont rappelé leur attachement permanent à une solution politique basée sur le principe cardinal d’appropriation nationale du processus de sortie de crise.
Hélas, aujourd’hui, force est de constater que la signature de l’Accord politique de gouvernance et la constitution d’un gouvernement dit de mission, ont conduit à une dispersion des forces en lieu et place d’un bloc solide qui devrait réunir tous les acteurs de la vie publique.
Les questions centrales lors de toutes les rencontres étaient :
- Que faire ?
- Quelles actions communes mener et comment organiser la résistance face au projet de dislocation de notre pays ?
Les échanges ont porté essentiellement sur :
- Le dialogue national inclusif.
Le constat est que la quasi-totalité des acteurs sociopolitiques sont d’accord pour la tenue d’un dialogue politique national inclusif. Le Dialogue national inclusif qui doit être le préalable à toutes les réformes institutionnelles envisagées par le gouvernement. Les débats ont porté sur l’importance de s’assurer du caractère inclusif de tout le processus du dialogue.
La crainte est qu’aujourd’hui, si le gouvernement seul élabore les TDR, définit le mode opératoire, la durée, les participants et désignent ceux qui sont chargés de la conduite du dialogue, il y a de fortes chances que le processus soit biaisé.
Il s’agit donc de ne pas laisser le gouvernement piloter seul cette assise nationale et de rejeter le dialogue national de façade, biaisé, au seul profit de la vision du gouvernement. « Se parler sans tabou des problèmes et de tous les problèmes de notre pays, et définir ensemble la Feuille de route à tenir ».
Un autre aspect important du dialogue a été discuté, c’est l’internalisation de tout le processus : les maliens peuvent, et doivent préparer et conduire leur dialogue eux-mêmes et définir leur Feuille de route. Les partenaires qui souhaitent l’accompagner dans la mise en œuvre de sa Feuille de route sont les bienvenus.
Les principales thématiques qui pourraient être au centre du Dialogue, tout en admettant le principe de « pas de sujet tabou » : Il est souhaitable qu’il porte sur l’ensemble des questions d’intérêt national, la priorité étant donné aux réformes politiques, institutionnelles et sécuritaires; la reconstruction du tissu social et la gestion des conflits intra et inter communautaires, les crises sociales récurrentes.
- La Prorogation du mandat des députés jugée inconstitutionnelle et illégitime.
Les parties ont également exprimé le souhait que ceux qui sont opposés à cette démarche du gouvernement, parmi les partis politiques, la société civile, conviennent de la façon d’agir ensemble. Elles ont constaté que le gouvernement a déjà commencé sa campagne de communication sur « le bienfondé de la révision constitutionnelle » et la nécessité de maintenir une Assemblée Nationale en vue du référendum constitutionnel avec comme principale motivation, la prise en compte de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Ce que tous les acteurs rencontrés dénoncent avec force et sont résolus à s’y opposer. Ils considèrent pour la plupart d’entre eux que cet Accord renferme les germes de la dislocation de la Nation. C’est plutôt l’Accord qu’il faut réviser pour l’adapter à la constitution et non le contraire. « Aucun pays occupé n’entreprend une révision constitutionnelle en pleine guerre, car c’est sûr que c’est l’occupant qui va dicter sa loi »
Sur la question, de nombreux acteurs politiques estiment que seule une conférence des forces politiques et sociales peut donner une légitimité à une nouvelle prorogation du mandat des députés.
L’importance du rôle des leaders religieux en tant qu’autorités morales dans la gestion des crises et la place de la religion en politique ont été abordées lors des échanges.
- Les propositions d’actions communes.
Elles sont envisagées en 2 étapes.
1ère étape : Organiser avant le 30 juin soit un meeting, une conférence de presse, ou une table ronde sur les points de convergence.
2ème étape : Mettre en place une équipe légère chargée de réfléchir et élaborer des propositions sur chaque thématique du dialogue national.
Les échanges ont également porté sur la nécessité d’un leadership accepté par tous pour la conduite des actions communes.
Toutes les actions devront s’adosser sur une bonne stratégie de communication pour gagner la bataille de l’opinion publique.
Le Comité Directeur de l’Alliance pour la Démocratie au Mali (A.DE.MA-ASSOCIATION) se félicite de la qualité des échanges et des nombreux points de convergence entre les acteurs et les remercie chaleureusement.
Après avoir fait la synthèse des échanges au cours de sa réunion ordinaire du 15 juin 2019, a décidé d’envoyer la présente note de synthèse et soumettre un projet de Déclaration commune aux acteurs politiques et sociaux. Les signataires de cette Déclaration pourraient tenir une conférence de presse dans les meilleurs délais.
- / Le Comité Directeur.
La Présidente.
Mme SY Kadiatou SOW.
Officier de l’Ordre National.
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Déclaration relative à la sécurité, au DIALOGUE NATIONAL et à la prorogation du mandat des députés.
Nous, organisations membres de la société civile, partis politiques et personnalités indépendantes ci-dessous nommés :
Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence (FARE AN KA WULI).
Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM).
Forum des Organisations de la Société Civile (FOSC).
Comité National d’Initiative Démocratique (CNID-ASSOCITION).
Alliance pour la Démocratie au Mali (A.DE.MA-ASSOCIATION).
- Convaincus que le Mali traverse actuellement la crise la plus grave, la plus profonde et la plus dangereuse de son histoire contemporaine menaçant l’existence même de la nation et du pays ;
- Constatant l’incapacité des pouvoirs publics à mettre fin à toutes les formes d’insécurité qui se généralisent, et aux affrontements meurtriers mettant en péril l’unité nationale et le vivre-ensemble multiséculaire des diverses communautés maliennes ;
Convaincus que seule une solution politique basée sur le principe d’un processus endogène de sortie de crise, est en mesure de relever les défis essentiels qui mettent en cause l’unité nationale, la cohésion sociale et le développement du pays ;
Convaincus que c’est à travers un dialogue national inclusif que les maliens pourront se parler et convenir ensemble de solutions consensuelles aux principaux défis de la nation et engager les réformes institutionnelles, politiques et sociales indispensables à notre sécurité et à notre développement ;
- Convaincus cependant que le processus de dialogue tel qu’entamé par le gouvernement et le Chef de l’Etat ne s’inscrit nullement dans le cadre d’un vrai dialogue national inclusif ;
Déclarons :
Sur la situation sécuritaire
Elle se caractérise par une dégradation continue et inadmissible, avec l’implication de milices et la prolifération d’armes de guerre qui aggravent la violence entre les communautés. Nous condamnons énergiquement l’incapacité du gouvernement à assurer la sécurité des citoyens maliens et de leurs biens et exigeons que soient prises urgemment les dispositions permettant de mettre fin à cette spirale infernale.
Sur le dialogue National inclusif
Concernant le processus et la démarche : Tout le processus et la démarche méthodologique du dialogue °national inclusif, doivent être conçus de manière participative y compris en impliquant l’ensemble des parties prenantes et non de manière unilatérale par le Chef de l’Etat et son gouvernement. On ne saurait parler de dialogue national inclusif lorsque le gouvernement et le chef de l’Etat décident de manière unilatérale de son format et de son contenu, ainsi que des personnalités devant le conduire.
Concernant les participants : Le dialogue national inclusif est un processus ascendant de la base au sommet, du local au national, qui doit être ouvert à l’ensemble des forces vives de la nation comprenant des organisations autres que les faitières d’associations, notamment les associations à caractère politique, les organisations professionnelles (telles que les Chambres de Métiers, d’Agriculture, de Commerce et d’Industrie, etc), ainsi que la Diaspora.
Concernant les sujets à débattre: L’un des principes cardinaux du dialogue national inclusif doit être de ne pas présumer des réformes institutionnelles et de considérer au contraire le dialogue national inclusif comme un préalable à toute réforme institutionnelle. Il appartient aux participants au dialogue national inclusif de convenir eux-mêmes sans contrainte ni directive quelconque, des réformes institutionnelles nécessaires, et de toutes autres préoccupations majeures des populations.
Concernant les résolutions et le suivi de leur mise en œuvre: Le dialogue national inclusif ne serait qu’un exercice de défoulement collectif, si le sort des résolutions qui en résultent était lié à la bonne volonté du Chef de l’Etat et de son gouvernement. Il est indispensable que l’ensemble des parties prenantes s’engagent à mettre en œuvre toutes les résolutions des assises du dialogue national, articulées en un Agenda du Mali et qui auront force contraignante pour le
Sur la prorogation du mandat des députés.
Les signataires rappellent que depuis le 31 décembre 2018, le mandat de la législature actuelle de l’Assemblée Nationale a expiré. Le gouvernement a procédé à une première prorogation de 6 mois expirant le 30 juin 2019 en violation flagrante de la Constitution. Malgré les nombreuses protestations, le gouvernement persiste dans la violation de la Constitution, en faisant adopter un projet de loi qui va consacrer une deuxième prorogation allant jusqu’au 02 Mai 2020, toutes choses inacceptables parce qu’illégales et illégitimes.
Au lieu de persister dans cette voie, il est impératif que s’instaure entre les acteurs de la vie publique, une concertation devant permettre de sortir de la crise institutionnelle.
Nous lançons un vibrant appel à toutes celles et tous ceux qui approuvent le contenu de cette Déclaration, à se joindre à nous en vue d’une mobilisation patriotique pour renforcer les rangs de la résistance à la partition du Mali, et engager un processus de redressement de notre pays.
Bamako le 28 juin 2019.
Ont signé :